La campagne électorale de la Constituante bat son plein. Mais rien dans les rues de la capitale et du reste des villes du pays, à l'exception des placards d'affichage, ne l'indique. Pis, l'ambiance est plutôt morose. Pourtant, cela devrait être la fête, d'autant qu'il s'agit d'élections historiques, pour la première fois réellement pluralistes, libres et, nous l'espérons, démocratiques. En tout cas, ce n'est pas tous les jours que l'on élit une Assemblée constituante. L'on s'attendait, donc, à ce que l'événement soit fêté comme il se doit par des manifestations culturelles, des performances et autres animations de rues. Cela, ne serait-ce que pour impliquer davantage les citoyens qui se sont montrés peu intéressés par ces élections et qui rechignent même à y participer. Ainsi, outre les spectacles de rue et autres programmes artistiques, l'Isie (l'Instance supérieure indépendante pour les élections) pourrait, pour les quelques jours qui restent avant le vote, organiser sur le terre-plein de l'avenue Bourguiba des simulations de vote afin d'initier les citoyens à cette pratique, surtout quand on sait que cette « tâche » ne sera pas facile vu les centaines de listes et de candidats dans chaque circonscription. D'autres actions d'initiation et de sensibilisation des citoyens aux règles du jeu démocratiques auraient pu être entreprises, afin que l'on ne voie plus, par exemple, le spectacle désolant et antidémocratique de listes déchirées ou peintes en noir sur les panneaux d'affichage. Mais est-ce trop tard ? Non, il n'est jamais trop tard pour ancrer la tradition, car tout est question de traditions électorales et de pratique de la démocratie, surtout que l'expérience servira pour les prochaines échéances, législatives et présidentielles qui suivront celle de la Constituante. Le contact direct étant un moyen efficace pour toucher et sensibiliser le citoyen, il est temps, après la chute de la dictature et l'avènement de la Révolution, que l'espace urbain ne se réduise plus, comme auparavant, à un simple lieu de commerce et de consommation et qu'il retrouve enfin sa fonction et sa dimension civile et politique. Et cela en accueillant toutes sortes d'actions et de manifestations pacifiques, comme au début de la révolution quand la grande avenue s'était transformée en Hyde-Park, lieu d'échange et de débat citoyens. Que la présente campagne électorale se reflète, donc, dans toutes les zones urbaines et rurales du pays et que la fête s'en empare et soit à la hauteur de l'événement historique du 23 octobre 2011!