A l'occasion du séminaire sur « L'agribusiness pour la prospérité de l'Afrique », organisé début octobre par la Banque africaine de développement (BAD) et l'Organisation des Nations-unies pour le Développement Industriel (Onudi), M. Zakaria H'mad, chef de cabinet du ministre de l'Industrie et de la Technologie, a prononcé un discours dans lequel il a tout d'abord veillé à donner un aperçu sur le secteur des industries agroalimentaires (IAA) et son développement en Tunisie et avancer certaines réflexions sur la question de l'agribusiness en Afrique et comment en faire une locomotive de développement économique et de prospérité. Le secteur des IAA tunisien, a-t-il précisé, contribue à hauteur de 13% dans l'ensemble des emplois industriels. En termes de nombre d'entreprises industrielles implantées, il occupe le 2e rang après le secteur du textile et de l'habillement. Il compte, en effet, 1.039 entreprises, employant plus de 68.400 personnes, dont 185 sont totalement exportatrices et emploient 16.800 personnes. La valeur ajoutée de ce secteur, au prix courant, atteindra cette année près de 2.100 millions de dinars contre 1.400 millions de dinars (MD) en 2004 enregistrant un taux de croissance annuel sur la période de près de 6%. Ce secteur drainera aussi cette année des investissements de l'ordre de 375 MD contre 255 MD en 2004 et moins de 100 MD au début des années quatre vingt-dix. S'agissant de la contribution à la balance commerciale du pays, le ministre a souligné que les exportations des produits alimentaires atteindront cette année environ 2.30 milliards de dinars représentant ainsi plus de 10% du total des exportations industrielles qui vont, malgré la conjoncture particulière par laquelle passe le pays, dépasser pour la première fois la barre des 22 milliards de dinars. Les exportations alimentaires en 2011 permettront par ailleurs de couvrir les importations du secteur à hauteur de 90% environ. La contribution du secteur des IAA à la dynamique industrielle et économique du pays, a encore dit le ministre, a été rendue possible grâce à la mise en place, depuis les années 90, de stratégies et de mesures spécifiques, se basant particulièrement sur l'impulsion de l'investissement et l'organisation progressive des différentes filières de production. Sécurité alimentaire et sanitaire Le développement du secteur et l'importante place qui lui a été accordée en tant que secteur stratégique ont été dictés par au moins trois raisons fondamentales, à savoir: la sécurité alimentaire dans la mesure où le pays cherche à assurer un taux de couverture maximal de la balance commerciale alimentaire, mais aussi à s'assurer d'une bonne disponibilité des produits alimentaires et une accessibilité tenant compte du pouvoir d'achat du consommateur tunisien. A souligner à ce propos que la sécurité alimentaire tient aussi compte de la garantie de la sécurité sanitaire des aliments, la participation au développement du secteur agricole en jouant un rôle de locomotive au profit de ce secteur stratégique et l'augmentation de la valeur ajoutée du secteur, contribuant ainsi au développement économique d'une manière générale. Aussi l'Etat a-t-il mis en place un ensemble de stratégies de développement par filière et de programmes pour encadrer et assister l'entreprise à réaliser les prérogatives de compétitivité, de réactivité, de bonne gouvernance et d'assurance-qualité. Ces stratégies sectorielles, a-t-il encore ajouté, ont été ensuite synthétisées et enrichies dans le cadre d'une stratégie horizontale en 1999 qui a été révisée en 2006 visant la promotion du secteur des industries alimentaires. Cette stratégie repose essentiellement sur la maîtrise de l'organisation des campagnes de transformation à travers particulièrement l'encouragement au recours au contrat de culture et la mise en place de systèmes de paiement à la qualité des produits agricoles destinés à la transformation, le renforcement de la qualité et de la sécurité des aliments à travers la création de labels de qualité, l'adoption par les entreprises de systèmes d'assurance-qualité et de traçabilité ainsi que le renforcement des capacités analytiques des laboratoires en relation avec la sécurité sanitaire des aliments, l'encouragement de la production et de l'exportation par le renforcement de la recherche visant l'obtention de variétés répondant aux exigences des industries de transformation, la constitution de consortiums à l'export et la facilitation de l'approvisionnement des unités industrielles et la création d'un pôle de compétitivité spécialisé dans le domaine de l'agroalimentaire pour promouvoir l'investissement dans le cadre du partenariat, le développement technologique, la recherche et développement et l'innovation et le travail en réseau. Pour les pays africains, il a estimé qu'il y a lieu, aujourd'hui, de mettre en place des stratégies et des plans d'actions clairs, avec des objectifs mesurables pour faire progresser les industries agroalimentaires dans une organisation harmonieuse au sein de filières agroalimentaires. Développement technologique et innovation Par ailleurs, la Tunisie œuvre pour atteindre un nouveau palier de développement technologique de son industrie. Son objectif est de créer un tissu industriel innovant, qui opère dans des créneaux porteurs et à haute valeur ajoutée. Ainsi, un plan d'action pour améliorer le contenu technologique des exportations industrielles a été mis en place. Et pour contribuer à la réalisation de ces objectifs, il importe de renforcer encore davantage l'organisation de ces filières agroalimentaires qui est en fait un préalable mais également un moyen pour leur développement technologique qui vise particulièrement : l'amélioration de la productivité de l'eau, du sol et d'une manière générale, une utilisation raisonnée des ressources naturelles, et un choix optimal des variétés les mieux adaptés à la transformation, la sécurité sanitaire des aliments, l'assurance-qualité et la labellisation, l'innovation, l'amélioration de la valeur ajoutée, et la valorisation des sous-produits. Par ailleurs et dans l'optique d'une meilleure efficacité, il est essentiel que l'interprofession gère ses filières et en assume l'entière responsabilité. Ce choix est dicté par la parfaite connaissance de l'interprofession des problèmes et difficultés des filières. Ainsi, les accords interprofessionnels devraient faire l'objet d'une publication officielle et auraient un caractère obligatoire. Cela permettrait de dégager l'Etat de la gestion directe de ces filières. Le financement du développement technologique des filières agroalimentaires est aussi un élément fondamental dans la stratégie. Aussi, l'idée de créer un fonds spécifique dédié pour chaque filière est-elle envisageable et c'est aux professions d'assumer le financement de ces fonds spécifiques, ce qui leur confère une plus grande responsabilité dans la gestion et le développement des filières concernées. En conclusion , il est à souligner que dans le cadre de la coopération internationale et plus particulièrement avec la BAD et l'Onudi, la Tunisie a beaucoup profité de l'expérience et de l'appui technique et financier de ces derniers notamment. Une telle coopération fructueuse conjuguée avec la mise en place de financements adéquats peuvent contribuer à accélérer davantage le développement du secteur agroalimentaire partout dans les pays africains.