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Les frères ennemis
FAMILLE
Publié dans Le Temps le 21 - 12 - 2009


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Bruno DESWAENE (Docteur en psychologie - psychanalyste, membre du Laboratoire de Psychologie appliquée " stress santé société " Université de Reims) : « Cette rivalité est inévitable, car elle est le processus par lequel l'enfant prend sa place dans la fratrie »
La rivalité entre frères et sœurs est légendaire. Elle peut avoir diverses raisons. Elle peut être liée à la personnalité des enfants, ou à la jalousie.
Cette rivalité est-elle inévitable ? Quelles sont ses causes ? Comment la gérer ?
La rivalité entre frères et sœurs fait allusion à des affrontements physiques, à des chamailleries et à de la jalousie entre eux. Elle semble provenir du fait que chaque enfant rêve de monopoliser l'attention de ses parents. Il tolère donc mal la présence d'un frère ou d'une sœur.
« Depuis l'arrivée de son frère il y a un mois, mon fils est hyper jaloux...ça me rend folle. Il le frappe. Il lui donne des coups de pied, il lui arrive même de le mordre. Je suis obligée de le suivre de près », nous dit Hédia qui n'arrive pas à contrôler la situation.
A chaque naissance d'un deuxième enfant, le premier réagit mal. Ce dernier se sent abandonné par ses parents et surtout par sa mère. Il réagit et c'est normal. Un enfant jaloux aura tendance à essayer d'attirer l'attention, en faisant des bêtises en désobéissant, en se montrant agressif ...
" Notre maison est devenue un lieu de hurlements et d'affrontements permanents entre mes deux fils. Je n'en peux plus. Ils se disputent jour et nuit. Je n'arrive pas à interdire ces querelles et je joue tout le temps le rôle du médiateur. Mais c'est difficile de contrôler la situation ", estime Hend, une mère de deux enfants. Et elle poursuit : « ça me rend folle et ça me déprime même, surtout que je travaille en plus ».
Les conflits entre frères et sœurs sont plus nombreux spécialement quand la différence d'âge entre les deux enfants n'est pas grande. Chacun veut avoir le tout pour lui et la notion de partage n'est pas facilement assimilée.
"L'ordinateur est devenu une source d'ennui pour moi ", souligne Naïma. "Mes deux enfants sont accros au net et il ne se passe pas un jour sans qu'ils ne se disputent pour accéder à leurs comptes face book", ajoute-t-elle.
Ces disputes fraternelles peuvent, à terme, compromettre la paix familiale. Certes cette confrontation quotidienne avec des frères et sœurs permet à nos enfants d'apprendre plusieurs règles qui leur seront bien utiles plus tard : c'est l'apprentissage de la vie en société.

Bien gérer la situation
La jalousie ne doit pas devenir un mode de fonctionnement permanent. Pour un enfant, un sentiment de haine ne dure que quelques instants et là le rôle des parents est primordial pour gérer cette rivalité. Ils doivent prendre ce problème au sérieux car il risque de s'éterniser et de porter préjudice à toute la famille. Les parents doivent consacrer le temps nécessaire pour résoudre ce conflit. Ils doivent être compréhensifs et instaurer la culture du dialogue au sein de la famille.
Jamila mère de trois enfants estime que l'apport des parents est déterminant : " J'essaie de ne pas prendre parti pour l'un ou l'autre. J'observe et je ne réagis pas dans l'immédiat. Je leur laisse le temps pour résoudre leurs différends."

La violence est-elle nécessaire pour régler ces conflits ?
La violence physique à l'égard des enfants est une méthode d'éducation qu'on croyait révolue. Malheureusement, cette pratique avec tout ce qu'elle suscite comme vices et fléaux continue de sévir au sein de quelques familles.
Mehdi père de deux garçons estime que :" Pour parvenir à instaurer l'ordre dans leur foyer, la plupart des parents adoptent la violence comme unique voie de communication. Il est fréquent à notre époque de voir des familles fonctionner sur un mode ou chaque conflit prend une importance vitale, et peut dégénérer à la violence. Dans certaines familles les gens sont incapables d'accepter le point de vue de l'autre et de manifester de la tolérance. Cette violence "fait mal" physiquement, mais aussi moralement.
Régler un conflit entre frères ou sœurs par les coups ne résout pas le problème. Seul le dialogue permet de mettre fin à ces querelles. Personnellement, j'essaie toujours de réunir mes deux enfants et de leur expliquer qui a tort et qui a raison. "
Kamel BOUAOUINA
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Bruno DESWAENE (Docteur en psychologie - psychanalyste, membre du Laboratoire de Psychologie appliquée " stress santé société " Université de Reims) : « Cette rivalité est inévitable, car elle est le processus par lequel l'enfant prend sa place dans la fratrie »


Le Temps : La rivalité entre frère et sœurs est-elle inévitable ?
Bruno DESWAENE : Il est courant de dire que la rivalité entre frères et sœurs est présente depuis la nuit des temps. En effet, elle est présente dans les mythes. Elle est même à l'origine de la fondation de cette capitale comme Rome avec Rémus et Romulus. L'autre combat mythique est celui d'Abel et Caïn...Cette rivalité est inévitable car elle est le processus par lequel l'enfant prend sa place dans la fratrie.
Par ce jeu de jalousie, l'enfant ou les personnes jalouses affirment leurs différences. La jalousie a pour but de produire de l'altérité. Là où il y a du semblable, du même, " être de la même famille, être du même sang... ". Pour exister, il est donc nécessaire de sortir de cet amalgame dans lequel on nous inscrit inévitablement. La jalousie est aussi l'occasion de se battre pour gagner l'amour des parents ou d'un parent.
Elle signifie, je veux être le ou la préférée. Très souvent, les enfants pensent qu'avoir plusieurs enfants divise dans le cœur des parents par autant d'enfants l'amour du ou des parents. Alors, je leur explique qu'il n'en est rien et cela les rassure. La jalousie fraternelle est avant tout un processus d'angoisse qui traduit la peur d'être délaissé, de ne pas être aimé comme l'autre. L'autre est vécu comme une menace, il est alors vécu comme la cause d'un danger. Il y a dans cette rivalité une forme de violence où l'autre est à exclure, à mettre à distance, à dénoncer comme la cause du malheur ressenti. La jalousie est une des trames fondatrices du roman familial, propre à tous les névrosés.
Elle fait de l'autre un objet gênant dont je dois être libéré pour exister. Souvent la rivalité entre frère et sœurs traduit la difficulté pour l'enfant jaloux d'exister par lui-même. Il a alors besoin d'un autre en miroir pour se valoriser au détriment d'une confrontation voire d'un conflit avec l'autre. Certains théoriciens pensent que dans la rivalité il y a de l'incestuel, c'est à dire un désir inconscient de posséder l'autre. La rivalité serait une manière de mettre une barrière, une limite à cette dynamique incestuelle.

A quel âge ?
Il y a différents âges où la jalousie émerge. Le plus tôt c'est vers 3 ans où l'enfant cherche à être dans les bras des parents, à pousser le grand frère ou la sœur. A cette période, l'enfant veut pour lui sa mère ou son père. Cette période est souvent à ce que nous appelons la phase phallique, c'est à dire où l'enfant pense qu'il est le seul à pouvoir décider de son sort et de celui des autres. Ensuite, une autre période de jalousie apparaît vers 8 -9 ans où l'enfant se prépare à l'entrée dans l'adolescence. Il doit quitter le monde de l'enfance pour le monde des plus grands. Pour lui, c'est une période de doute. Puis on peut voir réapparaître cette rivalité au moment des héritages, du partage à faire...on peut livrer une lutte fratricide à celui qui obtiendra plus que l'autre. Dans ce cas il y a la peur d'être lésé ou de se sentir être celui qui doit incarner la continuité familiale.
Par conséquent la rivalité est de tous les âges. Cela traduit un processus infantile qui n'a pas été liquidé...Très souvent aussi, la rivalité est inscrite dans l'histoire de la famille, et les enfants ne font que rejouer inconsciemment un conflit familial antérieur.

Comment gérer ?
Gérer c'est prendre le risque de faire émerger de l'équité. Entre les enfants, il ne faut pas nier cette rivalité, il faut la nommer, non pas comme " Tu es jaloux ce n'est pas bien... mais bon OK tu penses que tu es celui qui doit l'emporter sur l'autre alors prouve-le moi...quels sont tes arguments ? Très vite on voit que l'enfant revient à des meilleurs sentiments. Quand on légitime un sentiment négatif celui ci n'est plus aussi douloureux. Il ne faut pas dire arrête ! Tu es un jaloux. Car c'est renforcer une certaine moquerie qui peut s'inscrire comme une blessure narcissique.

Ce qui est à éviter ?
C'est de vouloir l'équité à tout prix c'est d'offrir un cadeau au petit frère car c'est l'anniversaire du grand sous prétexte qu'il est petit et qu'il ne va pas comprendre. C'est éviter de dire à la petite fille, toi tu es une fille tu peux comprendre laisse ton petit frère jouer, il est petit...Il faut savoir cultiver les différences de personnalité entre les enfants. Il ne faut pas vouloir tout uniformiser...Il faut que les enfants savent en quoi ils sont différents l'un de l'autre, et ce que leurs différences peuvent les amener à s'affirmer différemment. Il est important que les parents sortent de l'idée que l'on élève tous ses enfants de la même manière, ce qui n'est pas vrai...les enfants sont les repères de notre vie d'adultes et ils n'arrivent pas au même moment dans notre vie et nous ne les accueillons pas de la même manière.

Que faire ?
Quand la rivalité devient violence, c'est qu'il s'opère ce que nous pourrions appeler une maladie d'amour...c'est qu'il y a une confusion des places...il faut mettre de la distanciation voire dans ce cas un travail psychologique est nécessaire pour ne pas " tuer l'autre ". Parfois en effet, la violence peut laisser des traces indélébiles.

Quels signes ?
Quand il n'y a plus de moments de complicité entre la fratrie. Quand la violence s'installe, les parents doivent être attentifs et surtout engager un travail de thérapie familiale.

Quelle technique ?
La thérapie familiale est un des moyens intéressants pour donner du sens à cette rivalité. Pour que chacun retrouve sa place dans la famille. Dans le cas d'adulte, il est important que celui qui souffre de cette rivalité puisse trouver un espace pour déposer sa souffrance, et démêler le sens de cette rivalité.


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