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«Un Conseil supérieur de la révolution serait le bienvenu»
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 06 - 2011


Par Kilani BEN NASR *
En tenaille entre un pays en proie à une guerre civile à l'Est et un autre sortant à peine fatigué d'une épreuve similaire à l'Ouest, la Tunisie, dont l'Etat est menacé de disparition, doit compter maintenant et plus que jamais sur ses forces militaires. Elle serait bien inspirée de former, incessamment, un Conseil supérieur de la révolution, qui aura pour mission d'accompagner le pays et de l'aider à franchir cette étape difficile de transition démocratique jusqu'aux élections de la Constituante.
Ce n'est pas un appel à l'Armée tunisienne pour qu'elle prenne le pouvoir, cette armée est restée jusque- là un corps sain sur lequel peuvent se greffer éléments et entités engagés, qui tous ensemble protégeront l'Etat jusqu'à l'élection tôt ou tard de cette même Constituante.
Depuis le 14 janvier 2011, les Tunisiens, enfin, respirent la liberté, une liberté qui a coûté la vie à quelques centaines de jeunes braves tués dans des régions défavorisées, le changement a tellement été surprenant qu'aucune force ni de l'intérieur ni de l'extérieur n'a pu comprendre et gérer la situation conséquente.
Le 14 janvier, la terre a tremblé sous l'édifice de l'Etat tunisien, sa structure est endommagée, tout est à refaire, mais qui a le courage de le faire ?
La Tunisie ne pourra se relever de sa chute ni avec les désignations individuelles, ni avec des solutions calquées sur le passé, ni avec les prières dans les mosquées «libres». A l'heure actuelle, la Tunisie passe par la plus difficile épreuve de son histoire contemporaine: vide politique, faiblesse de l'Etat, ralentissement de l'économie, menaces extérieures, désordre social et insécurité.
L'origine du mal
En fait, c'est ce dernier fléau qui menace de saboter la paix pour très longtemps en Tunisie, car il affecte tout le territoire et toute la population; ses acteurs sont des anciens responsables politiques et sécuritaires de l'ancien régime, des bourgeois, des agents de sécurité indisciplinés et des milliers de voyous, contrebandiers ou des évadés des prisons.
Ben Ali, l'ex-président de la Tunisie, est à l'origine de la situation désastreuse actuelle; depuis qu'il était directeur général de la sécurité nationale au ministère de l'Intérieur, il ne faisait que désorienter cette institution, déboussoler son personnel et lui inculquer la haine de son peuple. En effet, il n'avait exercé aucun contrôle rigoureux sur ce ministère et sur l'emploi de ses forces de l'ordre. La formation de ces dernières, à la française ou à l'américaine, a toujours été axée sur des mécanismes d'oppression contre les manifestants en particulier et le peuple en général. Une formation sur mesure, impossible de l'appliquer dans leur pays, était réservée à la Tunisie et aux pays musulmans.
Personne ne leur avait parlé des règles d'engagement et des limites de l'emploi de la force mortelle. Tous les hauts responsables de sécurité étaient convaincus que leur mission principale consiste à assurer la défense rapprochée de Ben Ali et de sa famille ! Le mot d'ordre était : «Matez les intégristes, terrassez le peuple et soyez intransigeants avec les officiers militaires». Ben Ali savait que le peuple vivait mal et ne réagissait pas.
Cela n'empêche que le ministère de l'Intérieur est un fin connaisseur du renseignement de sécurité, et si la Tunisie garde un semblant d'équilibre, c'est grâce à des fonctionnaires de cette même administration, fidèles au poste, comme c'est le cas dans d'autres ministères. Mais ne demandons pas trop à des agents de sécurité, la police c'est la police, sa mission a toujours été politisée. D'ailleurs, un général militaire a été démis de ses fonctions par Ben Ali parce qu'il avait essayé de moderniser l'emploi des agents de sécurité en Tunisie.
Un autre jour, espérant que le processus de transition démocratique réussira en Tunisie, un travail de longue haleine est nécessaire pour rebâtir un ministère de l'Intérieur moderne auquel on ne demanderait pas de caresser les manifestants mais de s'appliquer aux nouvelles techniques et à un nouvel esprit du maintien de l'ordre, un travail simple nécessitant une bonne condition physique.
Du temps de Ben Ali, un peu moins maintenant, la corruption de certains fonctionnaires du ministère de l'Intérieur et du Développement local est l'une des causes de la pourriture sociale et de l'injustice flagrante.
Depuis le 7 novembre 1987, Ben Ali a gouverné seul la Tunisie, avec une main de fer, jusqu'au 14 janvier 2011 tard dans l'après-midi.
Il a omis d'agir énergiquement en faveur des régions nécessiteuses et a fermé l'œil sur le comportement frauduleux et mafieux de sa famille, de sa femme et ses proches, les Trabelsi.
Instaurée depuis 1987 par le régime du général Ben Ali, la voyoucratie est érigée comme une alternative aux règles de «bonne conduite» du citoyen en Tunisie.
En effet, la classe moyenne et les couches les plus pauvres ont "vomi" Ben Ali, non pas seulement à cause des Trabelsi les trafiquants ; d'ailleurs, le peuple du centre et du sud tunisiens ne les connaissait pas, étant donné qu'ils opéraient surtout sur le Grand-Tunis; le peuple a fait «dégager» Ben Ali parce qu'il n'avait pas réagi à ses revendications, n'avait pas arrêté les malfaiteurs ni jugé les responsables de la corruption: les magistrats, les mootamed «sous-préfets», les agents de la voie publique et de la circulation routière, le bakchich (pourboire et pot-de-vin) étant devenu quasi obligatoire dans les villages et sur les nœuds routiers, cette situation sévit encore!
Heureusement, les militaires ont sauvegardé leur bonne image vis-à-vis du peuple et n'ont jamais touché à son pain.
L'armée tunisienne, un corps sain
L'armée tunisienne est organisée; et si elle est en bonne posture actuellement, cela est dû au travail continu. C'est une vraie école de persévérance et d'abnégation où tout est préparé à l'avance avec minutie, rien n'est laissé au hasard et tout le personnel est gymnastiqué sur son travail, des références claires et simplifiées sont mises à sa disposition.
Ce que le peuple tunisien ignore, peut-être, c'est que les officiers supérieurs tunisiens ne sont pas de bons orateurs mais des hommes de terrain, très proches des citoyens en difficulté de Borj El Khadra à Aïn Draham, sont méthodiques, d'excellente formation et surtout disciplinés. La formation civique et patriotique donnée dans les centres d'instruction militaires est parmi les plus sérieuses en Tunisie. En outre, les contacts avec les militaires étrangers en mission de maintien de la paix ou dans le cadre de la formation ont à leur tour renforcé la cohésion des trois armées, l'esprit d'équipe et l'amour de la patrie.
Cette armée est restée populaire grâce au système de circonscription des jeunes recrues et à sa doctrine la DPG, défense populaire généralisée.
Dommage, Ben Ali a privé la petite armée tunisienne de ses meilleurs officiers en 1991, en les écartant d'une manière bestiale, c'est le minimum qu'on puisse dire.
Les militaires tunisiens étaient vraiment apolitiques, ils se réjouissaient d'une telle situation et de leur sort et faisaient leur travail toujours consciencieusement. C'est parmi les rares institutions tunisiennes où une justice relative règne. La défense du territoire et le moral des forces armées ont toujours fait partie des préoccupations majeures du commandement militaire.
La Tunisie ne peut compter que sur son peuple et son armée
… «Si tu veux la paix, prépare la guerre». L'ex-dictateur au lieu de préparer le pays à la guerre contre un assaillant étranger, il l'a préparé à la guerre civile, tous les artifices étaient en place pour mettre le pays à feu, mais son plan est tombé à l'eau grâce à la réaction habile et mesurée du peuple et de l'armée.
Si l'armée tunisienne, la société civile, le gouvernement provisoire et les partis politiques veulent attendre d'autres preuves pour se rendre compte de la gravité de la situation, ils persistent à mener la politique de l'autruche. Le peuple est le plus conscient du danger.
L'expérience a montré que le salut d'un pays vient de l'intérieur et rarement de l'extérieur.
La communauté internationale n'avait aidé ni la Somalie, ni l'Afghanistan, ni plusieurs pays africains à se remettre des guerres civiles qui les ont ravagés; on verra bien dans combien de temps et dans quelles conditions les Libyens vont retrouver la paix.
Ni l'Union européenne, ni le G8, ni l'Arabie Saoudite ni même l'Iran ne sont prêts à réfléchir sur le sort de la Tunisie mieux que ses propres fils.
Inutile de compter sur les partis politiques tunisiens; car leur seul objectif c'est le pouvoir, et la fin justifie les moyens. Depuis la fin de la dictature, ils se sont libérés, déchaînés, ils s'agitent dans tous les sens, surtout les islamistes du parti «Ennahdha».
Curieusement, ils se sont tous accordés à ne pas se mêler et à ne rien faire pour rétablir la sécurité dans le pays.
Toute tentative d'approcher les islamistes d'"Ennahda" est repoussée, ils se méfient de tous ceux qui se rasent la barbe et des esprits ouverts.
Tout ce qu'on ressent à première vue : l'inexistence du rationnel, un manque de clarté et d'organisation, leur programme est uniquement politique.
Par ailleurs, le citoyen tunisien, en tant que musulman, est sensible au discours religieux, il découvre que les partis religieux entretiennent un langage plus humain et plus simple, il aurait raison de ne plus supporter les mensonges des autres.
Selon le grand penseur tunisien Ibn Khaldoun, du 14e siècle, les Arabes sont ingouvernables et seuls la religion et un guide chevronné pourraient les rassembler…
De toute manière, les islamistes pourraient créer la surprise mais quoiqu'ils fassent, ils n'arriveront pas à faire revivre aux Tunisiens les gloires de Carthage et celles de la dynastie fatimide.
Après la révolution, il n'y a pas de doute que la Tunisie a effectué un virage de 180 degrés, plusieurs voix, étouffées au passé, se sont fait entendre.
Le but n'étant pas d'empêcher qui que ce soit de s'exprimer, ni de militer dans la légalité, mais de rappeler que le processus démocratique ne s'oppose pas aux valeurs patriotiques et que le pays nécessite un homme d'action et le préfère à mille théoriciens.
Le Conseil supérieur de la révolution proposé
Le Conseil supérieur de la révolution proposé est une mesure urgente et incontournable pour prévenir les menaces qui pèsent sur l'Etat tunisien, les raisons sont les suivantes :
- La faiblesse du gouvernement.
- La situation de désordre social et d'insécurité, devenue incontrôlable.
- La situation de guerre civile sur les frontières.
- La menace subversive.
- La situation humanitaire et sanitaire au sud-est tunisien.
- La passivité des partis politiques.
- Le nombre élevé de chômeurs et les revendications sociales croissantes.
Le Conseil supérieur de la révolution à l'égyptienne proposé est nécessaire, le modèle importe peu, le plus important c'est l'organigramme dudit conseil.
La société civile tunisienne serait la mieux préparée à prêter main-forte à l'armée et à toutes les bonnes volontés en Tunisie, la plupart des "facebookeurs" accepteraient et coopéreraient avec le conseil, pourvu qu'ils soient rassurés.
Le peuple tunisien, conscient de la dégradation de la sécurité dans le pays, soutiendra ce conseil de toute ses forces ; et même si un dispositif similaire est planifié pour pallier des situations plus critiques, il est plus prudent de mettre sur pied, dès maintenant, ce conseil qui constituera le premier dispositif juridique disposant d'un bras armé en Tunisie après la révolution. Toute attente qualifiée de sage sera l'équivalent d'abandon de son pays en danger…
Il ne faut surtout pas hésiter à sauver notre Etat menacé de disparition, oui menacé de disparition ; de mauvaises langues iront jusqu'à traiter cette idée de folie mais quand le chaos règne, ils seront les premiers à abandonner la scène.
Le conseil proposé aura toute latitude d'intervenir en tant qu'instance suprême de sécurité nationale, il sera le bras armé du gouvernement provisoire. Sur le terrain, son rôle consiste à restaurer la sécurité dans le pays, une tâche difficile nécessitant des moyens adaptés, du personnel qualifié et des infrastructures spécialisées de détention de malfaiteurs.
Le CSR , le Conseil supérieur de la révolution proposé, sera formé d'officiers des trois armées, d'officiers du ministère de l'Intérieur, de représentants de la révolution et de conseillers de tous les ministères.
Le deuxième organe d'exécution, qui est déjà constitué mais n'est pas organique, nécessite un commandement plus centralisé au niveau régional, sera réorganisé et réimplanté sur tout le territoire.
Ainsi, l'armée tunisienne aura en plus de ses missions une autre principale, celle de rétablir la sécurité dans le pays jusqu'aux élections de la Constituante.
La mission assignée au CSR sera de défendre l'Etat tunisien, rétablir la sécurité dans le pays et accompagner la transition démocratique jusqu'aux élections de la Constituante.
Un dispositif juridique le contraindra à arrêter son activité le lendemain des élections.


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