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La bataille du futur...
Opinions

• «...pour traiter l'ensemble du problème, nous devons le plus possible partir des données exactes »
La plupart des partis politiques en course pour la Constituante nous ont promis des programmes et des projets pour remettre le pays en marche et vaincre le chômage en premier lieu. Grâce à l'espace de liberté du journal La Presse intitulé « Opinions » des Tunisiens s'expriment en traitant de sujets divers et multiples. Au lieu de se lancer dans des batailles électorales au sein de partis dont les idéologies sont parfois encore en gestation ou se mesurer avec leurs proches au verdict populaire, comme des candidats indépendants, leur objectif, à mon sens et je suis l'un d'eux, est de contribuer, un tant soit peu, à l'instauration d'un débat citoyen oublié par ces prétendants au pouvoir et occulté par l'ensemble des médias.
Le monde est dominé aujourd'hui par l'économie et par d'autres forces aussi. Celles des lobbies et de l'argent sûrement. Mais l'économie est présente et bien présente. Quoi d'étonnant, par conséquent, si le citoyen se pose à ce sujet de nombreuses questions: que signifie la crise financière ? Pourquoi tout le monde s'alarme sauf notre pays ? Sommes-nous dans un autre village planète où l'anxiété du futur est absente ? Quelle est la cause de la montée du chômage, pourquoi les conflits sociaux ? La réponse à de pareilles interrogations n'est pas à l'ordre du jour pour certains et le temps pour eux est celui des élections.
Pourtant à l'instar de l'économie parallèle et de la politique parallèle que nous avons traitées dans une contribution précédente (La Presse du 5/10/2011), une formation parallèle du citoyen est véhiculée par la presse écrite, la radio et la télévision qui transmettent les informations sans commentaires, vu l'absence de spécialistes pour éclairer le chemin et aider les choix. Les citoyens essaient de comprendre ce qu'ils entendent et y arrivent bien difficilement par manque de formation économique de base. Une enquête sur leurs connaissances économiques serait édifiante, si on les interrogeait, par exemple, sur la signification de « charges sociales » ou encore comment expliquer « la productivité » voire en leur posant la question sur le fameux impôt qu'est la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) auxquels ils participent largement puisqu'elle représente plus de la moitié des revenus du pays.
La méconnaissance des faits et des mécanismes économiques constituent un obstacle au bon fonctionnement de la vie personnelle, de la vie économique bien sûr et à la limite de la démocratie. Il est vrai que l'information économique suppose un minimum de connaissances de base pour être comprise. Nous ne pouvons considérer que la démocratie a toutes les chances de réussir lorsqu'une partie importante de la population ignore une grande partie des règles du jeu économique. Ce n'est sûrement pas des livres blancs écrits par les gouvernants qui vont modifier la donne. Ceux-là mêmes qui déclarent que les statistiques de notre pays sont fausses, se cherchent, par ce biais, un brevet de probité. Comme le pays a engagé la bataille de l'analphabétisme, l'heure viendra, nous le souhaitons, pour engager la bataille de l'analphabétisme économique.
Après la Constituante, ce sera la bataille du futur : les vrais problèmes vont être remis sur le tapis. Quelle Constitution d'abord ? Quel modèle de développement ensuite ? Comme nous l'avons fait dans nos différentes contributions, nous allons suggérer encore de nouvelles pistes de réflexion. Quelle que soit l'issue du vote, notre Tunisie à tous est la seule gagnante. Nous considérons qu'un dialogue mieux informé et plus sincère entre les divers groupes et les partis politiques issus du vote devrait avoir lieu. Ce dialogue pourrait devenir plus productif, l'ignorance étant source d'innombrables malentendus et de perte de temps. Tout le monde reconnaît qu'il est des vérités sur lesquelles il est plus facile de s'entendre : la liberté de croyance, d'opinion, de la presse, de la science, de l'enseignement, de réunion, d'association, de la profession et de l'emploi...
La nouvelle Constitution d'abord. Outre les fondamentaux sur lesquels il ne devrait pas y avoir beaucoup de divergences, elle doit, entre autres, garantir l'autonomie des partenaires sociaux. Elle doit leur accorder le droit de régler eux-mêmes les conditions de travail et de les fixer dans des conventions collectives. En ces temps de crise, le pays doit connaître une grande paix sociale avec des conflits extrêmement rares et faire comme en Allemagne, où entre 1990et 2002, il n'y ait que 12 jours de grève pour 1000 journées de travail, quand la moyenne européenne est de 84 jours.
Le choix d'un modèle de développement ensuite ne doit pas constituer un frein dans des situations provisoires alarmantes comme les nôtres où l'appel du peuple est loin d'être entendu, où les magouilles se font et se défont et où les ambitions personnelles démesurées se dévoilent au grand jour dénotant l'impatience des uns et l'irresponsabilité des autres.
Ces modèles ne constituent, en fait, pas une chose nouvelle, leurs grandes lignes sont plus ou moins connues. Une série de questions peut les cerner. Quelle définition donner au développement ? Quels en seraient les acteurs ? Quelle forme prendra la coopération ?
Des rappels, non exhaustifs, peuvent aider à discerner les voies à suivre. Les premières théories dominantes, durant les années 50, sont centrées sur l'idée que l'Etat a un rôle central à jouer. En réaction, vers les années 70, de nouvelles théories apparaissent. Elles considèrent que la société civile doit être le moteur du développement. Enfin, durant les années 80, la théorie de l'identité va apparaître. Le développement est décrit alors comme une question de culture. Il s'agit de passer du traditionnel au moderne. Le conservatisme, prôné par certains y mêlant le religieux, ajouté à l'inadaptation des systèmes traditionnels au progrès, est considéré comme la résistance à l'innovation et à l'ouverture sur la modernité.
L'origine de cette évolution se trouve dans la philosophie des lumières que certains, par omission ou ignorance, voulaient la faire oublier pour vanter des siècles de décadence dont ils tirent les références. Avec la mondialisation, les valeurs deviennent plus universalistes et les rôles deviennent plus spécifiques. Comme conséquences, l'individualisme et la compétition à outrance sont à l'ordre du monde. La rationalisation englobe tous les aspects en particulier l'économie des ressources : le temps, l'argent, l'énergie, le travail, les matières premières... Tout cela implique, de plus en plus, une collaboration plus large et plus fructueuse, une intensité du travail, une obsession de la productivité, mais également une séparation du sacré et du profane.
Mais les méthodes diffèrent pour conquérir l'Etat. Le développement pour certains est-il une question politique? Serait-il comme ils le prétendent imputé à l'impérialisme avec la complicité des classes dominantes locales ? Le pillage systématique comme cela a été organisé par le comportement des « novembristes » et leurs protégés, durant les deux dernières décennies, milite en faveur de cette thèse. L'obstacle majeur est celui de la domination économique, politique et idéologique exercée par des minorités agissantes, transformée en révolutionnaires et en bourgeois capitalistes. Ces derniers sèment à tout vent des masses colossales d'argent dont l'origine reste inconnue et le montant indéterminé. Ces acteurs se disent des révolutionnaires, se réclamant du prolétariat qui a mené partout à la nomenklatura et à la dictature. Les syndicats et les mouvements sociaux s'y mêlent, ce qui s'ajoute à la confusion et au brouillard que traverse notre pays, à telle enseigne qu'un vote aveugle et une carte blanche sont donnés à des coalitions hétéroclites sans visage et sans programme. Il faut espérer qu'une fois la Constitution élaborée, un référendum aurait lieu. Ce procédé de démocratie semi-directe, ne devrait pas être présenté comme la meilleure et la pire des choses. Appeler le peuple à répondre, directement et non par représentants interposés, par oui ou par non à un problème fondamental engageant son avenir et lui permettant de sortir d'un vide constitutionnel, à la suite de la révolution de janvier, est un devoir pour les nouveaux élus. A y voir de plus près, ce n'est pas l'organisation matérielle puisque nous en avons l'expérience maintenant — seul le coût reste un mystère — mais la peur de perdre, si on revient devant le peuple. Les cartes auront été dévoilées au grand jour, puisque ni programmes, ni projets n'ont fleuris comme on s'y attendait dans les débats. La sanction du peuple serait alors immédiate. En cas de refus, il est à craindre que notre pays aille tout droit au blocage. Les derniers événements et les déclarations de certains en sont les prémices. Voilà en quelques phrases où peut mener le développement qui repose sur la politique.
Le modèle de développement est à base économique, soutiennent d'autres penseurs. Le passage d'une rationalité politique à une rationalité économique par la privatisation des entreprises publiques diront-ils. Or tout le monde avance aujourd'hui que les nôtres ont été bradées. Ceux qui en avaient la charge n'ont pas encore été entendus et seule la justice souveraine peut éclairer la vérité. D'ailleurs le secret demeure. Les principaux instigateurs de la faillite de toute la politique désastreuse que nous avons subie sont encore protégés voire aux commandes de l'Etat. Suivre les lois du marché, la confiance totale dans les vertus de la concurrence, la libre compétition, tout cela s'est traduit par l'appauvrissement d'un tunisien sur quatre !
Si les rapports entre le politique et l'économique ne sont jamais des rapports de subordination dans un sens ou dans l'autre, il en est de même pour l'économique et le social. L'économie n'est pas moins subordonnée au social et par suite soumise à des objectifs d'ordre éthique non quantifiables. Même du point de vue économique, il n'est pas certain que les performances quantitatives soient toujours un signe de réussite économique. Ainsi, une forte proportion d'investissements par rapport au produit peut témoigner d'un certain gaspillage. Le sens du changement est celui qui se manifeste par le progrès social c'est-à-dire l'amélioration des conditions matérielles et culturelles des masses.
Pour conclure, notre pays est à la croisée des chemins, il doit rattraper, en quelques années, une politique qui a pris en Occident un demi- millénaire. Après les élections, tous les citoyens, par delà leurs divergences, attendent une nouvelle politique qui s'attaquerait au traditionnel archaïque et aux dérives du libéralisme dont les conséquences ont été désastreuses : chômage, inégalités, précarité... Cette politique devrait se traduire en programmes, caractérisés par un changement social et culturel, ancrés dans nos traditions et dans notre culture, mais orientés par l'Etat avec ses élites modernisatrices et novatrices dont la Tunisie regorge. L'ouverture et la coopération serait alors la formation des cadres et l'assistance technique ; non celle de bureaux d'élection et de leur fonctionnement, la traduction de l'échec patent du produit de nos universités !
Le modèle économique à déterminer et à inventer, pour une révolution unique dans son genre, doit avoir le peuple comme acteur. Le seul projet valable serait la solidarité. L'auto-développement, la reprise en mains de son propre destin, le retour à la culture traditionnelle comprise comme quelque chose de dynamique et d'évolutive, le développement durable, l'identité culturelle, l'écologie... Ce sont des constantes dont il faut tenir compte. Mais la seule réponse qui demeure la plus importante est le langage de la vérité quelque soit le modèle retenu. Nous allons vers des épreuves difficiles, les aléas commencent par la situation du monde d'aujourd'hui où sévit une crise monétaire et une autre financière dont les issues sont imprévisibles. Se remettre au travail en comptant sur nous-mêmes, en se serrant la ceinture et en laissant la justice souveraine faire son devoir, c'est là le garant du succès de notre révolution, le défi de tout notre peuple et son rendez-vous avec l'histoire.
R.H.
*(Ancien chef de cabinet, économiste,
statisticien)


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