Quand les associations de la société civile décident de s'impliquer pleinement dans le processus de la transition démocratique, quand les partis politiques conviennent de laisser leurs dissensions et conflits dans les vestiaires et quand des personnalités indépendantes de tous bords entreprennent de jouer un rôle d'acteur agissant dans l'édification de la Tunisie de l'après-révolution, il en résulte des initiatives dignes d'être valorisées auprès du grand public. Ainsi en est-il du Centre de Tunis pour la justice transitionnelle qui vient de recevoir son visa le 21 août 2011 et dont les fondateurs ont tenu, hier, une conférence de presse dans l'objectif de jeter la lumière sur les objectifs du centre, sur ses mécanismes d'action, sur ses programmes futurs et sur les parties prenantes qui ont contirbué à sa fondation. Un congrès international fin septembre Les initiateurs du projet entourant la présidente du Centre, Mme Sihem Ben Sedrine, ont souligné que l'idée de la fondation du Centre de Tunis pour la justice transitionnelle a germé, en mars dernier, dans l'esprit de M. Abdellatif H'dia, directeur du quotidien L'Expert. «La première réunion sur l'éventualité du lancement du Centre a groupé quatre personnalités qui ont été vite rejointes par plusieurs autres militants de la société civile, juristes, experts, hommes d'affaires et cadres de tous bords. Ils ont été quelque 54 partis politiques et 24 associations qui ont participé à la première réunion tenue le 24 juin 2011 dans le but d'examiner l'idée et de mettre en place la méthodologie à suivre en vue de la création du Centre», souligne Mme Ben Sedrine. Deux autres réunions ont suivi les 11 et 18 juillet et ont permis de définir le concept de la justice transitionnelle et de la réconciliation nationale. Il a été décidé la création de six commissions: la commission des victimes, la commission politique, la commission économique, la commission des droits de l'Homme, la commission de l'information et la commission de rédaction. Les commissions présenteront leurs travaux à l'occasion du congrès international qui se tiendra les 30 septembre et 1er octobre 2011 avec la participation de compétences et d'experts internationaux dans le domaine de la justice transitionnelle. «Nous nous attendons à ce que le congrès international aboutisse à la création d'une instance supérieure pour la justice transitionnelle et la réconciliation nationale», a-t-elle souligné en conclusion. Quels sont les objectifs que le Centre de Tunis pour la justice transitionnelle cherche à atteindre? Le Dr Yosri Daly, vice-président du Centre, dégage les quatre objectifs suivants : — Le traitement des violations des droits de l'Homme, la mise en place des mécanismes de justice et d'équité et l'édification de la confiance dans les institutions de l'Etat en tant que protectrices des droits de l'Homme. — La contribution aux efforts déployés par la société civile en vue de démasquer toutes les formes de violation survenues à l'époque révolue, le jugement de leurs auteurs et l'indemnisation des victimes au plan moral et matériel. — La création de la plate-forme propre à réaliser la réconciliation nationale entre tous les enfants de la Tunisie. — Assurer l'assistance technique, la réhabilitation et la connaissance des expériences des autres pays, à travers l'organisation de conférences, de colloques et de cycles de formation en matière de justice transitionnelle. Répondant aux questions des journalistes, les membres du comité constitutif du Centre de Tunis pour la justice transitionnelle ont notamment précisé que «personne n'est au-dessus de la loi quels que soient le poste qu'il occupe ou la région à laquelle il appartient. Quant à l'adhésion des partis politiques au Centre, elle est symbolique et non officielle. D'ailleurs, aucun parmi les membres du bureau constitutif n'appartient à un parti politique». Ils estiment, d'autre part, que le congrès prévu fin septembre jouera «un rôle crucial dans le domaine de la sensibilisation de l'opinion publique à propos des questions relatives à la réforme de l'institution judiciaire et l'appareil sécuritaire. Les propositions qui seront issues du congrès feront des dossiers de justice transitionnelle et de jugement des symboles et de la corruption de la malversation des questions d'opinion publique». Les membres fondateurs du Centre précisent, également, qu'il a été décidé la création d'un conseil permanent dont les décisions sont exécutoires. Plusieurs composantes de la société ont accepté d'en faire partie dont l'Association des magistrats tunisiens, l'Ugtt, l'Organisation liberté et équité, le Conseil national des libertés, l'Association des anciens détenus politiques et le Conseil de l'Ordre des experts comptables».