Vieni, vedi, vinci? Nenni! Les présidents de clubs «pros» ont adopté une conduite consensuelle à l'endroit de l'exécutif fédéral, dont ils se sont frileusement gardé de contester la légitimité… Fragilisés par un statut précaire qui les contraint à tenir leurs assemblées générales électives d'ici à l'été prochain afin d'établir une légitimité juridique en suspens, les clubs professionnels des Ligues 1 et 2 n'ont pas cherché à jouer les fiers à bras, mercredi, à l'occasion de leur réunion au siège de la FTF. Hormis le Club Africain et le Club Athlétique Bizertin, toutes les autres associations du foot «pro» ne sont toujours pas passées par les urnes selon le modèle transparent, libre et démocratique du choix d'un président et d'un vice-président. Un modèle qui jure avec de longues décennies de désignation et d'aval des premiers responsables par les autorités politiques. Dès lors, ces mêmes clubs en porte-à-faux, gênés aux entournures par une illégitimité qui avait fait, par exemple, hérisser les cheveux d'un Saïd Lassoued, ancien président du CAB, pouvaient-ils sereinement faire chuter un organe fédéral miné par les dissensions malgré des apparences de solidarité et une façade de front uni ? «Nous n'étions pas habilités à retirer notre confiance à un bureau fédéral que nous savons pourtant fragilisé, décapité par les défaillances et dont la survie même tient à deux nouvelles démissions près», se défend le président de l'amicale des présidents de clubs, Fatah Alouini, le patron de la JSKairouanaise. Restant en quelque sorte «en dedans» sans aller jusqu'au bout de leurs intentions, les pairs de M.Alouini auront tout de même «constaté les insuffisances des structures fédérales, les dysfonctionnements des commissions fédérales, le blocage des organes décisionnels», de l'aveu du président de la Chabiba : «Nous entendons attirer l'attention de la fédération sur tous ces aspects et l'inviter à une réunion où l'instance suprême du foot national nous exposera sa stratégie pour l'avenir et ce qu'elle entend faire d'ici à la fin de saison», a-t-il ajouté. Tous les clubs ont convenu à l'unisson de convoquer des A.G. électives d'ici à l'été prochain. Emanation de ces cellules (les clubs, donc), la «fédé» échapperait-elle par hasard à cette quête de légitimité, en faisant la sourde oreille à l'appel incontournable de la phase post-révolutionnaire? Quand bien même quelques membres, dont Jalel Tekaya, lequel s'est exprimé clairement là-dessus, appellent leurs pairs à prendre leurs responsabilités et à remettre la confiance des clubs sous le sévère couperet des urnes? En tout cas, la majorité des clubs appelle à retirer leur confiance à l'exécutif fédéral, version après Ali Hafsi, démissionnaire depuis voilà un mois, noyé dans les multiples dossiers qui s'accumulent, dont le dernier en date s'appelle la grogne des arbitres. Sans signer l'arrêt de mort de l'instance du foot, l'amicale des présidents de clubs tergiverse, avance timidement sur le sentier d'un irréversible retrait de confiance, synonyme de convocation de nouvelles élections. L'Amicale n'a pas tranché Au cours de sa réunion de mercredi après-midi, l'Amicale des présidents des clubs «pros» a convenu de certaines propositions, sachant qu'elle ne détient pas au fond de pouvoir de décision : 1- Pour compenser les frais du huis clos décrété pour des raisons sécuritaires, l'Amicale a créé une commission chargée de rencontrer le ministre de la Jeunesse et des Sports pour «mettre à plat» le sujet des quote-parts leur revenant sur les paris sportifs de Promosport. Les clubs «pro» proposent une distribution des ces quote-parts chaque semaine, à l'instar de ce qui se fait pour les parieurs gagnants, et ce, d'ici la fin de saison. Il est évident qu'en quête de liquidités et confrontés aux lourdes charges de la compétition dont les salaires et primes à servir aux joueurs, ces rentrées d'argent ressembleraient à une manne providentielle. 2- L'Amicale entend aller plus loin encore en proposant de nouveaux statuts: les clubs ou sections «pro» seront transformés en sociétés, alors que les structures du foot amateur garderont leur statut d'associations. Cette séparation va devoir d'abord être étudiée et discutée par tous les clubs concernés. 3- L'Amicale a rappelé que la proposition d'un élargissement des pensionnaires de la Ligue 1 de 14 à 16 clubs ne peut être adoptée que par une assemblée générale extraordinaire. En attendant, la lutte pour le maintien, si elle risque de générer beaucoup de tensions, n'en préserve pas moins la compétition contre les risques de matches arrangés et des largesses concédées par des clubs rassurés quant à leur maintien. 4- Le dossier du match de samedi dernier AS Gabès - CS Hammam-Lif, et l'interdiction faite à tous les médias de couvrir la rencontre ont été également évoqués par l'Amicale. Le président de l'Avenir Sportif de Gabès, Ryadh Jeridi, a présenté ses excuses pour cette malheureuse initiative qu'il avait mise sur le compte de menaces réelles, émanant par les supporters locaux. Il s'est, par ailleurs, engagé à ce que ce genre d'incidents ne se reproduise plus. «Si le bureau fédéral reste passif, c'est la loi de la jungle qui va s'installer», ont admis les présidents des clubs. Réponse cet après-midi à l'occasion de la réunion de l'exécutif de la FTF qui aura à étudier, outre ce grave antécédent, le calendrier de la suite de la saison, le volet de l'arbitrage et la préparation des équipes nationales. Prévue mardi dernier, cette réunion a été en fait reportée afin de permettre à l'équipe d'Anouar Haddad d'effectuer le déplacement de Ksar Helal pour assister aux obsèques de Ridha Ayed, ancien membre de la FTF. Notons enfin que, mercredi après-midi, seuls les présidents de l'EST, Hamdi Meddeb, du CA, Jamel Atrous, et de l'ESS, Hamed Kammoun avaient manqué à l'appel à l'occasion de la réunion de l'Amicale des présidents des clubs «pros».