La célébration, cette année, des événements du 9 avril 1938 revêt une signification particulière. Elle survient alors que le peuple tunisien met fin à l'oppression de la tyrannie, s'est affranchi du joug de la dictature et est devenu maître de son destin. N'est-ce pas là l'objectif suprême pour lequel sont tombés des milliers de martyrs sous les balles des forces colonialistes. L'histoire de la lutte des Tunisiens pour le recouvrement de leur indépendance, pour la préservation de leur fierté et leur dignité est jalonnée de dates historiques et d'événements glorieux marqués par des sacrifices héroïques et arrosés du sang des martyrs. Mais les événements du 9 avril se distinguaient par leur impact décisif sur la suite du combat national contre l'occupant français. Les manifestants, toutes catégories et toutes générations confondues, sortis ce jour là dans la rue pour réclamer des réformes politiques et surtout un Parlement tunisien, savaient qu'ils allaient être réprimés dans le sang. Leur courage, leur bravoure et la croyance en la justesse de leur cause servaient de stimulants les poussant à braver les dangers et à affronter la mort. Ce fut, en tout cas, le tournant qui allait ouvrir la voie à une nouvelle phase de résistance et de lutte couronnée par l'accession à l'indépendance. Aujourd'hui et avec le recul, peut-on affirmer que les Tunisiens ont pleinement joui des attributs de leur souveraineté arrachée à force de combats acharnés ? A vrai dire, il faut faire la différence entre deux phases post-indépendance distinctes. Celle du leader Habib Bourguiba qui a donné au pays les institutions de l'Etat et qui a le mérite d'avoir libéré la femme et avoir surtout ouvert la voie de l'enseignement à toutes les couches sociales du peuple. Et il y a, ensuite, celle des années de plomb de Ben Ali caractérisées par la répression, la spoliation des droits, la prolifération des clans mafieux et le pillage des richesses du peuple. Mais dans les deux cas, le peuple tunisien a payé cher les frais de toutes les dérives et de tous les excès. La Révolution de décembre-janvier 2011 est venue pour rétablir ce peuple dans ses droits et ouvrir devant lui les portes de la démocratie, de la liberté et de la justice. Le devoir nous impose d'honorer la mémoire de tous les martyrs tombés pour la Tunisie en oeuvrant pour que se concrétisent leurs aspirations au développement et à la prospérité du peuple pour lequel ils se sont sacrifiés.