Et si les victoires passaient par les urnes?! Qui peut en douter aujourd'hui? Certains n'ont pas fermé l'œil de la nuit, certains autres se sont réveillés aux premières lueurs de l'aube et pris la direction de «leur» bureau de vote (voir pour y croire!); d'autres tremblotaient en se tenant dans la longue file qui les mène à l'urne avec des interrogations plein la tête et la crainte des yeux indiscrets de quelque survivant de l'ancien régime; d'autres, enfin, aux cheveux blancs comme à leur première entrée scolaire. Tunisiennes et Tunisiens de tous âges, de tous bords, de toutes appartenances politiques avec pour point commun la foi. Foi en leur pays, foi en leur liberté retrouvée, foi en la démocratie, foi en un avenir qui ne ressemblera plus jamais à un sombre passé où on a voté pour eux, pensé pour eux, décidé pour eux, torturé pour eux, volé pour eux. Pour eux et surtout pour leurs propres intérêts. Evidemment, les intérêts de tous ceux qui, plus d'un demi-siècle durant, ont considéré les hommes et le pays leur propriété privée avec un droit de vie et de mort sur ces millions de Tunisiennes et Tunisiens réduits au silence, humiliés dans leurs têtes et dans leurs corps, mis au ban de l'intelligence et de l'humanité. Avec ce bulletin, avec ces bulletins, le pays et nous-mêmes serons meilleurs parce que nous aurons le droit de choisir, de discuter, de débattre, de nous remettre et de remettre les autres en question. Aujourd'hui, la Constituante, demain les législatives, après-demain les présidentielles mais encore plein d'autres domaines de la vie publique où le système est bloqué, verrouillé par des hommes et des pratiques d'autres temps. Des hommes qui ont beaucoup investi et récolté avant le 14 janvier, qui se sont organisés après dans l'espoir que le 23 octobre vienne «rétablir l'ordre», «leur» ordre. Les pauvres, ils doivent être bien déçus, eux qui pensaient que ce jour du 23 octobre les Tunisiens prendront les armes les uns contre les autres et qu'eux débarqueront et se présenteront comme d'habitude en tant que sauveurs de la patrie ! Ces hommes et surtout ces pratiques qui doivent à jamais être rélégués dans les tiroirs du passé. Les urnes, nos clubs ont déjà connu ça, pas toujours dans le calme et la sérénité, mais le pas est désormais franchi et cela nous étonnerait très fort qu'on fasse un retour dans le passé. Des clubs qui se battent malgré le manque de moyens, le huis clos, les droits de TV et du Promosport cruellement absents depuis des mois déjà. Mais qui reparlent d'avenir, de jeunes, de restructuration, d'une infrastructure améliorée et de tas d'autres choses qui font que nous sommes de nouveau optimistes. En attendant que d'autres passent aux urnes, tous ces présidents de fédérations qui nient l'évidence et qui sont à contre-courant de la réalité et de l'histoire. Demain, avec une autorité de tutelle souveraine, des fédérations avec pour seul objectif et seule référence la légitimité sportive, la Tunisie de l'après-révolution aura davantage de champions, davantage de performances, davantage de médailles et les jeunes davantage d'exemples et davantage d'idoles. Bien de chez nous, cette fois-ci. Les urnes, la transparence, la compétence, la concertation et les résultats: puisse notre sport s'éveiller à la révolution et à la démocratie !