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Le régime parlementaire turc serait-il un modèle de choix pour la Tunisie post-révolution ? ( 1ère partie)
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 08 - 2011


Par Kilani BENNASR*
«... La vérité et la justice sont souveraines, car elles seules assurent la grandeur des nations. Quand on aime son pays, on dit la vérité...» (Emile Zola)
La révolution du 14 janvier 2011 a mis en évidence la faillite du régime de Ben Ali. La Tunisie est actuellement à la recherche d'une politique future, garantissant égalité sociale, liberté et démocratie au peuple et stabilité et souveraineté à l'Etat.
Il s'avère après étude des solutions alternatives que le modèle de régime parlementaire turc serait celui qui répond au mieux aux aspirations du peuple tunisien. L'armée tunisienne aura un droit de regard sur le gouvernement.
La Tunisie et la Turquie partagent plus d'un lien commun, la ressemblance des deux drapeaux témoigne l'affinité historique entre les deux pays durant plus de trois siècles, Depuis l'avènement de l'Islam, les peuples tunisien et turc partagent la même foi musulmane. En majorité sunnites, aucun des deux pays ne souffrent de dissensions à caractère religieux.
Dans le domaine politique, si depuis 1918 la Turquie opte pour la monarchie constitutionnelle; en Tunisie c'est le 20 mars 1956 où une monarchie constitutionnelle, complètement souveraine, est reconnue, le 25 mars les premières élections de l'Assemblée nationale constituante donnèrent une large victoire au front national composé autour du Néo- Destour.
Un autre point en commun, l'émancipation de la femme; en Turquie les femmes émergent sur la scène politique avant la Tunisie. A partir de 1919, des mesures sont prises pour faire évoluer le statut de la femme turque, interdiction de la polygamie, mariage civil obligatoire, interdiction du port du voile à l'école, scolarisation des filles.
En 1930, les femmes votent pour la première fois, sont éligibles aux élections locales et en 1934 aux élections nationales.
La Turquie est la destination préférée pour les Tunisiens et Tunisiennes, on y trouve l'accueil chaleureux pour faire du tourisme ou du shopping.
Les écoles militaires supérieures turques, fréquentées auparavant par les militaires tunisiens de haut rang, sont parmi les meilleures dans les pays occidentaux.
Aujourd'hui, la Tunisie est appelée à repenser sa stratégie à long terme en s'inspirant des idées forces qui l'ont rehaussée comme puissance méditerranéenne par le passé.
On peut citer parmi ces idées forces, la pérennisation de l'Etat et la religion.
En Tunisie, l'Islam est un facteur unificateur et non de discorde
Les puissances des rives nord et sud de la Méditerranée se sont toujours disputées le contrôle de ce bassin, de ses riches comptoirs et de ses détroits.
La Tunisie actuelle, ancienne puissance régionale sous d'autres noms, a vu ses frontières historiques terrestres et maritimes se rétrécir, par rapport à celles héritées des guerres puniques, du Fath islamique, de la colonisation espagnole, de la dynastie fatimide, de l'Empire ottoman et enfin du protectorat français.
La nature nous apprend que tout être faible est voué à la disparition ou à l'annexion ; aujourd'hui, pour se frayer une place sur l'échiquier mondial, il faudrait être puissant ou faire partie des puissants.
La Tunisie, connue pour sa résistance farouche aux déboires du temps, devra réviser ses choix stratégiques, ce qui pourrait prendre plusieurs années; ceci afin de faire face aux menaces et aux situations d'effondrement ayant secoué l'Etat depuis l'Indépendance.
La révolte du 14 janvier est la dernière des mésaventures qui fait régner une situation de doute sur l'avenir de la Tunisie. Rien n'est encore perdu par rapport à d'autres pays où sévit des guerres civiles sans merci et où s'installe le chaos. Tous les atouts sont encore entre les mains du peuple et de ses dirigeants pour mieux se préparer aux situations de crises futures menaçant l'Etat.
La Tunisie ne devrait compter que sur ses moyens intrinsèques, même modestes et sur un Islam «tunisien» réunissant la masse populaire.
La dynastie fatimide, pour se donner plus de rayonnement chez les croyants musulmans d'Ifriquia, tire son nom de Fatima, fille du Prophète Mohamed (salla allahou alayhi oua sallam, paix et bénédiction sur lui) et femme du quatrième calife Ali, lui-même cousin du Prophète.
Il serait plus sage que le gouvernement provisoire tunisien s'y consacre et n'attende pas le résultat des élections de l'Assemblée constituante ni celui des élections législatives, en espérant qu'elles aient bien lieu.
Rien ne sert de courir, il faut partir à point
Les résultats des élections de l'Assemblée constituante et des élections législatives représentent la clef de voûte du processus démocratique entamé le lendemain du soulèvement populaire du 14 janvier. Ils seront loin d'être des résultats de «loterie nationale». Tout est à prévoir dès maintenant en fonction de l'opinion générale qui serait déjà facile à identifier.
Le gouvernement provisoire tunisien, qui a le mérite d'assurer la continuité de la vie politique dans le pays et de gérer la crise humanitaire et sécuritaire sur les frontières sud, ferait mieux de « tirer le tapis sous les pieds » des partis extrémistes, en se montrant plus souple et plus compréhensif envers les citoyens pieux non extrémistes. Même provisoire, le gouvernement actuel est le gouvernement de tous les Tunisiens, quelles que soient leurs obédiences.
Il serait imprudent de brandir des menaces contre les religieux tunisiens si un jour les islamistes gagnent les élections ou de laisser se propager des intox pareils; depuis le 14 janvier, la masse populaire tunisienne est de plus en plus difficile à gouverner, n'a plus peur de rien, seul un langage religieux simple et des actes sincères peuvent les ramener à la raison.
Dans tous les cas, en Tunisie, il n'y aurait ni les moyens ni l'espace nécessaire pour mettre à sac un parti qui gagne les élections, d'abord on n'en a pas le droit, quel que soit le prétexte, ensuite, une confrontation armée sera coûteuse et dévastatrice pour le peuple et la nation.
La pérennité de l'Etat est un objectif sacré de la Tunisie; elle devrait tirer des enseignements de sa propre histoire et de celle des pays ayant en commun des liens solides, comme la Turquie.
Le miracle turc : une puissance à califourchon sur deux continents
Au cours de la période d'études militaires que j'ai effectuées de 1991 à 1993 en Espagne, la Turquie est présentée comme étant une puissance régionale à qui il a manqué peu pour atteindre le niveau de l'Espagne, puissance coloniale de tous les temps.
A l'occasion des présentations de thèmes stratégiques, les étudiants militaires espagnols réaffirment que la Turquie, après avoir franchi toutes les étapes pour une ouverture totale sur l'Europe, en approuvant la laïcité et en remplaçant l'alphabet arabe par les caractères latins, aurait dû aller jusqu'au bout : quitter la religion musulmane et se reconvertir au christianisme, la religion de Constantinople capitale de Byzance de l'époque.
Dans la réalité, la Turquie, si elle accuse un léger retard par rapport à l'Europe, la religion musulmane n'y est pour rien. Il y a bien d'autres raisons, le facteur religieux ralentisseur du développement viendrait surtout de l'attitude hostile des Européens occidentaux refusant tout partenariat économique ou technologique avec la Turquie moderne musulmane.
En revanche, tout au long de l'histoire, les réalisations de la Turquie sont «pharaoniques» sur plusieurs plans :
L'Empire ottoman est resté un Etat puissant, de 1299 jusqu'au 19e siècle. Tout en conservant la foi musulmane pour son peuple, la Turquie continue à consolider l'Etat turc «la Porte sublime» et défendre ses intérêts. Bénéficiant du plan Marshall, elle est toujours membre au conseil de l'Europe, et aussi membre de l'Otan depuis 1952; elle est en fait plus occidentale que certains pays européens.
Le mouvement nationaliste, mené par Mustafa Kemal Atatürk, qui appartenait alors au mouvement «Jeunes Turcs», définit dès juin 1919, dans la déclaration d'Amasya, les raisons pour lesquelles le gouvernement impérial ottoman, considéré comme illégitime, doit être remplacé pour que les intérêts nationaux des Turcs soient défendus. Il obtient un soutien important de la population et de l'armée.
Le gouvernement provisoire conduit par Mustafa Kemal récupéra enfin une partie des territoires cédés par le traité de Sèvres.
A l'Est, il signa un autre traité avec le gouvernement bolchevik russe : le Traité de Kars (1921). Par ce traité, la Russie soviétique rend à la Turquie un territoire pris à l'Empire ottoman en 1878, peuplé de tribus arméniennes et kurdes.
A l'Ouest, le mouvement nationaliste engagea la guerre gréco-turque pour récupérer les côtes ouest de l'Anatolie. Au Sud, en Cilicie (Tarsus), il empêcha la constitution d'une région autonome arménienne sous protectorat français, prévue par le traité de Sèvres.
Finalement, le sultanat est aboli le 1er novembre 1922.
Enfin, clef de voûte du processus initié par Mustafa Kemal, le 29 octobre 1923, la République de Turquie est proclamée, il est aussitôt élu président.
Tout au long de son histoire contemporaine, l'armée turque reste le pilier de la nation, quoique ayant mené un coup d'Etat, le 17 septembre 1961, suivi d'autres interventions militaires répressives en 1970 et en 1980.
C'est à l'issue de ce coup d'Etat de 1980, qu'un Conseil national de sécurité MGK a vu le jour. Le peuple et les grands dignitaires turcs reconnaissent au MGK son rôle de salut de la patrie dans les moments difficiles et quand les principes de la laïcité initiés par Atatürk sont menacés.
La mise en place du Conseil national de sécurité (MGK) a pour mission de concilier la nature démocratique du régime, les principes fondateurs de la République turque et l'Islam.
A partir de 1991, la Constitution est réformée pour satisfaire aux critères démocratiques exigés par la candidature de la Turquie à la CEE puis à l'Union européenne.
En 2002 le parti AKP, Parti pour la justice et le développement, considéré comme islamiste modéré, remporte nettement les élections législatives et revendique une «démocratie musulmane» à l'image de la «démocratie chrétienne» dans d'autres pays.
La Constitution turque continue d'accorder à l'armée un rôle de surveillance de l'exécutif, un rôle inexistant dans les pays occidentaux.


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