Les joueurs aghlabides, toujours convoités, ne réussissent plus comme avant. Le club compte plus sur les recrues Ce n'est un secret pour personne : la terre kairouanaise est riche en joueurs de qualité. Une terre de football qui a royalement servi les autres clubs, surtout les plus riches d'entre eux. Riches et grands car il y a bien une différence. C'est que la JSK est un grand club par son histoire, son titre de champion remporté haut la main en 1977 et par les nombreuses saisons où elle a terminé dans le peloton de tête. Un grand club oui, mais pas riche du tout. Au point d'être contraint de céder ses joyaux pour faire rentrer de l'argent. Politique ravageuse sur le plan sportif mais efficace sur le plan financier. C'est que la JSK est devenue, depuis le début des années 90 et jusqu'à nos jours, un club «exportateur par excellence». Au détriment bien sûr des performances sportives. La double relégation est un mauvais souvenir dans la mémoire de tous les Aghlabides. C'était une conséquence directe de l'exode massif des talents kairouanais vers les clubs riches. Un retour sur l'histoire : - Bargou, ailier virevoltant des années 80, passe à l'Etoile de Othmane Jenayeh qui jouait pour le maintien en 1992/1993. - Khaled Badra, discret jusqu'en 1995, passe gratuitement à l'Espérance de Slim Chiboub (avec la complicité d'un des mécènes de la JSK lié par un jeu d'intérêts avec le gendre de Zaba). Un premier match impressionnant en Coupe afro-asiatique face à une équipe thaïlandaise. Hamilton, alors entraîneur de l'Espérance, avait dit à l'époque‑: «Badra est un cadeau du ciel». La suite, vous la connaissez. Badra est certainement le joueur kairouanais qui a le plus réussi. Avec son arrogance et son emprise sur la JSK et ses dirigeants, Chiboub détourne d'autres Aghlabides tels Maher Denden, Ameur Derbal, Lotfi Rafraf, Hamdi Kasraoui (parti à l'âge des cadets grâce aux règlements de l'époque qui servaient les clubs riches) prenaient la direction du Parc B sans égaler l'éclat de Badra. A son tour, l'ESS lorgnait avec envie et voracité le cru kairouanais. Jenayeh met beaucoup d'argent pour débaucher les talents de la JSK. Okbi renforce les rangs étoilés, mais aussi Lotfi Sellami, solide défenseur, qui apporte beaucoup de solutions. Quelques années plus tard, Moëz Driss ramène un certain Amine Chermiti qui n'a pas joué le moindre match avec les seniors aghlabides. Un énorme succès sportif et… économique. Le CA, également, tire profit du réservoir aghlabide. Le grand Jamel Tayèche, déterminant dans le titre gagné en 1990, Zouheïr Dhaouadi, Lassaâd Ouertani (après un intermède au Stade Tunisien) font un tabac au Parc A. A un certain moment, les joueurs de la JSK partis ailleurs formaient une véritable sélection. Une véritable marque de fabrique. Les flops aussi… Aujourd'hui, Kairouan vit encore sur les vestiges du passé. L'état des lieux actuel? L'image est complètement différente. Il n'y a pas que les succès qui interpellent; il y a aussi les flops. Un grand nombre de joueurs, pétris de qualités, ont erré çà et là sans succès. Au contraire, cela s'est transformé en cauchemar pour eux et en une carrière court-circuitée à mi-chemin. La filière kairouanaise s'est tarie. Finie la réussite du passé, la cote des joueurs de la JSK est en baisse. Des exemples? - Helmi H'mam‑: joueur polyvalent (il évolue en défense et au milieu du terrain), parti au CA en 2006, avec l'espoir de réussir une bonne carrière. Grillé au soleil du Parc A, mis à l'écart — à tort — par Ben Chikha, puis par Lechantre, H'mam finit par verser dans la nonchalance. Il quitte le CA après 5 années perdues. Celui qui va le recruter ne payera pas le moindre sou. - Hamza Tlili : Révélation de la sélection cadets qui fait le mondial 2004 en Corée, passe à l'EST. Il n'aura pas été un second Badra. Relégué en espoirs, a-t-il été une victime du syndrome du Parc B? En tout cas, quatre ans sans réussir à prendre une place dans la défense «sang et or». - Hamza Sellami : Milieu explosif et doué, il passe à côté du sujet. Au CSS, au ST et tout récemment à l'USM, ce joueur n'a pas eu de réussite. Son tempérament peut expliquer ce flop. Mais il n'y a pas eu que ceux-ci, Sabri Lounis (CA), Nader Gharbi (CSS), Ali Roussi, Azmi Saânouni, Maher Mansari (défenseur tant adulé il y a quelques années), Mouannid Methnani (ESS), Karim Turki, Wajdi Doraï (joueur fragile), Ahmed H'lali (passage raté au CSS)... voilà, entre autres, des noms qui auraient pu gérer autrement leurs parcours. Ils n'ont pas réussi. Explication? ça va de la mauvaise intégration à l'indiscipline, en passant par l'hostilité de l'entourage, les choix injustifiés de certains entraîneurs et «l'inconscience» de certains d'entre eux qui ont tout fait pour gâcher leurs parcours. Regardez la formation type de la JSK de cette saison. Mounbain, Ben Hassine, Jabeur, Kasdaoui, Echeikh, Youssefi, Mamadou, Ouerghemmi. Voilà ce qu'il en est de la JSK d'aujourd'hui. Un centre de formation défaillant où les pratiques ne sont pas toujours transparentes. Troudi, Mallat, Yaâkoubi et Nour Hamdi, autant de talents qui peuvent redonner à la JSK son éclat d'antan, sa vocation de toujours. A moins que l'on ne décide de les céder au premier venu...