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Révolution et droits de citoyenneté
Opinions


Par Abderrazak Ben AMAR*
Nous devons reconnaître qu'on croyait que le peuple tunisien, dans sa quasi-totalité, ignorait ou négligeait ses droits à l'exercice de la citoyenneté, ce qui aurait permis aux anciens gouvernants de marginaliser ces droits et de les bafouer.
Cependant, la révolution du 14 janvier était une occasion pour contredire cette première constatation puisqu'on a assisté à l'émergence d'une jeunesse assoiffée de démocratie et qui répudiait toute forme d'injustice. Elle exigeait la récupération de la dignité comme valeur capitale pour une vie honorable. Le peuple tunisien a défié le dictateur et a exprimé à l'unisson qu'il refusait la résignation à la fatalité et a renvendiqué son droit aux choix de la gestion politique de son pays.
Donc les partis politiques et la société civile devraient puiser dans ces renvendications avant d'élaborer leur agenda politique. Il faudrait généraliser cette conscience manifestée lors de la révolution, en dispensant à ceux qui en auraient encore besoin le savoir et la formation politiques nécessaires.
Notre peuple mérite d'être bien encadré, bien écouté et respecté; c'est ainsi que l'on saura tirer les leçons du passé. Notre mémoire pourra nous faire ressusciter les malheureux épisodes des deux gouvernements de Bourguiba et du despote déchu.
Pour ce qui est de Bourguiba, on peut dire que malgré sa culture politique et sa connaissance des régimes républicains, il a dès le début fermé la porte de la démocratie aux Tunisiens. Il est vrai qu'il a toujours su mettre en exergue ses propres qualités dans ses interminables discours, seulement il n'a pas pu être capable de croire que le Tunisien méritait réellement le droit à la citoyenneté. Pourtant l'indépendance de la Tunisie était une opportunité qu'il fallait saisir pour apprendre aux Tunisiens à se responsabiliser dans la gestion politique de leur pays qu'ils venaient de libérer du joug de la colonisation française. Mais englouti dans son narcissisme maladif, il croyait que c'était déjà trop pour qu'un tel Bourguiba soit le président de cette «poussière d'individus». Il croyait que le peuple était en rupture d'éducation et civilisation par rapport à lui, et il s'arrogeait ainsi le droit de se comporter comme un monarque.
Tout au long de son règne, la République, qui a été en panne d'assises républicaines, allait souffrir de l'absence de liberté d'expression, de pluralisme politique, de réel droit de vote. D'ailleurs n'a-t-on pas lu sur l'une des banderoles des années 70 ceci : «Pas d'abstentionnisme, pas de rature. C'est lui (Bourguiba), le chef de la lutte; c'est lui le garant de la réussite»
L'on relève donc une volonté manifeste d'intimidation et un appel aux citoyens à se désister de leur droit d'élire librement. Résultat : Bourguiba est proclamé en fin de compte président à vie.
Il a donc sapé toutes les tentatives du droit à la liberté de l'action politique et opprimé toute opposition d'où qu'elle vienne même celle exprimée par ses anciens compagnons de route qui ont fini par se ranger du côté de l'ouverture politique.
Bourguiba a usé de tous les moyens pour réprimer ces mouvements d'opposition. Il est vrai qu'il a parfois traité certains cas avec paternalisme mais il n'a pas non plus reculé pour infliger à ceux qui n'étaient pas d'accord avec lui les durs sévices de l'emprisonnement et de la torture.
Ensuite vint le deuxième épisode : celui du dictateur déchu qui, en prenant le pouvoir en novembre 1987, a leurré le peuple en promettant qu'il allait réparer les erreurs de son prédécesseur et en déclarant qu'il n'y aurait plus de présidence à vie, qu'il allait instituer la liberté politique et de presse et que son choix pour la démocratie était irréversible. Mais les années passent et il se trahit en créant l'une des polices politiques les plus redoutables des régimes dictatoriaux. L'étau se resserre de plus en plus sur la vie politique et l'on assiste à la naissance même d'une vile culture délatrice.
Des bandes de manipulateurs et de manipulés prolifèrent, surtout à l'occasion des soi-disant élections législatives et présidentielles et qui n'étaient en réalité qu'une mascarade. De hauts reponsables du RCD se sont spécialisés dans l'avilissement de l'une des pratiques démocratiques à savoir les élections libres.
N'a-t-on pas inscrit sur des listes de votants des noms de personnes décédées et n'a-t-on pas payé d'autres pour voter à leur place. Et puis on se permettait de s'enogueillir d'atteindre des taux dépassant les 90%.
D'autre part, le dictateur ne s'était-il pas entouré de vils et opportunistes juristes qu'il a mis à sa solde pour commettre les pires dépassements juridiques d'abrogation des lois et de la révision constitutionnelle de 2002?
Sur le plan politico-médiatique, on n'oublie jamais ces artisans du fictif qui se sont finalement trouvés dans une schizophrénie collective en auréolant le tyran de qualités et de vertus divines. Ces professionnels de l'hypocrisie et du mensonge ont voulu créer par là un personnage illusoire opposé à sa réalité d'inculte puisqu'il était effectivement en rupture par rapport à son peuple. Ce peuple qui l'a courageusement délogé le 14 janvier 2011. Oui de sa réalité de dictateur, de cruel, de sanguinaire, d'avide de pouvoir et de richesses, de cleptomane ; on le présentait comme «érudit, perspicace, démocrate, humain, généreux ». Bref, comme « l'homme providentiel qui a sauvé la Tunisie de l'abîme le 7 novembre 1987». Ces propos débités d'un registre creux et sans teneur visaient à véhiculer la perpétuation de son régne. C'est comme si les Tunisiens, pour congratuler leur rédempteur, devaient en contrepartie l'asseoir éternellement sur le trône. En effet, aussitôt après les élections de 2009 on l'exhortait à se porter candidat pour 2014.
Sans scrupules, le dictateur renie les engagements de 1987. D'ailleurs pour réaliser son coup médico-légal n'a-t-il pas usé de manipulations diaboliques en s'achetant la complicité d'une poignée de médecins «assermentés» comme l'exigeait l'éthique de leur profession, pour signer le certificat d'invalidation de son prédécesseur. Si ces premiers lui ont permis d'usuper le pouvoir, une autre bande de juristes non moins malhonnête et elle aussi «assermentée», lui a permis de l'exercer en légitimant les exactions juridiques et les opérations mafieuses de sa famille et celles des Trabelsi qui ont spolié la terre et les hommes.
Il est vrai qu'on ne peut pas mettre Bourguiba et l'ancien tyran à égalité dans la malveillance car il y a bien des différences entre les deux ; cependant, il ressort qu'ils ont un point commun c'est que tous les deux ont privé les Tunisiens de démocratie et de citoyenneté.
L'arrogance du premier et la malhonnêteté du second ont outragé les Tunisiens qui ont assez enduré de ce mépris. La révolution est venue pour qu'ils disent qu'ils n'en endurent pas plus. Maintenant qu'attendent-ils de cette révolution?
Ils attendent que les partis politiques, la société civile et tous ceux qui se préparent à se porter candidats pour prendre en charge ce pays se rappellent que le peuple a crié haut et fort à la marginalisation de ses droits. Il a revendiqué la dignité et le respect. Donc il faudra à l'avenir lui épargner toute forme d'injustice et reconnaître qu'il mérite la démocratie. Bref lui permettre de vivre pleinement sa citoyenneté. Il est du devoir du pouvoir politique et de tous les partis qu'ils aient ce socle commun de droit inaliénable de citoyenneté mais qu'ils devront aussi s'engager à oeuvrer pour conscientiser tous les Tunisiens à ces droits. Il faudra élaborer un programme d'information et de formation politiques. La révolution a créé les partis politiques; c'est à eux maintenant d'assumer la noble tâche de réaliser les espoirs des artisans de cette révolution.
Si l'on est vraiment démocrate et qu'on travaille pour accéder au pouvoir, on devra également penser au contre-pouvoir pour ne pas en faire un rival à évincer mais plûtôt un partenaire. Dans l'avenir, la mojorité devra être consciente du rôle enrichissant de la minorité et de son apport positif pour la Nation. En Tunisie, nous avons un prérequis de cohabitation civilisationnel et culturel. Gardons-nous de le perdre et nous saurons puiser dans cette inestimable richesse en politique.


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