Les dernières péripéties survenues en Libye, avec la réapparition de Gueddafi et les contre-attaques menées ici et là par ses troupes, ont fait que plusieurs familles libyennes ont renoncé au retour, et elles n'ont pas tort, tant que les conditions ne sont pas sécurisantes et rassurantes. Dans la nuit de mardi à mercredi, un marin-pêcheur zarzissien a été tué en pleine mer par une balle au front, tirée à partir d'un bateau libyen. Il a été inhumé, hier, à Zarzis. Au poste de Ras Jedir, le trafic routier vers la Libye est ouvert mais le nombre de voitures qui franchissent la frontière est très réduit. Du côté tunisien, le point de passage est fermé. Les bureaux de la douane n'ont pas ouvert également, hier, sur décision de la direction générale de la douane, probablement suite aux incidents et aux affrontements qui ont eu lieu ces derniers jours entre des énergumènes et les agents en place. C'est l'armée qui tient les choses en main à présent et qui surveille de près la situation en général. De source militaire sûre, 10 familles libyennes composées de femmes, d'enfants et de personne âgées sont bloquées et rassemblées dans la localité d'Al-Adhibet. «Nous leur avons envoyé le ravitaillement à partir de la ville de Ben Guerdane», confie notre interlocuteur qui ajoute, «d'autres continuent d'affluer des localités de Jmeil, Ragdaline et Zouara, ils attendent la réouverture du poste pour accéder au territoire tunisien». Au port de pêche de Zarzis, une vieille embarcation libyenne a accosté hier matin avec à son bord 17 blessés dont 7 grièvement touchés, tous dans la ville de Zouara au cours des derniers affrontements. Ils ont été transférés immédiatement à l'hôpital régional de Zarzis. Aucun infirmier n'accompagnait les victimes, pas de produits pharmaceutiques à bord, juste quelques matelas, couvertures et chaises en plastique. L'embarcation a été interceptée par l'armée tunisienne et les garde-côtes qui l'ont escortée jusqu'au port de pêche, faute de place au port commercial, dans la zone franche. "Nous avons mis 16 heures en mer. On a quitté Zouara, la nuit, pour ne pas être repérés. Tous les blessés sont tombés à Zouara. Ils n'ont reçu aucun secours, jusqu'à présent. On n'a pas trouvé de moyen de transport , depuis dimanche, pour pouvoir les évacuer vers un hôpital. Dieu merci, ils sont encore vivants. Un grand coup de chapeau à nos frères tunisiens. Excusez-moi, je suis un peu pressé, j'ai d'autres voyages à faire et il faut que j'arrive là-bas, le soir», nous apprend le marin conducteur qui n'a pas voulu révéler son nom.