Ses premiers pas dans le domaine du documentaire, la Belge Anne Closset, les réalise ici, en Tunisie. En 2002, elle accompagne la gestation de la pièce Joûnoûn de Fadhel Jaibi et tourne Parle. Un travail, un exercice d'école, croit-on savoir, déjà projeté sur nos écrans et qui réussit à transmettre toute la force tragique et l'infinie souffrance des corps et des âmes du théâtre de Familia Production. Le public a pu voir à la maison de la culture Ibn-Rachiq, dans le cadre de Doc à Tunis, son tout dernier film, Extérieur Rue, qui prend sa source dans son propre quartier à Bruxelles. Il a été conçu, a-t-elle déclaré, avec les habitants (la réalisatrice était présente dans la salle). Ce documentaire se veut un écho à leur envie de respecter un processus collectif où chaque intervenant devient co-auteur, Anne Closset parle des gens qui rêvent d'une autre façon de vivre ensemble. La poésie naît de là. De la cité utopique, humaine et écologique à laquelle ils aspirent et qu'ils discutent en long et en large. Une cité où on fermerait chaque jour une rue à la circulation pour y laisser les enfants jouer, libres et en sécurité. Une cité dont on déterrerait le béton de quelques trottoirs pour y planter un potager. Une cité où les habitants pourraient piqueniquer en pleine rue pour mieux vivre ensemble, se connaître et éviter l'esprit d'enfermement qui cloisonne les uns et les autres, chacun chez soi… Avec humour et sincérité, Anne Closset raconte le quotidien ordinaire d'une rue multi-ethnique (la rue Vandeweyer) : les échanges polis, les tensions autour de places de parking, les tentatives avortées de l'artiste du quartier pour introduire un brin d'esthétique dans la ville, les jeux des gosses, la violence continue des jeunes beurs. Il pleut, il neige, il vente…les saisons défilent. Le quartier évolue vers plus de magie…Le spectateur accroche et s'attache aux personnages et à leur souci d'une vie et d'une ville meilleures. Une métaphore sur le temps qui passe délicatement interprétée par la caméra d'Anne Closset. Le film ne dure que trente minutes. On aurait voulu connaître la suite de cette histoire qui mêle fiction et réalité dans un jeu très subtil…