Par Azzeddine Neffail* Incroyable mais vrai. L'homme qui, grâce à son abnégation, son charisme, son courage et sa vaste expérience, fut molesté verbalement par une horde assoiffée de pouvoir, n'ayant aucun sens de la politique, quelle indécence! Ignorant totalement l'éthique. Parlons de ces nouveaux tribuns. Où étaient-ils il y a quelques mois, sous l'ère du fuyard ? Combien d'entre eux ont-ils étés écroués pour avoir contesté les décisions mafieuses du dictateur. Parlez Messieurs, parlez au nom de la Révolution. Une Révolution squattée par des malfrats endurcis, des voyous, téléguidée par d'anciens responsables, voleurs des grands chemins. Les portes des prisons se sont ouvertes presque au même moment, du nord au sud, par on ne sait quel miracle, livrant le passage à des milliers de criminels. Allons criminels de la Partie, votre jour de gloire est arrivé. Brisez, pillez, terrorisez le pauvre peuple qui ne sait plus à quel saint se vouer. Tout cela au nom de la Révolution. Mais de quelle révolution ? Squattez impunément les trottoirs de la capitale, (le marché parallèle bat son plein et les marchandise ne cessent d'arriver, la filière est entre de très bonnes mains) provoquez des attroupements pour n'importe quel motif, des grèves sauvages dans deux secteurs vitaux comme le transport, la santé, les écoles, la police, la justice, des sits-in à tout propos et pour n'importe quoi. Incriminez et faites circuler de fausses nouvelles. Braquez les automobilistes sur les autoroutes. Faites flamber les prix, n'arrêtez pas de semer la zizanie au nom de la Révolution car si le calme se rétablit, la mafia qui vous subventionne sera harponnée par la justice. On dit les connaître, qu'attendez-vous pour les arrêter ? Monsieur le Premier ministre quand allez-vous vous décider à sévir ? Vous êtes un grand Monsieur, personne ne peut le nier, mais vous agissez comme si vous aviez peur. Ou plutôt, comme si vous vouliez gagner du temps. Nous sommes avec vous et ça ne peut plus durer. Quant à l'audiovisuel, n'en parlons pas, arrêtez ces débats ahurissants, improductifs. Nous sommes saturés. Chaque jour, de nouvelles «sommités» de la politique font leur apparition sur le petit écran de nos chaînes et chacune y va de sa partition. Tels des messies, ces messieurs analysent, dissèquent et prônent de nouvelles approches avec beaucoup d'assurance et d'un air plus que suffisant, se contredisant d'une chaîne à l'autre. Le Tunisien moyen confronté à cette orgie médiatique a fini par ne plus rien comprendre et à ne plus assimiler ces parlotes. Peut-être que nos éminents politologues agissent-ils en connaissance de cause dans le but de noyer le poisson et le poissan n'est que le Tunisien. Déposlitisés par le tyran, ils veulent définitivement l'abrutir. Les quelques partis, plus ou moins connus, sont en rupure de ban avec la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution. Nous sommes dans le flou et il très difficile d'y voir clair. Parlez-nous des programes de ces partis. J'ai oublié de mentionner qu'aucun n'a présenté jusqu'à maintenant quoi que ce soit, peut-être voudraient-ils qu'on aille tout d'abord aux urnes (les nattes avant la mosquée) ? Leur devise est on ne peut plus claire : nous d'abord, la révolution après. Même les personnalités d'antan, les bénis oui-oui, ceux qui ont conduit la Tunisie il y a trente ans au bord du gouffre économique (les coopératives, les deux révoltes du pain avec leur cortège de plusieurs morts) sont là. Ils ont le culot et l'audace de paraître sur le petit écran. Sans pudeur, hypocritement, ils dissèquent et analysent la situation. Ils oublient qu'à cause de leur esprit de courtisan, ils ont balisé la voie au sinistre tyran. Expliquez-nous aussi le nombre si impressionnant de nouveaux partis, qui sont-ils ? Je parie que la plupart ne découlent que d'un seul parti. Qu'avons-nous aussi à faire avec le communisme, doctrine en déclin, presque éradiqué dans le monde et son porte-parole qui n'est d'accord avec personne, même pas avec lui-même, ainsi que le Parti El Baâth ? Ils nous prennent vraiment pour des idiots. Expliquez-nous aussi pourquoi certains hauts cadres de la police incarcérés depuis plusieurs mois, croupissent encore dans les geôles de l'Aouina ? Dès son avènement à la tête du ministère de l'Intérieur, M. Farhat Rajhi a déclaré : ma fille m'a demandé de nettoyer le ministère de l'Intérieur. Que vient faire cette demoiselle ? Tout d'un coup on a fait une purge quelque peu spectaculaire. Une quarantaine de hauts cadres furent évincés. Est-ce pour calmer la population traumatisée par les événements sanglants qui ont eu lieu ? Est-ce que les cadres de notre police sont tous des criminels ? Je ne le pense pas. N'est-ce pas aller trop vite en besogne? Et madame Sihem Ben Sedrine, que vient-elle faire tous les jours, pendant cette période, sillonnant à longeur de journée les couloirs du ministère de l'Intérieur, des dossiers plein les bras ? Je conçois qu'elle ait été maintes fois, par le passé, emprisonnée, molestée, voire battue sous le régime du fuyard, mais de là à se venger à l'emporte-pièce ?