Le rythme de vie dans les villes est celui du monde musulman. Il est marqué par des temps forts liés aux pratiques religieuses. Des grappes de femmes et d'hommes prennent d'assaut le marché central, situé en plein centre-ville. 13h30, le souk apparaît rigoureusement organisé et la disposition interne de ses et étalages ne doit rien au hasard. Ce mois saint a provoqué une valse des étiquettes, une hausse des prix. Quelques produits de base ont du mal à échapper à cette tendance. Au marché central, selon certains, «il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses». Les Tunisiens n'ont pas délaissé leurs habitudes. Certaines mères de famille discutent de mets telle la bouza à base de sorgho et de noisettes , consommée au mois de Ramadan. Cependant, les connaître n'est pas connaître le Vieux Tunis! D'autres se préoccupent de la flambée des prix du poisson : le rouget est à 16D,800, la crevette royale à 20D,800, le thon oscille entre 3D,980 et 4D,500, l'espadon est à 14D,800, la daurade à 15D,800, le calamar à 16D,800. Alléchants et variés, ces produits de la mer attirent l'attention de la clintèle mais les prix découragent les mères de famille qui gèrent avec ingéniosité le budget familial. Ces dernières se dirigent finalement vers la zone des volailles. «Le poisson et les viandes rouges sont hors de prix. Je confectionne mes plats à base de volailles dont le prix reste abordable pour les bourses moyennes», raconte une mère au foyer, qui précise qu'elle fait ses emplettes au marché central depuis l'arrivée du mois saint. «La qualité est assurée mais les prix des légumes, des fruits et des viandes, à quoi il faut ajouter le poisson, les olives, la malsouka et les dattes, ont enregistré une hausse considérable. Une botte de radis à 500 millimes ou encore une laitue à 750 millimes, tandis que la malsouka a atteint les 800 millimes la douzaine et parfois les 900». Certes, dans les rayons réservés aux fruits et légumes les prix affichent la même tendance : le kg de citron est proposé à 2D,70 alors que celui de la tomate varie entre 400 et 500 millimes. Les pêches sont à 2D,980, le raisin, encore précoce en cette saison, à 2D,950… «Les prix des produits alimentaires ne sont pas à la portée du consommateur, déclare Saleh, fonctionnaire. A cela s'ajoute une absence flagrante des agents du contrôle des prix. Livrés à eux-mêmes, les commerçants optent pour des prix de vente déterminés selon leur propre gré». Certains consommateurs avisés se sont approvisionnés avant l'arrivée du mois saint afin d'éviter la hausse des prix. D'autres font preuve de retenue et se veulent plus raisonnables. Ne dit-on pas à juste titre que Ramadan n'est pas voué à la consommation excessive mais se mesure à sa portée spirituelle.