Par Ridha Jemmali* Il n'est point un seul domaine de la vie où le rôle de l'éducation, dans son sens le plus étroit, ne semble être aussi important, primordial, voire crucial que celui de la santé. C'est d'un intérêt capital lorsqu'il est question pour un malade, homme ou femme, âgé ou enfant surtout, de gérer sa santé en amont (de façon préventive) ou en aval surtout (dans un objectif curatif). La maladie chronique, ici le diabète (sucré), avec ses multiples facettes et contraintes en constitue un exemple très significatif et instructif. Pourvoyeuse de complications aiguës (de moins en moins fréquentes), plus ou moins étalées sur le temps et très tardives mais certaines, cette maladie sévit de par le monde et est relativement fréquente dans nos contrées (voir carte mondiale de l'OMS). Si les données officielles avancent un chiffre situé aux alentours de 400 à 500 mille dans notre pays, les spécialistes du diabète et de l'épidémiologie confirment le fait que si l'on découvre un diabétique, un autre reste méconnu, et ce, compte tenu du caractère insidieux et évoluant à bas bruit de la maladie, laquelle peut rester un certain nombre d'années dans une forme latente (ou infra clinique) avant de se déclarer à l'occasion de la survenue de circonstances particulières (situations de stress, deuil, choc psychologique ou affectif, maladies aiguës ou chroniques intercurrentes, écart de régime important, prise de médicaments à base de corticoïdes, grossesse, obésité excessive, etc). Un médecin diabétologue polynésien semble avoir défilé il y a une vingtaine d'années avec un nombre important de ses collègues de l'hôpital, dans la grande avenue de la capitale de son pays, une île francophone du Pacifique, scandant le slogan «Polyurie+polydipsie= Polynésie», tant le diabète a frappé les habitants de l'île qu'il habitait (jusqu'à 50% de ses citoyens en étaient apparemment atteints!). Sans vouloir trop insister, ni s'étaler davantage sur cet aspect épidémiologique, du reste d'une importance capitale dans la gestion du «programme national de lutte contre le diabète» du ministère de la Santé publique, il importe de mettre l'accent sur les aspects plutôt pratiques relevant de la gestion quotidienne de la maladie en saison estivale chaude, à l'occasion du mois du jeûne et des journées de festivités de l'Aïd Al Fitr qui lui succèdent. Ces circonstances sont tout à fait exceptionnelles, dans la mesure où elles correspondent, depuis quelques années et de plus en plus, à des journées longues (il en sera ainsi jusqu'à ce que le mois de Ramadan coïncide avec le mois de juin), mais aussi chaudes, dans un contexte mondial de réchauffement planétaire et, donc, atmosphérique quasi certain, selon les prévisions des climatologues et spécialistes de l'environnement, gagnant de plus en plus en crédibilité. Ces circonstances risquent de compromettre la santé de nos malades diabétiques s'ils n'ont pas l'information nécessaire leur permettant d'anticiper ce genre de situations très difficiles et de les maîtriser le cas échéant. C'est ce sur quoi nous nous attarderons dans les prochains articles. * Médecin major de la santé publique; chef de service, membre de l'EASD (Association européenne pour l'étude du diabète).