De notre envoyé spécial à Washington Lassâad BEN AHMED • Croissance égale à zéro cette année pour la Tunisie, 3.9% en 2012 • Croissance mondiale révisée à la baisse : 4% pour 2011 et 2012 contre 4.5% prévus initialement La Presse — Les perspectives économiques ne s'améliorent pas. Elles empirent. D'après le rapport sur les perspectives de l'économie mondiale, rendu public hier par le FMI, la croissance de l'économie mondiale serait de 4% en 2011 et 2012 au lieu des 4.5% initialement prévus. Pour la région de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, ce sera 4% en 2011 et 3.6% en 2012. Et cela variera, évidemment, entre les pays exportateurs et importateurs de pétrole. Les pays importateurs de pétrole seront favorisés, alors que les perspectives «seraient moins favorables pour les pays importateurs de pétrole ou en transition politique», d'après les spécialistes du FMI. La Tunisie fait partie des pays colorés en rouge sur les cartes du rapport et où la croissance serait inférieure à 2% (y figurent également l'Egypte, la Syrie le Yémen, l'Iran, l'Espagne, la Grèce, la Roumanie la Russie, etc.). Les tableaux indiquent 0% de croissance pour la Tunisie en 2011 et 3.9% en 2012. Dans les pays avancés, la croissance moyenne serait de 1.6% Les raisons de ce nouveau ralentissement résident en une certaine sous-estimation des effets de certains événements ponctuels comme le tsunami au Japon et les perturbations des approvisionnements pétroliers. Or, «maintenant que nous avons les chiffres, il est clair qu'il y avait également d'autres facteurs à l'œuvre», souligne M. Olivier Blanchard, conseiller économique au FMI lors d'un point de presse tenu à cette occasion. «L'économie mondiale souffre de la confluence de deux courants d'évolution défavorables.» précise-t-il, expliquant cela par deux facteurs: «Premièrement, une reprise beaucoup plus lente dans les pays avancés depuis le début de l'année, phénomène que nous avons pour une large part manqué de percevoir alors même qu'il se produisait. Deuxièmement, une forte augmentation de l'incertitude budgétaire et financière, particulièrement prononcée depuis le mois d'août. Chacun de ces courants est préoccupant en soi, mais leur conjonction et leur interaction le sont encore plus». Et des mesures énergiques s'imposent d'urgence pour améliorer les perspectives et réduire les risques, affirme-t-il. M. Blanchard insiste une nouvelle fois sur l'importance d'un double équilibrage pour garantir une croissance forte équilibrée et durable. Il est ainsi nécessaire que la demande privée prenne le relais de la relance budgétaire. Le rééquilibrage des finances publiques est de fait en cours, dans la plupart des pays avancés (mais pas au Japon), sans que la demande privée ne prenne le relais. Au niveau extérieur, «les pays avancés accusent des déficits courants, tout particulièrement les Etats-Unis, et ont besoin, pour compenser la faiblesse de la demande intérieure, d'un accroissement de la demande extérieure», explique M. Blanchard tout en précisant que «Cela implique un basculement symétrique de la demande extérieure vers la demande intérieure dans les pays émergents qui affichent des excédents courants». L'expert du FMI avance des solutions en trois volets. Il s'agit en premier d'adopter des politiques budgétaires encourageant la demande intérieure, entre autres, par la baisse du taux d'intérêt. Il est question en deuxième lieu de «redonner de la force aux banques, non seulement pour que le crédit et la croissance tendancielle augmentent, mais aussi — et c'est primordial — pour réduire les risques d'effets de retour vicieux». Enfin, en troisième lieu, il faudra mettre en œuvre au plus vite les plans de rééquilibrage extérieur . «Il faut que les exportations des Etats-Unis et des pays touchés par la crise augmentent et, par conséquent, que les exportations nettes du reste du monde diminuent. Un certain nombre de pays d'Asie, notamment la Chine, ont d'énormes excédents courants et ont fait part de leur intention de privilégier non plus la demande extérieure, mais la demande intérieure», insiste M. Blanchard. La publication du nouveau rapport sur les perspectives intervient dans une semaine cruciale pour l'économie mondiale, marquée principalement par la tenue à Washington des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI du 23 eu 25 en cours, sur le thème «Défis globaux, solutions globales», et ce, au même moment qu'une réunion du G20, prévue ce vendredi.