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Tunisie : la révolution inattendue (3e partie)
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 10 - 2011


Par Mouldi FEHRI
De leur côté, les partis politiques et surtout les nouveaux parmi eux (une centaine sur 111) ne font pas mieux et contribuent à brouiller un peu plus les cartes. A travers leurs interventions télévisées, et surtout depuis le démarrage de la campagne électorale, le 1er octobre, ils donnent globalement une image confuse et très décevante de l'action politique. Ce qui montre pour certains un amateurisme évident, pour d'autres une malice et un calcul politicien malsain et pour une 3e catégorie un manque de clairvoyance étonnant.
Les premiers sont bien sûr les nouveaux partis qui font leur apprentissage politique et dont beaucoup disparaîtront d'une façon ou d'une autre dans très peu de temps.
Les seconds sont des partis qui veulent profiter de la légitimité qu'offrent ces élections pour détourner l'Assemblée constituante de son objectif initial, prendre ainsi le pouvoir de façon déguisée et s'y installer pour une longue période (4 ou 5 ans au minimum, nous dit M. Moncef Marzouki, président du Parti du congrès pour la République).
Les 3es sont ceux qui semblent favorables à la défense et à la consolidation des acquis institutionnels, civiques et modernistes de la nation, mais avec des stratégies différentes. Les points qui les séparent ne sont pas insurmontables et n'auraient pas dû les empêcher de former une coalition avant et pendant la Constituante. Pour cela, ils devaient seulement accepter de mettre provisoirement entre parenthèses tous les clivages et toutes les divergences politiques et idéologiques existant entre eux, même si elles sont tout à fait légitimes.
On aurait souhaité les voir se regrouper dans le cadre d'un «front démocratique de tous les Tunisiens» épris de liberté, de progrès et de démocratie pour se présenter auxdites élections sur des listes d'union nationale (reflétant la richesse et la diversité de leur base électorale) au nom de ce «front» et autour de quelques objectifs fondamentaux, comme :
- La recherche de l'intérêt national avant et au-dessus de tout intérêt personnel ou partisan.
- La sauvegarde et la consolidation des acquis institutionnels, civiques et culturels de notre pays et surtout des droits et libertés individuels et collectifs.
- La mise en place (à travers ces élections) des conditions nécessaires à l'instauration d'une nouvelle République démocratique, solidaire et moderne.
Malheureusement, rien de tout cela n'a été fait, à part l'exception représentée par le Pôle démocratique et moderniste (PDM), qui va dans le bon sens, mais qui reste tout à fait limitée et restreinte pour pouvoir jouer un rôle déterminant au sein de la future Assemblée constituante. Espérons qu'elle pourra se développer et se renforcer par d'autres organisations politiques partageant les mêmes aspirations.
En dehors de cette expérience positive, les partis politiques qui ont préféré à cette attitude responsable et patriotique celle de la division et de la recherche des intérêts personnels et partisans, ne font qu'hypothéquer leur propre avenir et peut-être celui du pays.
On a, en fait, l'impression qu'ils se trompent totalement d'étape et d'élection, car (faut-il le rappeler ?) et au risque de désenchanter quelques-uns d'entre eux, il ne s'agit cette fois ni d'élection présidentielle ni parlementaire.
Il faut donc respecter les futurs électeurs, leur dire la vérité et arrêter de les tromper comme d'autres le faisaient avant : l'Assemblée qui sera élue le 23 octobre 2011 (et sauf déviation dangereuse) n'est pas et ne sera pas un Parlement, même si pendant un temps limité et de façon exceptionnelle, elle prendra (ce qui est normal) quelques mesures législatives d'urgence, à côté de sa mission principale qui est et restera sa raison d'être.
Quel régime pour la IIe République tunisienne ?
Sur le choix du régime à venir, les Tunisiens sont, de toute évidence, partagés entre un «régime présidentiel» et un «régime parlementaire».
Les adeptes du deuxième semblent être nombreux et leur position pourrait paraître raisonnable (compréhensible, en tous les cas), tant il est vrai que les Tunisiens n'ont connu pendant plus de 50 ans qu'un régime dit présidentiel, mais qui n'a de présidentiel que le nom et qui correspond beaucoup plus à ce qu'on appelle un «régime présidentialiste ».
Il s'agit, en fait, d'une déformation du régime présidentiel, basée sur le culte de la personnalité et donc une personnalisation à outrance du pouvoir au profit du Chef de l'Etat (le combattant suprême, le père de la nation, le guide…) et au détriment du reste des instances de l'Etat : le Premier ministre est à la merci du président (en somme un «fusible» qu'il fait sauter à sa guise) et le Parlement, une simple chambre d'enregistrement, dépendant en plus du parti unique dont le chef n'est autre que le président de la République lui-même et les décisions de ce dernier sont présentées comme indiscutables et ne souffrant aucune critique («car tel est son bon plaisir», pourrait-on dire).
On comprend donc, dans ce cas, que le Tunisien soit dégoûté d'un tel régime et qu'il veuille découvrir autre chose, pourquoi pas le régime parlementaire. Seulement, il ne faut pas confondre «présidentialiste» et «présidentiel» et opter pour le régime parlementaire, sans prendre en considération les risques qu'il comporte.
Car sur le régime parlementaire, malheureusement (ou heureusement), les mauvais exemples ne sont pas rares et celui de la IVe République en France reste, sans doute, le meilleur, mais pas le seul. D'autres exemples, plus récents, peuvent être cités, comme le cas de l'Italie, de la Belgique ou d'Israël. Dans tous ces exemples, la principale caractéristique du régime parlementaire est sans doute son instabilité, puisqu'on assiste souvent à des assemblées où aucun parti n'a de majorité suffisante pour gouverner et où les alliances se font (et se défont) sur des questions et pas sur d'autres; ce qui crée inévitablement des blocages et au mieux une instabilité presque permanente au niveau des instances dirigeantes du pays. Mais, si un pays comme la Belgique peut rester plusieurs mois sans gouvernement, il n'est pas certain que la Tunisie, où la démocratie n'est que naissante et balbutiante, puisse vivre la même expérience et ne pas tomber dans des situations qu'il ne serait pas difficile d'imaginer.
Pour toutes ces raisons, le seul choix raisonnable pourrait être celui d'un régime intermédiaire, empruntant à l'un et à l'autre ce qu'ils ont de mieux. Ce qui peut se traduire par un régime présidentiel réel, mais revu, corrigé et surtout adapté à la situation de la Tunisie (et à son expérience récente).
Dans une telle hypothèse et sans rentrer ici dans trop de détails techniques, le rôle du président de la République doit être limité de façon précise et celui du Parlement élargi et renforcé, pour rétablir un certain équilibre entre les deux. Mais, il faut surtout insister sur une vraie séparation des pouvoirs et mettre en place des moyens de contrôle réciproque efficaces entre l'exécutif et le législatif. Il faut, enfin, un vrai Conseil constitutionnel capable de veiller sur le contrôle de la constitutionnalité des lois.
Un contexte régional et international peu favorable
Aujourd'hui, cette révolution qui a surpris le monde entier est entrée dans une phase transitoire dont la réussite dépend, bien sûr et en premier lieu, de la volonté des Tunisiens eux-mêmes et de leurs propres moyens, mais qui reste aussi tributaire de son environnement géopolitique. Or le contexte international (dominé par une crise économique et financière des plus importantes depuis celle de 1929) et l'environnement régional incitent à une plus grande vigilance, puisqu'ils sont loin d'être rassurants et comportent un ensemble de facteurs susceptibles de jouer un rôle défavorable (ou du moins fragilisant) à la bonne marche de la transition démocratique en Tunisie.
Sur le plan régional, il est évident que la guerre civile en Libye et la situation ambiguë en Algérie constituent pour la Tunisie des sources d'inquiétude. Car, en plus des dizaines de milliers de réfugiés venus de Libye (plus de 900.000 ) qu'il a fallu accueillir, entretenir et encadrer, des problèmes d'insécurité sur les frontières ont mobilisé (et mobilisent encore) l'Armée nationale et les forces de l'ordre, pour éviter toute les incursions possibles sur le territoire et les conséquences que cela pourrait avoir sur la sécurité et la stabilité du pays.
De plus, tous les Tunisiens qui travaillent en Libye ont été obligés de revenir en Tunisie et augmenter ainsi le nombre des demandeurs d'emploi qui était déjà très important.
Sur le plan arabe, d'une façon générale, on ne peut pas dire que les changements intervenus en Tunisie font plaisir aux régimes en place. La crainte de voir leurs propres pays touchés par la vague du printemps arabe ne les incite pas à manifester une grande sympathie ou un appui réel à cette révolution, du moins dans l'immédiat.
Quant au monde occidental, sa position est toujours (et d'abord) déterminée par ses propres intérêts économiques et stratégiques. Son appui tardif (ex : celui de la France) à la Révolution tunisienne est donc à prendre avec précaution, surtout par rapport à la soudaine sympathie manifestée vis-à-vis des mouvements islamistes en Tunisie, en Egypte et plus encore en Libye.
Cela dit, une évolution positive et rapide de la situation aussi bien en Tunisie qu'en Libye pourrait se traduire (du moins, on l'espère) par des solutions économiques favorables aux deux pays. Ce qui redonnerait confiance aux investisseurs étrangers et faciliterait, par la même occasion, leur retour en force en Tunisie, pour le bien de notre économie nationale.
Alors, aux urnes citoyennes et citoyens.


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