Le Stade Nabeulien, ce n'est plus seulement le basket. Le retour de l'équipe de football en D2 ouvre de nouvelles perspectives devant le sport-roi dans la cité capbonaise C'est sur le fil du rasoir que le SN a acquis sa promotion au prix d'un duel épique avec le voisin grombalien, lequel avait réussi un retour sensationnel. Les Potiers doivent en grande partie ce bonheur au nul (1-1) arraché par Kalaâ devant GS dans le dernier match de la saison : «Nous avons appris les règles du jeu, rappelle Lotfi Dimassi, président de la section football du SN. Si des supporters ont de leur propre initiative voulu motiver notre rival dans la course à l'accession, cela est de bonne guerre». Au final, tous les chiffres plaident en faveur des hommes de Ali Sraïeb : 16 victoires, 7 nuls et 3 défaites; 55 points, un de plus que GS qui allait se révéler déterminant; 41 buts inscrits, 21 encaissés. «Pourtant, nous comptions cinq points d'avance au moment du déclenchement de la révolution, mais on ne savait plus quand allait pouvoir reprendre la compétition. Cela nous a énormément déstabilisés, d'autant que nous avions essuyé un revers (1-0) à Siliana sur un but entaché d'un hors-jeu flagrant. Par la suite, l'arbitre Nasrallah Jaouadi reconnaîtra d'ailleurs son erreur, mais le mal était déjà fait», analyse M. Dimassi. «Nous avons dû composer avec les moyens du bord. Le soutien financier a souvent manqué malgré toute la générosité de certains dirigeants et supporters : M. Raouf Rekik, qui nous a énormément apporté, Sofiène Gastli, Mokhtar Slama, Frej Ben Arbia, Samir Sassi, Noureddine Mrabet, Noureddine Chelbi, Hédi Daoud, Larbi Aouadi... Les dépenses de la section football ont atteint cette saison un montant de 280.000 dinars, soit un déficit de 90 mille dinars. Le club doit encore aux joueurs près de 45 mille dinars entre salaires des mois de mai et juin, primes d'accession et dix tranches sur les primes de signature», indique le patron de la section foot, lequel se projette d'ores et déjà vers la prochaine saison où les responsabilités seront encore plus lourdes quand on pense que le SN va entrer de plain-pied dans le professionnalisme intégral. Pour la première fois de sa longue histoire (le club a été fondé en 1936), puisque s'il balança durant sa longue existence entre les divisions 2 et 3, il n'avait jamais appartenu à la L2 dans sa nouvelle version professionnelle : «Il nous faudra énormément de moyens financiers pour répondre au standing d'une Ligue pro. Le paradoxe est que nous soyons déjà, dès le départ lourdement endettés. La moyenne de dépenses à l'étage supérieur se situe entre 500 et 600 mille dinars. Il faut néanmoins considérer que nous allons bénéficier de nouveaux subsides provenant des droits TV et de notre quote-part de Promosport, soit quelque chose de l'ordre de 200 mille dinars», se réjouit M. Dimassi, lequel aura composé avec l'entraîneur Ali Sraïeb, le tandem gagnant de l'accession. A cette entrée d'argent, il faudra ajouter l'intérêt croissant que ne manqueront pas de manifester les sponsors, apportés par le retour d'investissement que constitue une exposition à la TV. Au rayon des nouvelles responsabilités, en plus d'une enveloppe de dépenses beaucoup plus importante figure également une restructuration administrative et celle des équipes des jeunes. «Un changement radical» «Au fond, tout va changer de fond en comble, prévient Lotfi Dimassi. La section des jeunes aura un comité à part, tout à fait indépendant de celui pour la catégorie seniors. Comme le stipulent les règlements, un club de D2 est tenu d'engager deux équipes minimes, deux cadettes, deux juniors. L'avantage dans notre nouveau statut est que tous ces jeunes vont pouvoir être confrontés aux grands clubs : EST, ESS, CA, CSS, ST... Chose qui doit intéresser les parents, lesquels viendront sans doute plus nombreux pour suivre leurs enfants», se félicite le premier responsable du FB au Stade Nabeulien qui déplore néanmoins que les parents se montrent parfois trop envahissants : «Le mal qui ronge le SN depuis la nuit des temps consiste en cet inacceptable interventionnisme à tout crin : chaque parent met une pression terrible sur les entraîneurs, y compris sur celui des seniors pour faire jouer son propre enfant. Ce phénomène envenime l'ambiance dans le club et génère beaucoup de conflits», constate-t-il. En tout cas, en attendant l'assemblée générale, a priori prévue le 22 juillet, le club-phare du chef-lieu du Cap Bon met les petits plats dans les grands afin de réussir le pari de L2 : «Nous disposons d'un groupe jeune et à la marge de progression fort intéressante. Il faut admettre qu'acquérir les traditions de la L2 n'est pas une sinécure. De plus, nous devons recruter quatre à cinq joueurs efficaces et d'emblée opérationnels. Et, qui sait, dans trois ans, le SN pourrait accéder au palier supérieur et chasser les fantômes de la Ligue 1 qui avaient toujours fait barrage devant ses ambitions», lance M. Dimassi en rêvant les yeux grands ouverts. Tout comme le font des dizaines de milliers de fans du club «orange et vert».