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Le printemps arabe et la redéfinition géopolitique conséquente
La lettre du jeudi
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 09 - 2011


Par Pr Khalifa CHATER
Révolution, révolte, rébellion, insurrection, comment définir le printemps arabe et ses manifestations différentielles, dans les différents pays ? Sans nous attarder sur l'étude épistémologique que requièrent l'analyse du phénomène global et les études de cas, dans l'aire arabe, nous privilégions l'expression révolution. En Tunisie, en Egypte et en Libye, les mouvements populaires ont, en effet, mis fin aux régimes politiques en place et engagé leur remplacement. Or, l'instauration d'une manière irréversible d'un ordre nouveau est l'aspect distinctif d'une révolution, par rapport à une révolte, une insurrection ou un coup d'Etat. Bien entendu, fussent-ils similaires, les événements populaires du printemps arabe avaient leurs caractères spécifiques. Ils induiront leurs conséquences sur les résultats des consultations populaires appelées à choisir les orientations géopolitiques. Nous ne saurions, d'ailleurs, occulter les effets des déterminants historiques, politiques, institutionnels, relationnels, etc. Tous ces éléments se conjugueront pour définir les nouveaux paysages politiques des différents pays concernés. Ils détermineront les manifestations sur les scènes politiques, induites par cette lame de fond révolutionnaire.
Cas extrême, la Libye nouvelle peut susciter des soucis. Quel scénario de l'après-guerre, après la réduction des poches de résistances kadhafistes ? Le site Slate.Fr s'interroge : "Que pouvons-nous espérer de mieux ? Quel est le pire à imaginer ? Comment va se stabiliser la Libye ?" (livraison du 1er septembre). L'Express évoque les vertiges de l'après-Kadhafi. L'hebdomadaire français se pose les questions : "Que faire d'une liberté si chèrement conquise? Comment solder le passé ? Quels leaders pour quel régime ? Il faudra du temps à ce pays égaré par son Guide pour s'inventer un avenir démocratique ?" (1er septembre). Luis Martinez, chercheur au Ceri-Sciences Po (Paris) estime qu'il s'agirait de "réinventer le pays sans Kadhafi" (Alternatives Internationales n°052 - septembre 2011). La reconstruction de la Libye ne sera pas aisée, puisque le régime libyen annihila les institutions étatiques, abolit les structures existantes de la société civile et mit fin au développement — fût-il embryonnaire ! — des mécanismes de représentation. Le discours du guide à Zouara, le 15 avril 1973, abolit les lois. Alternative à la Constitution, son fameux Livre vert, publié en 1976, se référa à une "troisième théorie universelle , s'opposant à la "démocratie occidentale", qu'il considérait comme une «dictature». Il préconisait l'usage de la violence à toute opposition interne comme à l'extérieur de son pays. En 1977, Kadhafi proclama la Jamahiriya, la "république des masses", censée mettre en place un pseudo système de "démocratie directe", à travers les Comités populaires. Parallèlement à la radication du régime, le renforcement du pouvoir personnel de Kadhafi fut conforté par l'institution d'une république dynastique où les instruments de gouvernement deviennent le monopole de ses fils et de sa proche clientèle. Le nouveau pouvoir doit, dans les meilleurs délais, combler le vide institutionnel et reconstruire l'infrastructure étatique. Tout en rassemblant les populations et en réconciliant leurs différentes composantes, il doit relativiser les divisions tribales et les anciennes lignes de fracture instrumentalisées par le pouvoir. D'autre part, l'institution d'un régime démocratique doit s'accommoder de la quasi absence de partis, alors que le système a exclu le débat nécessaire à la formation de la culture politique.
Au-delà de la célébration de la liberté et à la volonté de rétablissement de la souveraineté nationale, les orientations géopolitiques des acteurs de la révolution restent peu connues. On peut distinguer sommairement des formations libérales, des mouvances islamistes et des anciens dirigeants soucieux d'assurer leur reconversion démocratique. Fait spécifique, qui s'explique par la tournure des événements et la nécessité de coordonner la résistance nationale et le soutien de l'Otan, la création du Conseil national de transition permit de faire valoir le consensus général. Le forum réuni à Benghazi, le 1er septembre, l'anniversaire de prise de pouvoir de Kadhafi, désormais intitulé "le cataclysme" (Nakba), donna la parole à toutes les instances participant à la révolution du 17 avril. Convaincu de la nécessité de sauvegarder le compromis révolutionnaire, leurs différents porte-paroles prêchèrent l'unité nationale et évoquèrent, comme ultime objectif, "la création d'un Etat démocratique moderne" (reportage d'Al-Jazira moubachir). Mais les consultations électorales annoncées et les majorités qui émergeront préciseront l'orientation géopolitique de la Libye nouvelle. Pouvaient-ils ne pas tenir compte de la nécessité d'ouverture aux pays qui se sont associés à leur lutte et favorisé le recouvrement de leur liberté ?
Au Yémen et en Syrie, les révolutions finiront par avoir gain de cause et provoqueront un changement de leadership certain. La disparition du Baâth en Syrie et des structures totalitaires qu'il a instituées, mettrait à l'ordre du jour la création d'un régime civil, après les épreuves vécues d'une dizaine de coups d'Etat militaires. Mais est-ce que l'émergence des nouvelles forces politiques, après l'escalade de la répression, permettra de sauvegarder les acquis du patrimoine historique moderniste et de la laïcité déjà mise à l'épreuve par le régime contesté, durant sa dérive ? Au Yémen, le nouveau régime pourrait subir les effets du vécu traditionnaliste et de la pesanteur du tribalisme. Mais les révolutions de la Libye, de la Syrie et du Yémen pourraient subir les effets d'entraînement des révolutions de la Tunisie et de l'Egypte, qui ont été les moteurs du printemps arabe.
Or, en dépit des dérives dynastiques et mafiosi de Ben Ali et de Moubarak, Tunis et Le Caire bénéficient d'institutions solides, que les nouveaux pouvoirs devront réactualiser et dynamiser. Le réveil de structures virtuelles de la gouvernance et le rééquilibrage régional qu'il doit mettre en œuvre, devraient renforcer la société civile, faire reculer l'emprise de l'Etat, donner de nouvelles perspectives à la jeunesse et réhabiliter les différentes composantes de la classe politique. Les consultations électorales prochaines dans ces deux pays définiront leurs paysages géopolitiques, vraisemblablement, dans le cadre d'un changement dans la continuité. Peut-on nous hasarder à avancer ces perspectives prospectives ?


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