• A l'horizon 2020, les unités agroalimentaires de la zone participeront à la création de 9.000 emplois, dont le tiers pour les diplômés de l'enseignement supérieur • A long terme, l'étendue et la qualité du réseau des partenaires feront la force du technopôle. Le constat ne souffre aucune ambiguïté: le premier site de production agricole souffre d'un pauvre tissu industriel de transformation. D'où un manque à gagner colossal en termes de valorisation des produits. Et des coûts supplémentaires, notamment de transport, pour ceux qui cherchent à valoriser les produits agricoles. Pourtant, l'innovation dans le secteur de l'agroalimentaire est, relativement, plus accessible que pour d'autres domaines. «La remise en question permanente du cycle de production, de l'approvisionnement à l'emballage, en passant par les différents traitements, est une importante source d'innovation», explique M. Kamel Belkahia, P.-d.g. du pôle de compétitivité. Du coup, pour gagner en compétitivité, une proximité intellectuelle et géographique s'impose pour mettre en valeur les produits agricoles. C'est ainsi que l'idée de concevoir un technopôle agroalimentaire a vu le jour, et depuis deux mois elle est dans son nouveau siège à Menzel Abderrahmen. «L'idée est de mettre ensemble tous les ingrédients et les préalables, avec nos partenaires et nos adhérents, pour pouvoir répondre à tous les besoins en information, conseil et assistance des entreprises implantées, mais aussi à tous les nouveaux promoteurs», note M. Kamel Belkahia. Ce technopôle est une composante du pôle de compétitivité de Bizerte qui regroupe, également, 150 ha d'espaces industriels et un réseau de 28 partenaires « AGRO TECH » dont sept étrangers. Pour assurer une gestion rigoureuse, des banques privées détiennent 85% du capital social de la société Le pôle de compétitivité de Bizerte. D'où le double objectif de promotion du secteur et de la rentabilité des projets implantés en cette zone. Ce technopôle s'étend sur 45 ha et héberge le siège administratif, une pépinière d'entreprises, des ateliers relais, des espaces de bureaux ainsi que des lots de terrain viabilisés pour accueillir les entreprises. « On a investi près de 750 mille dinars pour renforcer la sécurité des espaces de production. Ce qui est de nature à inciter les investisseurs étrangers» relève le p.-d.g. Ces conditions semblent satisfaire plusieurs investisseurs tunisiens et étrangers,orienté principalement à l'export. Déjà, une usine de transformation de thon s'apprête à s'installer sur 3 ha, avec un investissement initial de 20 millions de dinars. «Le projet est au stade de finalisation du dossier juridique», précise le P.-d.g. Mieux encore, avec zéro déchet et une toiture photovoltaïque, le projet est en mesure de préserver l'environnement naturel. A l'instar de cette usine,six projets agroalimentaires sont prévus prochainement. «A la fin de 2012, on table sur l'exploitation de 25% des surfaces aménagées. Et le plein emploi est prévu dans quatre ans», avance M. Belkahia. Et d'ajouter «A long terme, l'étendue et la qualité du réseau feront la force du technopôle». Ces unités agroalimentaires participeront à la création de 9.000 emplois, dont le tiers pour les diplômés de l'enseignement supérieur, à l'horizon 2020. Cette enveloppe d'investissement de 280 millions de dinars générera un chiffre d'affaires à l'export de l'ordre de 320 millions de dinars annuellement. «A court terme, on vise la création de 1.000 emplois à la fin de 2012», précise le responsable. Avec le concours des partenaires du pôle de compétitivité, et conformément à la stratégie nationale du développement du secteur agroalimentaire et l'étude de positionnement réalisée par la Banque Européenne d'Investissement (BEI), le technopôle de Bizerte cible neuf filières. «On a commencé par quatre activités : les céréales et dérivés, les produits de la mer, les pommes de terre, la figue de barbarie et le vin et vinification», avance-t-il. Les compétences du technopôle sont mobilisées pour assister les entreprises à différents niveaux : la veille stratégique, la formation, l'innovation et le transfert de technologie et le service d'assistance aux entreprises. Fort d'un réseau de partenaires nationaux et étrangers, de professionnels comme de recherches, les services du technopôle seront en mesure d'apporter les solutions et les recommandations nécessaires à toutes les demandes. Dans une première étape, des actions de formation et de communication sont lancées pour promouvoir l'institution. Dans une deuxième étape, le technopôle développera une plateforme d'intelligence économique. «La première des missions est de rapprocher les professionnels et les chercheurs en multipliant les essais et les visites sur terrain en vue d'améliorer les cycles de production et de créer des synergies», précise M. Belkahia. Du peu de réactivité des ingénieurs agronomes Parmi les partenaires du technopôle, M Sabri Ben Salem est un promoteur d'une entreprise de production des pâtes fraîches. Il envisage de s'installer dans la zone dédiée aux activités industrielles. Toutefois ses besoins dépassent les terrains et les constructions. Il déplore les formations inadaptées aux besoins de son cycle d'exploitation de la majorité des diplômés. «Les ingénieurs sont performants dans les analyses microbiologiques mais peu réactifs face aux besoins récurrents et spécifiques de la production», précise le promoteur. Il est à rappeler que les soucis de tout investisseur sont la productivité et la rentabilité, notamment à court terme, voire dans l'immédiat. Face à cette demande, le technopôle en coordination avec un centre de formation professionnel pourrait lancer des formations spécifiques pour ces opérateurs. L'évolution des marchés extérieurs de pâtes alimentaires, ainsi que le changement permanent des goûts sont à la fois sources d'inspirations et de contraintes. En effet, l'expérience des autres nous donne une idée sur les tendances du secteur. Par la suite, un travail de longue haleine est entrepris pour accommoder l'offre aux exigences des clients. Pour ce qui est des travaux de recherches de pointe, le promoteur pourrait compter sur les équipements du technopôle pour pouvoir améliorer substantiellement l'une de ces activités de production. Sur un autre plan, M. Sabri souligne «Avec dix fois le prix des pâtes ordinaires, on est obligé de renforcer nos efforts de communication». A ce stade, il se contente de la publicité sur les réseaux sociaux. A l'instar de ce promoteur, l'éventail des besoins est très étendu et couvre même l'assistance technique et de gestion.