• «L'annulation de la relégation a évité au pays une catastrophe !» Le discours fédéral estampillé Anouar Haddad passe-t-il de plus en plus mal ? En tout cas, les rangs des médias étaient clairsemés hier à l'occasion de la conférence de presse animée par le président de la FTF. Fragilisé par les derniers retraits de confiance au B.F. annoncés par au moins quatre clus de L 1 (ESS, CA, CSS et CSHL) et remonté contre le concert l'invitant unanimement à rendre le tablier, le patron de l'instance fédérale a promis de contre-attaquer en établissant l'inventaire des acquis à mettre à l'actif de son équipe. Au bout d'une heure trente de réquisitoire qui se voulait froid, serein, précis et objectif, M. Haddad laisse l'impression d'un athlète resté dans ses starting-blocks, enfermé dans une logique d'une présumée unité des rangs fédéraux à opposer à une croisade «trop légère pour faire mal» d'ambitieux candidats à la «fédé», il n'a pas beaucoup convaincu. D'autant que, une fois la conférence de presse terminée, un membre fédéral nous avouera «out of record» qu'on ne l'y reprendra plus vraiment et qu'après la finale de la Coupe de Tunisie, c'est-à-dire à partir du 25 juillet, on ne le reverra plus à la Fédération !… Ils ont ainsi au moins quatre membres fédéraux qui ont consommé une sédition vis-à-vis de l'instance et appellent à une assemblée générale extraordinaire. Ce à quoi répond M. Haddad : «Notre bureau est solidaire. J'ai avec moi dans cette salle Chihab Belkhiria et Jalel Ben Tekaya et ils peuvent vous le confirmer. Malheureusement, certaines gens ont déjà ouvert les hostilités en s'engageant comme têtes de liste en vue d'une A.G. élective. La critique destructive décourage les bonnes volontés. Nous avons en tout cas eu le mérite de mener le championnat à terme dans les conditions particulières que vous connaissez. Nous avons remporté le championnat d'Afrique des nations réservé aux joueurs locaux (Chan), en février dernier au Soudan, haut la main, assurant un gain de l'ordre de 700.000 dinars, et personne ne nous en remercie», s'étonne-t-il sur le ton de la déception. Aussi, le début de mutinerie manifesté par les clubs au sein de l'Amicale des présidents des associations professionnelles n'émeut pas autre mesure le président de l'exécutif fédéral : «Ils sont combie ceux-là par rapport aux centaines de clubs affiliés à la FTF ?», se demande celui-ci. «Si nous n'avions pas décidé de l'annulation de la relégation, 24 heures avant la 25e‑journée, nous aurions vécu à coup sûr la catastrophe, mercredi 6 et dimanche 10 juillet à l'occasion des deux dernières journées. Des rapports alarmants nous ont été communiqués par les gouverneurs sur des sits-in, menaces, marches, manifestations dans plusieurs points chauds du championnat. Les rapports des arbirtes et commissaires aux matches étaient sans appel : la violence gagne du terrain, les agents de sécurité restent passifs sinon impuissants devant la montée des périls. Il nous a fallu prendre une décision courageuse dans le seul intérêt du pays. Une mesure guère politique : nous avions saisi le ministre de tutelle de notre décision. Un quart d'heure plus tard, il nous a dit Banco», a raconté M. Haddad. «Les clubs dissidents sont libres de leurs actes, a-t-il surenchéri. Nos relations avec l'Etoile du Sahel sont bonnes. J'ai personnellement défendu son dossier auprès du président de la Confédération africaine (CAF), M. Issa Hayatou lequel aurait pu décider une sanction de trois ans de suspension après le refus d'aller jouer au Nigeria», a-t-il insisté. Avant de rappeler que le comité d'appel «à l'origine de tous les déboires», a-t-il estimé, reste une instance indépendante de la FTF élue à l'occasion de l'assemblée générale». «Un découvert de 850 mille dinars» M. Haddad a reconnu que son instance vit des moments très difficiles sur le plan financier : «Nous gérons la crise à proprement parler, a-t-il admis. La FTF accuse un découvert de 850.000 dinars. Mais nous avons obtenu la promesse de M. Joseph Blatter, président de la Fifa (Fédération internationale) pour une avance exceptionnelle de 500.000 dollars compte tenu des bouleversements que la Tunisie a vécus», a-t-il révélé. Mettant au rayon des acquis, le projet de création d'une amicale des anciens footballeurs professionnels (dont la présidence reviendrait à Ali Boumnijel et Yassine Bouchaâla), le président de la FTF se veut sûr de son fait. Sans que le cœur y soit. Surtout en engageant ce qui ressemble à un bras de fer avec le ministère de tutelle : «Nous n'avons encore rien reçu du département des sports. Le décret-loi donnant aux fédérations sportives des délais jusqu'au 15 décembre prochain pour la tenue d'une assemblée générale élective, nous n'en savons rien encore. Et nous ne savons pas s'il nous concerne». Pour appuyer la thèse de M. Haddad, le président de la commission coupe et championnat, Chihab Belkhiria, exprimera des réserves au nom de ses pairs pour n'avoir pas été associés à la rédaction du décret-loi, «alors que la FTF, forte du plus grand nombre de licenciés, représente indiscutablement la première fédération du pays». La FTF, qui prépare son AG évaluative du 12 août, s'appuierait-elle sur les directives de la Fifa en ce qui concerne l'interdiction de mêler sport et politique pour se considérer intouchable et hors de portée de la tutelle ?