La bataille politique se joue sur le terrain du social. Le parti Ennahdha l'a bien compris qui mène un grand travail sur ce terrain dans l'espoir de s'attirer la sympathie d'une grande frange de la population. Cela ne date pas d'aujourd'hui. Les sympathisants de ce parti religieux faisaient déjà de l'action sociale sous le gouvernement du président déchu, mais de façon clandestine. Aujourd'hui, ils poursuivent cette action en allant vers les familles démunies, s'enquérant de leurs attentes et de leurs besoins, leur apportant une aide financière ou en nature, trouvant du travail pour ceux qui n'en ont pas. Mais ce n'est pas tout : hier, le parti a organisé un mariage collectif pour sept couples dans le gouvernorat de La Manouba. Il a pris en charge l'organisation de la cérémonie, ainsi que les frais liés à la coiffure et à la robe de la mariée, outre la location de la salle et l'achat de petits gâteaux. Pour les plus pauvres, il a même offert gracieusement la chambre à coucher... Mais ne s'est pas privé, bien sûr, de le faire savoir! Vers vingt et une heures, bien escortés par les membres du parti, les couples se sont installés dans sept belles voitures luisantes de propreté et joliment décorées et se sont arrêtés devant la mosquée de La Manouba. Ils ont ensuite pris place dans des carrosses qui ont fait le tour de la ville avant de prendre la direction du stade Saïda Sassi. Les organisateurs n'ont pas lésiné sur les moyens pour faire de l'ambiance : jeux de lumière, feux d'artifice... Sur place, des organisateurs, des représentants du parti assuraient l'accueil des invités, et circulaient entre les tables pour s'assurer que rien ne manquait. Marketing politique et action de proximité! Les carrosses transportant les mariés arrivèrent sur fond de musique sonore. Ils entrèrent à l'intérieur de l'enceinte et firent le tour du terrain de foot avant de s'arrêter devant les chaises installées sur des estrades et illuminées par un jeu de lumière. Un cheikh prit place sur la scène et égrena des versets du Livre saint. Ce fut ensuite au tour d'une troupe de musiciens de chanter des chants religieux tout au long de la soirée, accompagnant l'artiste Faouzi Ben Gamra qui s'était proposé d'animer bénévolement la soirée, au rythme de chants soufis. «Contrairement à ce que pensent les gens, ces couples n'ont pas été choisis sur la base de leur appartenance politique, fait valoir Khadouja Belgacem, sympathisante. Ce sont des personnes d'origine modeste que nous avons voulu aider parce qu'elles n'ont pas les moyens de se marier. Nous avons sélectionné quelques-unes d'entre elles et les avons aidées à se marier». Parmi elles, Mohamed El Antit, chauffeur de profession, et Belgacem, marchand de légumes, issus de quartiers modestes. A la fin de la soirée, les couples ont même reçu un pécule pour faire face aux dépenses... Tout le monde est rentré content, avec le sentiment du devoir accompli... Y compris le devoir politique!