Pas moins de 153 participants, venant de 34 pays africains et méditerranéens francophones, parmi lesquels des experts, des spécialistes en oncologie et des représentants d'associations et d'ONG ont pris part aux travaux de la 2e rencontre de l'Alliance des ligues francophones africaines et méditerranéennes contre le cancer (Aliam), organisée par ladite Alliance, en collaboration avec l'Union internationale contre le cancer (Uicc), la Ligue française contre le cancer et l'Association contre le cancer (Atcc) et qui a eu lieu à Monastir, dans un hôtel de la place du 14 au 16 octobre. Deux ateliers ont été l'occasion de discuter de deux thèmes, à savoir : «La formation à distance et les nouvelles technologies» et «L'appui et la formation à la méthodologie de projet et à la recherche de financement». Lors de la séance réservée au thème : «Aliam : les projets et les perspectives», le professeur Martial Tiburce Zannou, enseignant de droit à l'université nationale du Bénin et président de l'Association franco-béninoise de lutte contre le cancer (Afblcc), a indiqué qu'avec la grande envergure que prend actuellement l'Aliam (fondée en 2009), il s'avère nécessaire de la doter d'instruments juridiques en vue de garantir sa légitimité, en particulier le statut qui lui offrira de larges perspectives dans ses actions entreprises avec les institutions tant nationales qu'internationales considérées comme partenaires privilégiés et incontournables dans la prévention et la lutte contre le cancer. Le Pr M'hamed Harif, spécialiste en hémato-oncologie pédiatrique et président du groupe franco-africain d'oncologie pédiatrique, indique, pour sa part, que les méthodes de traitement des cancers chez les enfants, développés dans les pays occidentaux, sont souvent inapplicables dans le contexte africain. C'est la raison pour laquelle le Groupe franco-africain d'oncologie pédiatrique a été créé, et ce, en avril 2000 avec comme objectifs de : - Sensibiliser les professionnels et les pouvoirs publics au cancer de l'enfant - Constituer un réseau de recherche et de développement des méthodes diagnostiques et thérapeutiques adaptées au contexte africain. - Mieux connaître le cancer chez l'enfant sur le plan épidémiologique. Actuellement, a-t-il poursuivi, l'on a enregistré 13 pays africains francophones qui, grâce à l'action du groupe, ont mis en place des unités de prise en charge des cancers de l'enfant. Le développement des échanges Sud-Sud et notamment Afrique du Nord-Afrique subsaharienne a permis d'atteindre un taux de guérison de l'ordre de 60 à 70% des cancers de l'enfant les plus fréquents (lymphomes, néphroblastomes, maladie de Hodgkin…). Prévention des MNT en milieu scolaire Au cours de son intervention, le Dr Marc R. Keller, cancérologue et président de l'Alliance des ligues francophones africaines et méditerranéennes contre le cancer, a souligné le rôle majeur de la prévention en milieu scolaire, notamment la lutte contre le tabagisme, la promotion de l'activité physique et sportive, ainsi que l'entretien d'un équilibre nutritionnel (apport journalier équilibré en protéines, glucides, lipides et vitamines). Il a, par ailleurs, signalé que le diagnostic précoce de ces maladies constitue le meilleur garant pour préserver la santé de la population. La Tunisie figure, selon lui, parmi les premiers pays à voter la loi interdisant de fumer dans les lieux publics (restaurants, cafés, aéroports, écoles…) afin d'éviter les effets néfastes du tabagisme passif qui constitue l'une des premières causes du cancer touchant les poumons,la vessie ou la sphère ORL et pouvant engendrer l'impuissance sexuelle. Parmi les produits cancérigènes, a-t-il poursuivi, l'usage des pesticides en agriculture, l'inhalation des produits chimiques à usage domestique, l'ingestion de poissons pêchés dans des zones polluées sises à proximité des usines (dont celles de traitement des phosphates, des nitrates...). Il cite aussi l'effet cancérigène reconnu du «bisphénol A» qui devrait être interdit dans la fabrication des sachets et des bouteilles en plastique, ainsi que des biberons, et ce, à l'instar des pays européens qui ont déjà appliqué cette mesure au cours des cinq dernières années. Pour la création d'une ligue fédératrice en Tunisie Il a insisté également sur la nécessité de fédérer les efforts des diverses associations de lutte contre le cancer en Tunisie par la création d'une ligue fédératrice, afin de garantir une meilleure action collective en synergie avec les institutions du pays. «Je souhaite vivement la création de cette ligue. L'Aliam ne manquera pas de soutenir cette démarche constructive», a-t-il conclu. Plan pour sortir du tabac Au cours de son intervention portant sur «le plan pour sortir du tabac», le professeur Gilbert Lenoir, président de la Ligue française contre le tabac, a indiqué qu'on peut réduire de moitié le nombre de fumeurs en France et, par conséquent, abaisser la mortalité due au cancer par le tabac, et ce, en appliquant les recommandations de l'OMS (interdiction de publicité pour le tabac, ainsi que de fumer dans les lieux publics). L'objectif de la ligue, a-t-il ajouté, est de se libérer du tabac à l'échéance de 2030, et ce, par une mobilisation internationale, afin de rendre l'industrie du tabac illicite. Pour ce faire, a-t-il précisé, il faut désintoxiquer les Etats qui ont pris la mauvaise habitude d'équilibrer leur budget grâce aux taxes sur le tabac. «C'est aux citoyens de prendre leur destin en main et de forcer les Etats à rendre la fabrication et la commercialisation du tabac hors-la-loi», a-t-il conclu.