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De la base sociale de la dictature (1ère
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 08 - 2011


Par Sghaier Salhi*
En Tunisie, la dictature post-indépendance a duré plus de cinquante ans. Cette dictature a su élaborer une organisation, et des mécanismes de contrôle de la société et de l'économie, lui permettant l'établissement d'un équilibre sociopolitique et la sauvegarde de cet équilibre.
Son maintien au-delà des personnes des dictateurs et sa stabilité relative s'expliquent par différents facteurs. Les spécificités socioéconomiques offrent à notre avis les éléments d'explications les plus pertinents.
Historiquement, la dynamique, de l'indépendance a donnée lieu à une lutte interne dans les rangs du mouvement national. Bourguiba a remporté cette lutte par le jeu d'alliances internes et par l'apport de l'appui des Français. Le congrès de 1955 du parti destourien dit «congrès de Sfax» représente la consécration de cette alliance, dont le résultat immédiat était l'éviction de Salah Ben Youssef et le triomphe de Habib Bourguiba.
Du point de vue social, cette alliance regroupe l'Ugtt, syndicat, essentiellement de fonctionnaires, et l'aile dirigiste du parti, représentant la petite bourgeoisie urbaine. Pour résumer la scène : le congrès du parti a adopté la motion socioéconomique de l'Ugtt
Curieusement, cette alliance n'a pas de contenu explicite en termes de politique économique, par contre elle a une forte dimension régionale: c'est la coalition de l'intérieur contre la capitale.
L'expérience socialiste qui a tenté de concrétiser «le programme économique de l'Ugtt» a abouti officiellement à l'échec. Néanmoins l'alliance résiste, et se précise même.
A la fin des années soixante, la coalition régionale se trouve de fait réduite à la région du Sahel ; Sfax comprise. Le pouvoir devient sahélien. Les implications de ce dernier aspect feront l'objet d'un traitement séparé.
La rente, solution politique
Affaibli par l'échec de l'expérience socialiste menée par Ahmed Ben Salah, le pouvoir observe l'effritement de sa légitimité historique, Bourguiba ordonne «un arrêt de contemplation».
L'associé principal du pouvoir, l'Ugtt, et le parti s'en sortent affaiblis, mais demeurent incontournables.
A la fin des années soixante le décor socioéconomique est planté : régime dictatorial centralisé et contesté, pouvoir politique sahélien, économie étatisée en crise, administration omnipotente, et syndicat de fonctionnaires fortement associé au régime.
A défaut de pouvoir renouveler sa légitimité, «trop coûteuse», le régime se contente de la mise en place de réseaux de soutien urbains.
Soucieux de redémarrer l'économie, le pouvoir opte pour la «libéralisation» économique trop administrée. La conception et la mise en place de ce nouveau système ont été confiées à Hédi Nouira et Mansour Moalla: un rentier traditionnel et un spéculateur financier.
En cette période, les recettes de l'Etat sont constituées de l'exportation des richesses naturelles, phosphate et pétrole, et produits agricoles, des revenus des immigrés tunisiens à l'étranger, et l'aide internationale. Une richesse produite sans génération de valeur ajoutée. En fait, l'Etat accumule les richesses, sans se soucier de la mise au travail de la population. Il se soucie davantage de la distribution de cette richesse. Un système de rente.
L'administration, l'organe vital de la dictature
Conformément à ses approches dirigistes, au lendemain de l'indépendance, le pouvoir politique a choisi l'administration pour asseoir sa domination sur la société. Aussi elle dispose du pouvoir économique du secteur public. De sa totalité pour une économie étatisée.
Le congrès de Bizerte en 1964 entérine le système du parti unique. Il en découle l'enchevêtrement organisationnel du pouvoir, du parti et du syndicat. L'administration se dote alors du pouvoir politique, avec le soutien actif de l'Ugtt, syndicat essentiellement d'agents publics.
L'aboutissement de cette concentration de pouvoirs a fini par imposer la vision par laquelle l'administration représente à la fois l'Etat, le gouvernement et la société.
Le règne, sans contre-pouvoir, de l'administration est établi. Ne vous inquiétez pas, l'administration sait tout, l'administration fait tout, elle ne se trompe pas.
Jusqu'à ce jour, l'administration aura un rôle central, et une position décisive dans la gestion du pays. Elle est le seul des trois acteurs du pouvoir (avec le parti et l'Ugtt) à ne pas connaître d'affaiblissement, au contraire. Elle devient le centre de conception et l'outil de concrétisation des contrôles socioéconomiques de la dictature. Plus qu'une composante de la base sociale de la dictature, l'administration constitue aussi le système de gestion de cette base, et la garante de la «pérennité» de la dictature.
Pour s'assurer du soutien au régime de ses propres fonctionnaires, les outils de captage sont aussi classiques que la gestion des carrières individuelles. Les plus fervents ou les plus engagés sont promus à des postes politiques ou de responsabilité. L'administration est la catégorie sociale la plus représentée dans les gouvernements post-indépendance.
La fidélisation au régime s'appuie aussi sur des avantages sociaux dit spécifiques à la fonction publique, relatifs à la retraite, aux crédits, à l'habitat etc. et plus généralement à la législation du travail.
Les privilèges et avantages informels qui découlent directement ou indirectement de l'exercice de la charge administrative sont porteurs de soutien au régime. Népotisme, trafic d'influence et corruption sont parmi les avantages informels.
L'organisation de la rente dans l'économie
Par sa systématisation, en tant que mode de gouvernance économique, la rente couvrira l'activité productive naissante.
Ainsi l'exercice de toutes activités économiques est objet d'accord administratif pouvant porter le nom d'agrément, de licence, de quota, ou de titre, ou plus simplement d'autorisation administrative. Elles couvrent l'investissement, la production, le commerce extérieur, le commerce de détail, le tourisme, les services tous secteurs confondus, etc. Bref, tous les pans de l'activité économique, dans leurs détails les plus fins, sont «régulés».
Au final l'Etat exerce un très fort contrôle sur les sources de la richesse créée localement. Les critères et procédures d'octroi de ces autorisations sont : proximité, allégeance au pouvoir et soutien au régime. C'est l'accomplissement du système économique rentier.
Soutien politique contre rente économique sont les termes du troc. Les avantages informels sont aussi appréciés par l'administration.
Les «heureux élus» de système de captage de soutien politique se recrutent naturellement parmi les rentiers traditionnels, et les spéculateurs. Mais aussi dans les rangs de commerçants qui se «substituent» aux industriels et surtout des «proches» dans les sens les plus divers du terme.Les arrivistes et les opportunistes sont aussi bien servis.
La doctrine est simple: le travail ne rend pas riche. La richesse est à l'extérieur de la société, elle est dans le pouvoir. C'est le régime qui décide de l'enrichissement des opérateurs économiques. L'enrichissement par décret est né. Quant à l'appauvrissement sur ordre, il est déjà connu.


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