La corruption doit disparaître de la profession et l'appellation de omda doit changer Les omda ont vécu des jours difficiles après le 14 janvier. Taxés d'être inféodés à l'ancien régime en place et d'avoir souvent profité de leur pouvoir pour monnayer leurs services, ils n'ont plus la cote aujourd'hui auprès des citoyens. Se retrouvant du jour au lendemain dans une situation précaire, excédés d'être pointés du doigt comme des pestiférés, ils revendiquent leur droit autant que les autres à exercer leur fonction en se mettant au service de la société en cette période de transition démocratique. Sous l'ancien régime, les omda, qui étaient désignés par le gouverneur, étaient chargés de relayer l'administration auprès des citoyens en assurant certaines prestations administratives et sociales comme le fait de délivrer une carte pour personne handicapée, une carte de soins, un certificat de décès, un certificat de chômage, distribuer des aides aux familles nécessiteuses… Victime de leur sulfureuse réputation , les omdas ont été, après le 14 janvier, marginalisés, faisant l'objet d'une campagne de dénigrement et ont subi menaces, insultes, atteinte à leur honneur… Une réunion s'est tenue au mois de septembre dernier réunissant plusieurs d'entre eux qui ont mis l'accent sur le fait que l'existence de la corruption dans le secteur, responsable de cette levée de boucliers après la révolution, ne doit pas être imputée uniquement aux pratiques de certains omdas, mais qu'elle est la conséquence directe de la pression exercée par l'ancien parti au pouvoir. La situation devenant insupportable, les omdas ont appelé à la restructuration totale du secteur qui est le maillon faible de l'administration. Le poste présentait en effet à bien des égards des inconvénients : les omdas, qui étaient désignés par simple décision, ne percevaient qu'un faible salaire, ne pouvaient bénéficier de congé et pouvaient être démis de leurs fonctions à n'importe quel moment. "Nous ne jouissions pas des mêmes droits que les autres agents, car nous ne relevions pas de la fonction publique, fait observer M. Ayari, omda et secrétaire général du syndicat national des omdas. Nous n'avions pas droit à un congé payé. Nous n'avions pas droit non plus à une prime de productivité, ni aux allocations familiales. Et nous devions être vigilants vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Nous avions pour mission de signaler à la délégation dont on relève tout problème survenant dans la région. La moindre inattention de notre part pouvait nous coûter notre place. Nous étions susceptibles de sauter à tout moment alors que c'était notre seul gagne-pain». Face à la précarité actuelle de leur situation, les omdas, au nombre de trois mille, ont décidé de se mobiliser. 2900 ont déjà adhéré à l'Union nationale des travailleurs. Des élections se sont tenues pour constituer le Syndicat national des omdas avec pour but de défendre les intérêts de la profession. Les membres du syndicat ont élaboré un projet de statut, appelant à la mise à niveau et à la révision des prérogatives du omda. Les professionnels du secteur ont également proposé qu'une règlementation soit mise en place pour servir de garde-fou et éviter les dépassements qui survenaient jusqu'ici. «Nous proposons que le poste d'omda relève de la fonction publique, souligne le secrétaire général du syndicat. Ce dernier ne doit plus être désigné et démis sur la base d'une simple décision, mais recruté sur la base d'un concours à titre d'exemple et jouir des mêmes droits que toute personne travaillant dans une administration étatique. S'il doit continuer à servir de relais entre l'administration et les citoyens et à fournir des prestations sociales dans les régions, les délégations et les localités, son appellation doit, toutefois, changer car elle est liée à une perception négative de la part du citoyen». Le nouveau projet de statut a été soumis au ministère de l'Intérieur. Il est actuellement à l'étude.