La mission de l'Association tunisienne d'action pour le cinéma (Atac) ne sera pas facile. C'est le cas de le dire. Elle s'attaque à un secteur culturel des plus sinistrés, celui du cinéma. D'amont en aval, un manque de structures efficientes (qu'elles soient officielles ou indépendantes) de marché, de circuit de distribution et même d'une cinéphilie est sa faiblesse principale. Présentée au grand public il y a une semaine, à la maison de la culture Ibn-Rachiq, l'Atac est ouverte à tous les citoyens, désireux d'agir pour changer cette réalité si amère, quand on connaît l'importance dont jouit le 7e art sous d'autres cieux. Le projet des membres de l'association est clair et précis: tout faire pour rapprocher le cinéma du grand public. Cela passe par des projections ambulantes, avec la devise «si les gens ne vont pas au cinéma, le cinéma ira chez eux», ciblant différents endroits (rues, hôpitaux, cafés, écoles, foyers, prisons...) et tous les âges confondus. Cela passe également par des ateliers de création pour débutants, dont le premier est déjà programmé pour le mois de décembre et sera consacré au cinéma documentaire. A moyen terme, l'Atac annonce un festival international du court métrage. Sous le volet «Création d'un observatoire du cinéma», des conférences sont prévues pour réfléchir et débattre de problématiques importantes ou de sujets d'actualité touchant le cinéma en Tunisie. La première sur la liste aura lieu le 9 décembre, avec comme titre : «Salles de cinéma en Tunisie, états des lieux et perspectives». Une fois par an, un livret sera édité par l'association, comme contribution à l'observation des principales mutations du secteur du cinéma ainsi qu'à la documentation. Dans un autre registre, l'association va œuvrer pour le développement de liens étroits entre le cinéma tunisien et les nouvelles technologies, par le biais d'un festival biannuel du film tunisien en ligne, pour découvrir, redécouvrir des œuvres et même les numériser, ainsi qu'un site internet pour le cinéma en général. Ainsi, les objectifs de l'Atac sont traduits en actions, sous forme d'événements ponctuels et ciblés. Avant d'arriver au statut d'association, Atac a évolué depuis sa forme initiale qui a sûrement permis à ses membres fondateurs le recul nécessaire pour l'élaboration de leur projet. Il s'agit du collectif indépendant d'action pour le cinéma. Créé en 2009, ce collectif a tenu tête au ministère de la Culture de l'époque et à sa commission nationale pour la réforme et le développement du cinéma et de l'audiovisuel, en rédigeant un rapport parallèle : «Réforme et développement du secteur cinématographique en Tunisie». Dans la continuité de cet esprit militant, l'Atac est née, alimentant l'espoir de remuer le secteur dans le bon sens, celui de se rapprocher du simple citoyen et de diffuser la culture de l'image, en dépit de ses moyens réduits. Lors de la rencontre de présentation de l'association, qui siège temporairement à Dar Bach Hamba, plusieurs intervenants ont tenu à avertir ses membres de la difficulté de leur entreprise, au vu de l'état actuel des choses et à la lumière de malheureux incidents qui ont mis le cinéma avec un grand C sur le banc des accusés (Persepolis, Laïcité Inchallah). En même temps, le flux de personnes qui se sont précipitées pour obtenir leur adhésion à l'association à la fin de la rencontre est éloquent. Atac a su convaincre par ses idées. Place aux actions maintenant. Le bureau directeur Présidente : Nadia Touijer: réalisatrice et monteuse Vice-président : Chawki Knis : producteur Secrétaire général: Ismaël: vidéaste et écrivain Secrétaire général adjoint : Amine Messadi: chef opérateur Trésorier : Ali Hassouna: réalisateur Trésorier adjoint : Moncef Taleb : ingénieur du son Chargés de la communication : Wafa Ammari (artiste pluridisciplinaire) et Ala Abou Taleb (artiste visuel) Chargés de l'observatoire: Sarra Maali (exploitante), Imed Issaoui (étudiant) et Alaeddine Slim (réalisateur).