Agonisante, la médina de Sfax résiste encore et refuse de rendre l'âme. Laissée pour compte, cette cité représente un patrimoine historique que chacun de ses habitants est dans l'obligation absolue de préserver. La beauté intrinsèque de cet héritage culturel mais aussi spirituel ne doit pas être oubliée en la laissant cloîtrée derrière les remparts hauts et solides de cette ville vieille de plusieurs siècles. La préservation de la médina de Sfax et sa promotion à l'échelle nationale et internationale est une responsabilité commune des pouvoirs publics, mais aussi des différentes composantes de la société civile. C'est dans cet esprit que vient de naître l'Association Bab Addiwan. Un nouveau-né dont les moyens sont certes limités, mais qui est animé d'une grande volonté à même de contribuer à la préservation de toute une mémoire de plusieurs générations ayant habité la médina. Une ville millénaire qui ne cesse de séduire même ceux qui ont quitté le pays depuis des dizaines d'années. C'est le cas du docteur Naceur Benarab, qui vit en France depuis 1965. Consultant en anesthésie-réanimation, il a vécu les derniers événements de Libye au centre médical de Benghazi. Il a également une maîtrise de Lettres et d'Histoire arabo-musulmane obtenue à la Sorbonne. De retour dans sa ville natale, il a décidé de créer, avec d'autres amis, l'Association de Bab Addiwan, dont il est président. Partant d'un objectif essentiel consistant en l'entretien de la mémoire d'une médina millénaire, ladite association a organisé des manifestations culturelles, artisanales et traditionnelles propres à la médina de Sfax. Il s'agit également de la mobilisation de la jeunesse et de leur implication dans la restauration des maisons et de l'embellissement des ruelles de la médina. Sur le plan international, l'association œuvre à faciliter l'élection de la médina de Sfax au patrimoine mondial au sein de l'Unesco. Cela sans oublier le projet de lancement d'un festival méditerranéen des villes médiévales. Sauvons la médina Jadis prospère et cœur battant de la vie de toute la région sfaxienne, la médina vit actuellement une situation catastrophique, marquée essentiellement par la dégradation et la destruction des maisons traditionnelles, véritables bijoux architecturaux. Egouts endommagés et infiltrations dans les maisons et les remparts, la vie dans la médina devient insupportable pour ses habitants. Ajoutons à cela l'absence de ramassage des ordures ménagères et la dégradation continue de la chaussée. Certains anciens habitants de la médina, qui ont refusé de la quitter, nous racontent que leur cité donnait l'exemple autrefois en matière de propreté. Chaque jour, ses ruelles étaient lavées. De nos jours, la médina devient invivable à cause notamment de la malpropreté et des maisons menaçant ruine. Certains habitants parlent de serpents qui ont investi des maisons désertées. D'autres parlent de malfrats et de repris de justice qui se baladent dans les ruelles d'une médina laissée à son triste sort. Par ailleurs, la médina devient de plus en plus un vaste chantier de cordonniers qui n'hésitent pas à transformer des maisons entières en ateliers. Chose qui a entraîné la disparition de plusieurs métiers ainsi que de l'artisanat. Mais, pour sauver une médina en danger, il n'est pas forcément nécessaire de détruire un héritage culturel et spirituel précieux pour bâtir ensuite de nouvelles constructions sans âme !