En Tunisie émergera peut-être la première «démocratie musulmane». Ces sont les propos de M. Jerzy Buzek, président du Parlement européen exprimés hier à Tunis lors d'une conférence de presse qu'il a donnée au terme d'une visite officielle en Tunisie. Souriant tout au long de la rencontre, M. Buzek a affirmé que tous les responsables qu'il a rencontrés, Premier ministre, gouverneur de la Banque centrale et leaders des quatre premiers partis gagnants des l'élections, «sont engagés pour la démocratie». «J'ai discuté avec Hamadi Jebali et il ne s'est jamais référé à l'islamisme, plutôt à l'islam», a-t-il souligné. Et dans la mesure où «nous savons que la Tunisie est un pays musulman, nous assisterions à l'émergence d'une première expérience de démocratie musulmane, comme les démocraties chrétiennes en Europe... Autrement dit cela n'empêche pas d'être de croyance musulmane ou chrétienne pour faire une démocratie. L'essentiel c'est de répondre aux aspirations des citoyens et de trouver le juste équilibre entre l'Etat et la religion». Le président du Parlement européen a pris son temps pour expliquer cette question, objet de débat et source d'inquiétude beaucoup plus visible chez des acteurs tunisiens que chez les partenaires étrangers de la Tunisie, entre autres l'UE. M. Jerzy Buzek a exprimé ses impressions positives concernant l'élection de la Constituante. «J'ai félicité tous les responsables tunisiens pour ce pas important, notamment en ce qui concerne le déroulement et l'organisation de la procédure électorale», a-t-il insisté, tout en reconnaissant que : «Nous savons qu'il y a eu des irrégularités, mais je ne crois pas que cela aura une influence sur le résultat...» Aide européenne L'Union européenne a adopté «The spring program», le programme du printemps et «La Tunisie sera la première à en bénéficier», a affirmé le premier responsable du Parlement européen. «Nous aimerions vous aider dans les domaines de l'investissement et du tourisme et nous savons ce que cela représente pour vous», a-t-il expliqué. Dans le cadre de ce partenariat, M. Buzek a annoncé un montant de 160 millions d'euros d'investissements et qui seront renforcés d'ici deux ans et un montant de 800 millions d'euros de la part de la Banque européenne d'investissement à court terme. Dans ce contexte, il a évoqué l'importance d'ouvrir davantage les marchés pour créer plus d'emplois pour les jeunes et il a précisé que des réformes judiciaires doivent être conduites par les autorités tunisiennes afin de rassurer les investisseurs... Le président du Parlement européen a noté, par ailleurs, que la situation est meilleure que lorsqu'il a visité la Tunisie pour la première fois il y a sept mois. «Je me sens en sécurité et je n'ai jamais senti que ma sécurité était menacée durant mon séjour. C'est ce que je vais diffuser à mon retour», a-t-il dit. Dans cet ordre d'idées, il a évoqué la question des réfugiés et celle des visas. «J'ai lancé un appel à la communauté internationale afin qu'elle prenne ses responsabilités en ce qui concerne la question des réfugiés dans le sud tunisien», a fait savoir M. Buzek. En ce qui concerne les visas, le responsable européen a annoncé des facilitations. Quant aux étudiants, il a annoncé que le programme Erasmus de l'UE sera étendu au profit des étudiants tunisiens. M. Buzek a, par ailleurs, mis l'accent l'importance de la mise en place d'un modèle de développement inclusif qui tienne compte de l'égalité des chances et entre les sexes, tout en exprimant le respect de l'UE des choix du peuple tunisien et de sa souveraineté et mettant l'accent sur la compatibilité entre les deux parties pour booster le partenariat.