Il est 12h00 en ce jeudi 4 août. Le guichet municipal situé au Palmarium, en pleine artère centrale de la capitale, regorge de citoyens en quête de prestations administratives souvent urgentes. Quatre longues files empêchent les visiteurs d'accéder facilement à l'espace commercial. S'alignant en files indiennes, les citoyens s'arment de patience et de civisme; deux valeurs-clefs nécessaires pour une attente qui dure plus que prévu. 12h20. La file comptant les personnes qui s'apprêtent à faire une légalisation de signature n'a pas bougé d'un cran. Puis un autre guichet a été ouvert pour faciliter le travail et donner aux gens la possibilité de perdre moins de temps que prévu. Les aiguilles de la montre affichent 12h35. L'attente perdure. La fatigue et l'ennui gagnent ceux qui n'ont toujours pas bougé de leur place depuis tout ce temps. C'est alors qu'intervient un agent municipal pour informer les gens que, pour ce qui est des légalisations de signature, il existe deux files: l'une pour les femmes et l'autre pour la gent masculine ! Drôle d'idée ségrégative dans une société connue pour sa pro-mixité depuis des lustres ! Fort heureusement, les citoyens ont rejeté cette directive déplacée. Dans un guichet voisin, un monsieur, dont les papiers ne sont pas conformes, est appelé à régulariser sa situation. Mais il insiste et l'explication de la fonctionnaire monte graduellement de ton. La prestation, manifestement illégale, est finalement transférée à la fonctionnaire chargée des opérations de légalisation des signatures. Toutefois, cette dernière refuse de s'y soumettre et profite de la situation pour se livrer à des vocalises assourdissantes. «L'on se croirait au marché aux poissons», fait remarquer une citoyenne. Puis la tension monte à la grande surprise des citoyens. Loin d'être un simple spectacle burlesque, la dame du guichet s'énerve, quitte son poste, entre dans un bureau et ferme la porte sans même prendre la peine d'avertir les personnes en attente. Prenant leur mal en patience, les citoyens commencent à s'interroger sur leur situation après tant d'attente. On interroge la dame qui tient le guichet voisin et qui, elle aussi, s'occupe des légalisations de signature. Mais sa réponse est tout simplement surréaliste : il n'y a jamais eu d'autre guichet que le sien pour les légalisations... Bref, tous ces gens qui attendent devant ce guichet déserté sont là par hasard ! Non seulement les fonctionnaires n'accordent aucune importance à l'insupportable perte de temps causée par la lenteur de leur travail, mais ils vont aussi jusqu'à infantiliser les clients. La dame « démissionnaire » sort enfin du bureau tenant son sac à main et quitte les lieux sans mot dire. Il est 13h00. Une autre dame prend place dans ce guichet. Tâchant de faire de son mieux, elle passe une demi-heure rien que pour rendre service à deux citoyens. La foule se plaint encore d'une file qui n'avance toujours pas. «Merci mon Dieu de m'avoir créée mortelle», prononce une cliente à bout de patience. Ce qui est ironiquement paradoxal, c'est que au-dessus des guichets l'on a pris soin de placer une grande pancarte jaune sur laquelle a été indiqué «L'administration rapide». Et quelle rapidité !!