LG présentera "Innovation en harmonie avec vous" au CES 2026    Lab'ess lance le 14ème cohorte de son programme d'Incubation : les projets à impact environnemental appelés à candidater    40 % des Tunisiens utilisent les services numériques    L'ambassade des Etats-Unis en Tunisie réduit ses activités en raison des changements apportés au Code du travail    Coupe du Monde 2026 : découvrez l'heure du tirage au sort et où le regarder    UGTT : une grève générale annoncée    Slaheddine Belaïd: La Main rouge, au cœur de multiples assassinats en Tunisie à l'époque du colonialisme français    JCC 2025, la Palestine au coeur des journées cinématographiques de Carthage : jury, hommages et engagements    nouvelair dévoile sa nouvelle offre tarifaire au départ et à destination de la Turquie    18 gouvernorats sous vigilance jaune : orages, grêle et vents forts attendus    La médina au temps des pachas beys de Mohamed El Aziz Ben Achour    0,5 % sur les salaires et 3 % sur les sociétés... pour financer les fonds sociaux    Alerte aux faux DeepSeek : l'IA, nouvelle arme des arnaques numériques en Afrique    Match Tunisie vs Palestine : où regarder le match de Coupe Arabe Qatar 2025 du 04 décembre?    Tunisie – Palestine : composition probable ce soir    Ce dimanche, le Palais Ahmed Bey à la Marsa accueille la présentation du nouveau livre «La médina au temps des pachas beys» du Pr Mohamed El Aziz Ben Achour    Patrimoine tunisien : le musée de Carthage retrouve les visiteurs    Tourisme en Tunisie : les Britanniques encore plus nombreux    Météo en Tunisie : pluies temporairement orageuses sur les régions de Bizerte, Béja et Jendouba    Budget 2026 surchargé : Gourari met en garde, les Tunisiens paieront le prix !    Diffusion massive : quatre chaînes pour suivre la rencontre..en direct    Zoubeida Khaldi: Le dernier fantôme    Prix Abdelwaheb Ben Ayed de la Littérature 2025 : lauréats de la 5ème édition    La sélection tunisienne féminine de handball marque l'histoire : 1ère qualification au tour principal Mondial 2025    Météo en Tunisie : Des pluies sur plusieurs régions, chutes de grêles au nord-ouest    Article 69 : le garde-fou qui protège les caisses de l'Etat tunisien    Immigration stoppée : les Etats-Unis ferment la porte à 19 pays    Des élections au Comité olympique tunisien    Ciné-Musée 2025 : un programme culturel riche entre Sousse et Tozeur    Le Prix Aboul Kacem Chabbi 2025: Un hommage à la Palestine    La Poste Tunisienne émet des timbres-poste dédiés aux plantes de Tunisie    Météo en Tunisie : pluies éparses attendues le soir sur le nord    Décès de Nizar Cheikh Rouhou, président de la Chambre nationale des agents immobiliers    Paul Klee, la lumière d'Ez-Zahra et la naissance d'un univers pictural    Match Tunisie vs Syrie : où regarder le match de Coupe Arabe Qatar 2025 du 01 décembre?    Samir Samaâli: Le ruban rouge, la stigmatisation et l'ombre des préjugés    Mohamed Ali Nafti représente la Tunisie aux forums africains sur la paix et la justice    Inondations et glissements meurtriers frappent la région : des dizaines de morts    Choc : Trump réexamine les cartes vertes de migrants de 19 pays, dont 4 arabes !    Sonia Dahmani libre ! Le SNJT renouvèle sa demande de libération des journalistes Chadha Haj Mbarek, Mourad Zghidi et Bourhen Bssaies    Chine: L'Orient du développement, modèle d'avenir pour le Sud ?    Ghalia : la chanson qui secoue la Tunisie contre les violences faites aux femmes    Elyes Ghariani: L'Union européenne à l'épreuve des nouvelles dynamiques sécuritaires    Le jour où: Alya Hamza...    Ridha Bergaoui: Des noix, pour votre plaisir et votre santé    Secousse tellurique en Tunisie enregistrée à Goubellat, gouvernorat de Béja    New York en alerte : décès de deux personnes suite à de fortes précipitations    Le CSS ramène un point du Bardo : Un énorme sentiment de gâchis    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Perspectives pour la conservation du patrimoine vivant en Tunisie
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 08 - 2011


Par Mohsen KALBOUSSI *
Les efforts que la Tunisie a fournis durant les dernières décennies en termes de préservation de ses ressources naturelles restent encore à consentir, et bien des stratégies sont à revoir à la lumière des changements que vient de connaître le pays au courant de cette année. Dans le présent papier, nous nous limitons aux besoins relatifs à la préservation de nos ressources biologiques naturelles, notamment animales.
Etat des lieux
Le premier inventaire des espèces naturelles vivant en Tunisie a été initié par le ministère de l'Environnement à la fin des années 1990 et a été actualisé il y a deux années. Même si cet effort est louable, il ressort des rapports publiés que des lacunes de connaissances relatives à de nombreux groupes zoologiques demeurent.
Le milieu marin
Les espèces vivant en milieu marin sont relativement bien connues, en raison de leur importance économique, notamment les poissons, certains crustacés et mollusques. Un inventaire complet des invertébrés marins reste encore à établir, surtout concernant leur statut systématique et leur distribution géographique. Les mammifères marins sont également peu ou pas étudiés et les informations relatives à leur diversité sont éparses. Les facteurs ayant causé la disparition du phoque moine par exemple de certaines îles tunisiennes ne sont pas connus.
Seule la population de caouanes (tortues marines) nidifiant sur les îles Kuriates a été suivie, en raison d'un programme international. Les autres espèces de tortues fréquentant nos côtes ne sont que rarement signalées, et peu d'informations les concernant sont disponibles. Les causes de mortalité des caouanes (constatées pendant la saison hivernale de 2010 dans le golfe de Gabès) ne sont pas encore élucidées. Des questions liées à ce phénomène demeurent en suspens, telles que : est-ce que ce phénomène est épisodique ou régulier, et est-il lié à la pollution chimique des eaux du golfe ? Touche-t-il uniquement cette espèce, ou affecte-t-il d'autres espèces vivant dans les mêmes milieux, comme les oiseaux d'eau ou peut-être les mammifères marins ? La dynamique de migration de l'espèce dans le domaine marin de la Tunisie n'est pas non plus connue, et aucun programme n'a été initié afin de répondre à ces questions.
La progression des espèces invasives, notamment celles venant de la mer Rouge (poissons et mollusques notamment), le long de nos côtes, demande un suivi régulier et continu. Leur interaction avec les espèces natives et leurs effets sur la structure et le fonctionnement des écosystèmes marins nécessitent beaucoup d'efforts d'investigation.
Il y va sans rappeler la présence le long de nos côtes de la caulerpe, une algue d'origine tropicale qui a envahi la Méditerranée depuis le début des années 1990. La progression de cette algue dans le milieu marin et ses effets réels ou potentiels sur les milieux qu'elle envahit demandent beaucoup d'efforts de suivi et de recherches.
Le milieu terrestre
Si des lacunes de connaissance en termes d'inventaire concernent les espèces animales se trouvant en Tunisie, elles sont essentiellement relatives au milieu terrestre. Beaucoup de groupes demeurent entièrement inconnus, notamment les insectes, qui constituent la majeure partie du monde vivant (plus de 80% des espèces décrites à ce jour dans le monde). Certains travaux ont été menés, mais une actualisation du statut taxinomique des différents groupes, leur distribution géographique et leur rôle dans les différents types de milieux qu'ils habitent sont encore à initier et à développer.
Il paraît paradoxal de dire que certaines connaissances acquises pendant la période coloniale ont par la suite été perdues. Nous nous limitons uniquement aux travaux sur certains groupes d'insectes (hyménoptères, lépidoptères). La création de l'université tunisienne n'a malheureusement pas permis de capitaliser ces travaux et avancer pour cumuler de nouvelles connaissances. Si le monde s'est orienté vers l'inventaire des ressources vivantes, c'est surtout pour voir les modifications apparues dans leur abondance et diversité, suite aux dysfonctionnements apparus dans les écosystèmes majeurs du globe. La Tunisie ne peut pas faire exception à ces processus, et il est très probable que des espèces encore inconnues pour la science existent dans le pays, notamment parmi les invertébrés terrestres. De grands efforts sont donc à fournir dans ces domaines.
Les vertébrés ne sont pas en reste; la preuve étant la description de nouvelles espèces à partir d'échantillons prélevés en Tunisie. A titre d'exemple, nous citons une espèce de vipère connue uniquement dans la région de Beni Khedeche, au sud du pays. Les lacunes de connaissances relatives aux différents groupes concernent notamment la systématique, l'écologie et la distribution géographique, pour ne se limiter qu'aux aspects fondamentaux.
Il faut souligner le fait que l'apport des compétences nationales en termes de connaissance de la diversité du vivant est surtout limité par deux facteurs :
– la difficulté d'accès au terrain, liée au manque de moyens mis à la disposition des chercheurs qui intègrent cette dimension dans leurs travaux ;
– l'absence de structure fédérant les travaux et les capitalisant. Il y a lieu de rappeler que dans les pays développés, la gestion du patrimoine vivant est centralisée au niveau des muséums d'histoire naturelle. Ce genre de structure est absent chez nous, et les connaissances ne peuvent avancer que si une institution pareille est créée.
L'absence d'un tel établissement nous laisse dépendants vis-à-vis des muséums étrangers. Il faut ajouter que le Code international de nomenclature zoologique (CIZN) exige que des représentants des taxons (notamment les espèces) nouvellement décrits soient déposés dans un muséum reconnu. Cette demande a été évoquée dans de nombreux congrès scientifiques nationaux, mais est restée lettre morte, en raison de l'absence de suivi, mais aussi du manque de volonté pour faire avancer certaines disciplines scientifiques, notamment les sciences de la vie.
La création d'un muséum d'histoire naturelle en Tunisie peut se faire dans un établissement de recherche ou d'une université, pour au moins donner un nouvel élan aux travaux sur la biodiversité et les sciences naturelles en général (zoologie, botanique, géologie).
Des perspectives alternatives
Pour pallier les manquements soulevés plus haut, des mesures simples, mais concrètes, peuvent être initiées pour vaquer aux tâches les plus urgentes. Il s'agit, entre autres de :
– l'implication du ministère de l'Environnement dans le financement de la recherche sur les ressources vivantes, notamment terrestres, même dans des domaines limités ou dans des espaces particuliers (aires protégées, zones sensibles, espèces phares…) ;
– la définition de priorités nationales en termes de connaissance des ressources vivantes (surtout animales), pour combler le hiatus qui nous sépare de nombreux pays du monde et inventorier avec précision nos ressources ;
– la création d'une base de données nationale, gérée par un organisme de recherche à défaut d'un muséum, où seront consignées avec précision les espèces de vertébrés présentes dans le pays et leur distribution spatiale, afin de s'arrêter sur les limites de leur distribution et leur statut (abondance et rareté);
– le lancement de programmes pilotes pour l'inventaire et le suivi dans le milieu naturel d'espèces peu communes, rares ou peu connues, notamment les espèces nocturnes;
– le suivi de la dynamique des populations d'espèces dont l'accroissement des effectifs est la source de nombreux problèmes sociaux ou économiques, particulièrement le cas du sanglier;
– l'initiation de nouvelles pratiques de gestion du gibier basées notamment sur l'estimation des effectifs et l'obligation aux chasseurs de déclarer les effectifs d'animaux chassés;
– l'intégration de nouvelles pratiques, afin de renforcer des espèces menacées à l'échelle nationale ou mondiale, en créant un ou plusieurs centres de multiplication en semi-captivité de ces espèces (surtout les oiseaux et les mammifères);
– la mise en place de programmes de lutte contre les espèces invasives dans des milieux particulièrement fragiles, comme le cas du surmulot dans les oasis;
– l'étude prioritaire des espèces endémiques maghrébines ou nord-africaines, car leur répartition mondiale est limitée uniquement à cette partie du globe…
Nous nous arrêtons aux éléments présentés plus haut, mais insistons sur un point : la préservation de notre patrimoine vivant pour les générations futures passe par la mise en place d'une politique de développement soutenable alliant les besoins humains à ceux des espèces naturelles vivant en Tunisie. Ces dernières constituent une part de notre identité culturelle et engagent notre responsabilité quant à leur maintien sur le long terme sur notre territoire. A bon entendeur salut !


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.