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Le sondage, une éthique...
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 07 - 2011


Par Dr Rejeb Haji*
• «L'opinion publique [...] est souvent une force politique et cette force n'est prévue par aucune Constitution» (Alfred Sauvy—1898-1990)
S'il est vrai que notre pays a besoin de transparence et de lucidité, en cette période historique et difficile, il a besoin également de sérénité dans les analyses qui lui sont offertes et dans les promesses qui lui sont miroitées. Mais la politique a ses dérives. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer les débats au sein de la Haute commission, voire suivre son fonctionnement.
Au nom d'un consensus introuvable, un choix délibéré d'hommes et de femmes, des illustres inconnus, appartenant à des mosaïques de tendance, en quête de représentativité, s'arrogent le droit de parler au nom du peuple. Ils veulent s'imposer sur la scène politique comme étant les défenseurs de la révolution et ses promoteurs, oubliant que la révolution est le fruit de la lutte de tout un peuple, avec toutes ses composantes, sans distinction d'âge, de régions ou de religions. Cherchant à coups d'éclat une légalité juridique, cette commission va jusqu'à demander à contrôler le gouvernement provisoire. Elle s'érige en parlement et s'arroge le droit de faire et défaire tout, suivant la maxime «je pense donc tu suis». Ses membres ne sont ni des élus de la nation ni des victimes du fuyard mais des personnes soit choisies soit désignées.
Par qui sont-ils en fait nommés? Quel est leur profil ? Pour quels desseins roulent-ils ? Nous, les victimes des «novembristes», sommes en droit de se poser ces questions qui méritent des réponses. Pour plus de visibilité, nous souhaitons avoir le curriculum vitae de chaque membre de cette commission.
Revenons au plus vital, notre pays se trouve en mauvaise posture. Tous les indicateurs de croissance (production et investissement) sont au plus bas. Tous les indicateurs de bien-être (emploi, pouvoir d'achat, revenu par tête) sont au rouge. Les indicateurs de dépendance extérieure (taux de financement, taux d'endettement, réserves de change) se détériorent de jour en jour. Saluons, à ce sujet, le courage du Premier ministre d'avoir dit la vérité aussi scabreuse soit-elle. Le tableau est réellement sombre : une croissance négative ou presque, une inflation galopante, un chômage déferlant, une pauvreté qui s'accentue, des grèves et des sit-in même s'ils sont légitimes, sont précoces. D'autres difficultés majeures auxquelles le Premier ministre est confronté et pour lesquelles il faut le soutenir. Même si pour certains ses réponses au dernier débat et quel débat ! sont «diplomatiques», n'empêche qu'il a inauguré une nouvelle ère de sincérité et de franchise que l'Histoire ajoutera à son crédit. Tous ensemble, au lieu de lui faciliter la tâche et de l'aider à passer la turbulence, certains tentent de polluer le débat politique qui n'a même pas encore commencé. La course effrénée des politiques, en accaparant les médias, se résume au paraître. Comme nous serions heureux de savoir d'où viennent ces masses d'argent qu'ils réservent à leur publicité. Le Trésor et nos hôpitaux en ont beaucoup plus besoin !
Faute d'accord sur l'essentiel, les partis politiques qui prolifèrent, les moyens d'information qui foisonnent et «face book» qui prend la relève de tout et pour tout, tous seraient condamnés dans la tempête de la crise. La délivrance viendrait de la prise de conscience progressive de la réalité telle qu'elle est et non telle que souhaitée. La patience pour quelques semaines encore devrait être le maître mot. Oublions la Haute commission et ses dérives et allons à l'essentiel : pousser la roue dans le sens de la marche et laissons le temps au temps dire son dernier mot. Certes, les expériences du passé ont eu évidemment leur utilité. Chacune d'elles a constitué un progrès dans les connaissances, ce qui permet aux hommes de prévoir les phénomènes. Mais il est beaucoup plus difficile d'arriver à des conditions pratiques qui traitent du comportement humain.
Aujourd'hui, l'heure n'est plus à éparpiller nos efforts. Le fatras actuel des journaux va se multiplier, ce qui nous éloigne de ce que nous attendons : l'analyse, le recul, la profondeur et pourquoi pas l'humour (voir Belkhamsa et Gmati... au journal La Presse..). Notre étonnement et notre stupeur sont accentués par des enquêtes d'opinion, publiées par nos quotidiens, en dehors de toute légalité. Etant statisticien de formation, les derniers sondages ont retenu notre attention. Nous avons décidé de réagir à cette nouvelle atteinte à notre liberté. En effet, ce nouvel outil de décision s'ajoute à l'hystérie médiatique qui déferle dans notre vie quotidienne, pour nous embrigader et nous mener vers des destinations inconnues. La multiplicité d'enquêtes d'opinion à laquelle il faut s'attendre, doit respecter, comme cela se fait dans les pays développés, des règles méthodologiques de base, tant au niveau de leur élaboration que dans leur publication. Les chiffres annoncés, ça et là, par des journaux, comment ont-ils été élaborés? Par quelle méthodologie  et à partir de quel échantillon ? Avec quelle langue a été réalisé le questionnaire ? Quels sont les ajustements effectués et leur marge d'erreur ? Quels sont les redressements nécessités et sur quelle base? Nous pouvons, légitimement, nous demander quel est le commanditaire ? Le sondage n'est pas seulement coûteux en temps, mais en argent, nous sommes en droit de demander : qui paye? Quel est le coût ?
Les sondages peuvent avoir des impacts néfastes sur la vie politique puisqu'ils exercent des effets sur les électeurs, nous avons choisi de mettre en garde nos concitoyens contre ces nouvelles manipulations. Un encadrement leur est donc nécessaire. Après un rappel historique de leur pratique, nous suggèrerons un moyen de les encadrer.
La pratique des sondages, faut-il le rappeler, s'est développée à partir des années 1930, dans le monde anglo-saxon ainsi qu'en Inde. L'exemple classique est fourni par une étude réalisée, en 1936, au sujet de l'élection présidentielle américaine opposant Franklin D. Roosevelt à Alfred London. Un journal avait interrogé deux millions de personnes «tirées au hasard», à partir des annuaires téléphoniques et avait annoncé la victoire de London. A l'inverse G. Gallup, sur la base d'un échantillon de quatre cents personnes, avait annoncé la victoire de Roosevelt. Les sondages, considérés comme une éthique, sont, depuis, soumis à un contrôle très strict répondant globalement à nos interrogations. A titre d'exemple, en France où l'on dénombre mille par an, c'est la Commission des sondages, créée par la loi de 1977, qui les contrôle. Mais avec le temps, on s'est rendu compte que cette loi ne dispose pas de moyens coercitifs. Une nouvelle loi fut préparée, adoptée par le Sénat le 14/02/2011 et déposée au bureau de l'Assemblée. Cette loi introduit dans son article premier la définition du terme sondage : «une enquête statistique visant à donner une indication quantitative, à une date déterminée, des opinions, souhaits, attitudes ou comportements d'une opération par l'interrogation d'un échantillon représentatif de celle-ci qui serait constitué selon la méthode des quotas ou selon la méthode aléatoire.» Rappelons que pour la méthode des quotas («choix raisonnés»), la plus utilisée par les instituts de sondage, la reconstitution d'une population en miniature est indispensable alors que la méthode aléatoire consiste à effectuer un tirage au hasard ce qui nécessite l'existence d'un fichier complet de la population.
En Belgique, une loi similaire à celle de 1977, votée en 1994, est tombée en désuétude. Un Eurobaromètre (concernant neuf pays européens) a été créé à partir de 1973. Il sert comme modèle de référence de mise au point de questionnaires, de comparaison des indicateurs et de collecte de données.
Tous les sondeurs de ces pays, des institutions privées, sont dans l'obligation de fournir des informations tels que : le nom et la qualité du client, la taille de l'échantillon interrogé, le texte intégral des questions posées, la marge d'erreur des résultats à publier ou à diffuer.
A l'instar des pays développés, nous devrons nous organiser et nous inspirer des expériences réussies. Seul, à l'heure actuelle, l'Institut National de la Statistique (INS) est apte à diligenter un sondage d'opinion. Cette institution qui devrait être rattachée à la Présidence, regorge de professionnels dans le domaine de la statistique et dispose, en plus, d'échantillons représentatifs. En attendant, pourquoi ne pas rêver à la création d'une commission de contrôle des sondages. Une mission paraphée à la fois par le Président par intérim et par Le Premier ministre chargeant une personnalité tunisienne reconnue autour de laquelle une pléiade de magistrats, de personnalités qualifiées en matière de sciences politiques, de droit public, de sciences sociales, de mathématiques et de statistiques. Ces membres indépendants de toute influence politique, pourraient provisoirement contrôler les sondages afin de cerner les débats et limiter les dérives. Mais, avant de chercher à faire des sondages qui seront, sans nul doute, objet de contestations, de manipulations et d'interprétations, il faut espérer que les partis politiques élaborent de vrais projets de société en réunissant leurs militants, des experts et des spécialistes.
Au final, imaginons que ces partis puissent se regrouper autour de trois axes fondateurs et fédérateurs : une ligne de gauche, une autre du centre et une troisième de conservateurs de tout bord. Une compétition pourrait alors s'ouvrir pour le choix du meilleur, celui qui défendra le programme devant les citoyens avec quelque chance de succès. Les sondages d'opinion viendraient ensuite pour apprécier les questions sociales, économiques et environnementales des différents candidats.
Au vu des programmes, ensemble, par notre bulletin de vote, dans un climat de compréhension et de tolérance, nous ferons notre choix. Nous démontrerons au reste du monde comme nous l'avons fait pour notre révolution, nos aptitudes au savoir, au savoir-faire, au savoir-vivre et au savoir-être. Notre pays retrouvera confiance en lui et nous ferons émerger une république : démocrate, solidaire et responsable. Ce sera une alternative réussie crédible et viable. Les sondages ne feront par la suite que le confirmer !


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