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Les études universitaires à l'étranger
Pour ou contre
Publié dans Le Temps le 01 - 09 - 2008

Le Pour : Mahdi Kabous, enseignant universitaire à Montréal - « Les frontières sont tombées et des diplômés en plus ne peuvent que servir les enjeux du développement.»
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Le Contre : Salah Saïdi, doctorant à Tunis - « Les études à l'étranger doivent se limiter aux filières inexistantes chez nous. Il faut respecter les équilibres du marché local de l'emploi. »
Les statistiques disponibles montrent que plus de dix milles étudiants tunisiens poursuivent actuellement des études à l'étranger.
La France occupe encore une position de choix dans les destinations choisies par les étudiants. Elle est le partenaire privilégié pour les études de 3ème cycle, les préparations des thèses de doctorat, etc. Mais, l'Allemagne, la Roumanie, l'Ukraine, la Russie, le Maroc, l'Algérie et, même, la Libye et le Sénégal constituent des destinations pour ces jeunes étudiants à la recherche de diplômes de notoriété qu'ils n'ont pas pu obtenir en Tunisie. Le créneau est tellement porteur que des sociétés de services ont été créées pour gérer ce flux. Donc, les études à l'étranger constituent aussi bien une destination de recherche approfondie pour les uns qu'une alternative pour d'autres dont l'orientation universitaire n'a pas été satisfaisante à leurs yeux. L'étranger, c'est le berceau de l'excellence, d'un côté, et l'échappatoire d'un choix d'orientation imposée, d'un autre côté.
Ainsi, chaque année, les bacheliers les plus brillants bénéficient d'une trentaine de bourses de coopération en France et en Allemagne. Ces étudiants ont droit à préparer à l'étranger les concours des grandes écoles françaises et allemandes. Généralement, ils parviennent à accéder ultérieurement à des écoles de renommée comme l'Ecole Polytechnique de Paris, l'Ecole Centrale ou l'Ecole des Mines. Ces étudiants réussissent de grandes carrières et font le bonheur des entreprises à l'échelle internationale. Ils renforcent, chaque année, le staff des compétences tunisiennes à l'étranger qui se comptent par milliers.
Sur un autre niveau, et toujours à la recherche d'études de qualité, les universités tunisiennes ont multiplié les actions de partenariat avec des universités étrangères pour permettre à leurs diplômés d'accéder à des instituts de notoriété internationale et d'obtenir des diplômes certifiés. Les masters et les doctorats sont préparés par des staffs conjoints. Des contrats de recherche sont accordés à ces diplômés qui promettent. Là encore, la France occupe le devant de la scène et offre des opportunités intéressantes.
Mais, l'alternative française est plus délicate pour les bacheliers aux capacités modestes. Ces derniers sont obligés de passer par des pré-inscriptions et par un système sélectif de quotas dans les universités françaises. C'est pourquoi on assiste depuis plus d'une décennie à l'éclosion d'autres destinations offrant des possibilités de choix aux étudiants tunisiens. C'est dans ce cadre que s'est développée l'option de l'Europe de l'Est. La Roumanie, l'Ukraine et la Russie offrent des possibilités d'études en médecine, médecine dentaire et pharmacie qui reviennent moins chères qu'en France ou en Allemagne. La recherche des diplômes a conduit les étudiants tunisiens vers d'autres issues. La proximité de la Libye a fait que des bacheliers s'y sont adressés pour des études en droit et en pétrochimie. Le niveau de vie abordable au Sénégal et la prévalence de la langue française ont amené d'autres étudiants à aller poursuivre des études en médecine à la faculté de Dakar où enseignent des professeurs tunisiens.
Ainsi, l'étranger offre des opportunités et permet d'accéder à des diplômes de notoriété internationale. Mais, de multiples problèmes surgissent des suites de ces études. Ainsi, des milliers d'étudiants tunisiens poursuivent ces études à l'étranger grâce à des transferts d'argent de leurs familles à partir de la Tunisie. Lesquels transferts s'élèvent annuellement à des dizaines de millions de dinars en devises. Et malgré ces sacrifices consentis par l'économie nationale en leur faveur, une bonne partie de ces étudiants ne rentre pas au bercail une fois obtenu les diplômes. Les plus brillants sont arrachés par les entreprises et les établissements européens. Les autres diplômés rentrent pour installer davantage de concurrence dans un marché d'emploi déjà saturé pour des disciplines comme la médecine, la pharmacie et la médecine dentaire. Donc, si l'on constate les résultats obtenus, ces sacrifices de la communauté nationale méritent-elles d'être consenties et qu'en est-il de leurs conséquences sur les équilibres de l'équation formation-emploi ?
Les avis divergent sur cette problématique. Une partie des spécialistes tunisiens en la matière soutient qu'il faut laisser ouverte l'option de l'étranger mais sans facilités accordées par l'Etat en matière de transfert d'argent. Les autres pensent qu'avec la mondialisation et la convertibilité attendue du dinar, la problématique est erronée. Pour ces derniers, le monde est en train d'évoluer vers un modèle uniforme auquel on est appelé à coller. Entendons l'argumentaire des uns et des autres.
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Le Pour : Mahdi Kabous, enseignant universitaire à Montréal - « Les frontières sont tombées et des diplômés en plus ne peuvent que servir les enjeux du développement.»

Mahdi Kabous est un professeur universitaire âgé de 48 ans, installé au Canada. Il a obtenu son baccalauréat en Tunisie à la fin des années soixante-dix. Il a étudié durant une année universitaire à la faculté des sciences de Tunis. Ensuite, il est passé en France où il a obtenu une maîtrise de chimie. Il a atterri au Canada pour un master spécialisé. A Montréal, il a obtenu un Doctorat et déniché un poste de professeur chercheur. Il se dit satisfait de sa situation et n'a pas de remords d'avoir quitté sa Tunisie natale qu'il visite régulièrement. Il tient à ce que ses enfants aient une idée de leur pays d'origine et ne perdent pas contact avec la culture de leurs ancêtres. Il n'empêche qu'il soit un adepte de la mondialisation. Interview :

Le Temps : En choisissant de s'installer au Canada, ne vous sentez-vous pas en marge de ce qui se passe en Tunisie ?
Dr Mahdi Kabous : Loin de là, les Technologies d'Information et de Communication ont transformé le monde en un petit village. Nous sommes à Montréal au courant en temps réel de ce qui se passe en Tunisie. D'ailleurs, je suis en train d'encadrer de jeunes doctorants tunisiens et je suis conscient qu'à partir de ma situation actuelle, je sers mieux les intérêts de la Tunisie que si j'étais enseignant à l'université tunisienne. Ici, je peux permettre aux étudiants l'accès aux études, aux bourses de recherche et aux entreprises. Je peux leur permettre d'avoir d'intéressantes perspectives d'avenir. Par contre, si j'étais en Tunisie, je me serais limité à la formation académique.

. Mais vous prônez d'être une partie prenante du développement de votre pays et vous vous considérez un Tunisien à part entière. Il faudrait être sur place pour ça.
- Ceci n'empêche pas cela. Les compétences tunisiennes à l'étranger n'ont pas cessé d'œuvrer pour ouvrir les horizons à leurs compatriotes de l'intérieur. Ils ont noué des liens. Ils ont établi des contrats de partenariat. Ils ont facilité de l'embauche. La présence de ces compétences sur place a fait qu'ils ont leur mot à dire dans les orientations des établissements étrangers où elles travaillent. Ainsi, l'intérêt pour la Tunisie est mieux ressenti et la plus-value est plus consistante.

. Mais, on risque d'être d'éternels dépendants de ce monde occidental !
- Ecoutez ! La Mondialisation est un fait accompli et tous les pays doivent agir en conséquence. Toutes les parties du Monde réagissent désormais en interaction. Donc, le fait d'avoir quelqu'un titulaire d'un poste de responsabilité à l'étranger est un investissement très rentable. Il va influer positivement sur les choix de l'entreprise. Je ne comprends pas pourquoi certains maintiennent encore ce langage révolu à propos de la dépendance. C'est une question de complémentarité et nous avons intérêt à y contribuer pleinement.
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Le Contre : Salah Saïdi, doctorant à Tunis - « Les études à l'étranger doivent se limiter aux filières inexistantes chez nous. Il faut respecter les équilibres du marché local de l'emploi. »

Salah Saïdi est un jeune doctorant. Il a fait ses études à Tunis et a échoué dans ses tentatives d'obtenir une bourse à l'étranger. L'année de son baccalauréat, il a raté de peu l'IPEST de la Marsa. Lors de la préparation du master, il est passé à côté d'une bourse de coopération et, cette année, il n'a pas eu de chance pour une bourse de recherches aux Etats-Unis. Son dossier était parvenu après les délais. Il n'empêche qu'il soit un brillant étudiant selon ses encadreurs qui voient en lui un potentiel maître de conférences très brillant. Salah tient beaucoup à la notoriété de l'université tunisienne et à la qualité du travail fourni par les académiciens tunisiens. Il trouve qu'on est en train de trop dévaloriser l'enseignement local. Interview :

Le Temps : Vous prétendez que les diplômés tunisiens n'ont rien à envier à leurs homologues étrangers. Pourtant, ce n'est pas l'avis des experts internationaux.
Salah Saïdi : Si. Les experts internationaux n'ont jamais évalué un travail à partir de son origine géographique. Ils le font à partir de ses tenants et de ses aboutissants. Or, les populations du Sud ont une plus forte marge de progression. Donc, elles sont plus adaptées aux recherches sur le terrain. Seulement, on remarque un manque de dynamisme dans la gymnastique des esprits des enseignants qui est sûrement dû au volume du travail. Tous les enseignants universitaires qui sont venus ici pour des colloques, sont rentrés impressionnés par la qualité du travail accompli.

. Mais ils ont insisté aussi sur les défaillances. Ils ont surtout parlé du manque de moyens mis à la disposition de ces établissements universitaires.
- C'est vrai ! C'est pourquoi il faut que tous les moyens soient mis à la disposition du développement de l'université, y compris ces fonds alloués aux bourses à l'étranger et ces ressources humaines en poste à l'étranger. Imaginez un peu si toutes les compétences tunisiennes installées à l'étranger fassent un mois en Tunisie chaque année pour l'encadrement des étudiants tunisiens. C'est un vœu qui ne doit pas leurs échapper s'ils ont encore du sang tunisien dans leurs veines et s'ils considèrent qu'ils doivent rendre un peu de bien à ce pays qui les a élevé à ce rang de notoriété internationale.

. Donc, pour vous, il faut plutôt se limiter à développer l'intérieur.
- Oui ! Le développement local va améliorer le rendement de nos universités. En plus, on va éviter d'avoir des universités à plusieurs vitesses. Il faut que le diplôme délivré par une université tunisienne acquière une notoriété qui délivre ses titulaires du sentiment actuel d'un diplômé d'une université de seconde zone. Ce sentiment risque de se perpétuer si on continue à envoyer la fine fleur de nos bacheliers à l'étranger surtout que 90 % parmi eux y restent pour des carrières professionnelles des plus reluisantes. Le regain d'excellence passe par le maintien de ces lauréats chez nous et d'en tirer profit pour le progrès de la Tunisie. On n'a pas besoin d'une mondialisation où les pays du Nord gardent le meilleur pour eux et partagent avec nous la médiocrité. On peut à la limite envoyer quelques dizaines d'étudiants dans des spécialités qui ne sont pas disponibles en Tunisie.


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