Avec sept pôles, ados, BD, théâtre, art, numérique, cinéma d'animation et presse, le Salon du livre et de la presse jeunesse de Seine-Saint-Denis a reçu cette année, du 30 novembre eu 5 décembre, plus de 150 000 visiteurs dont 32 000 enfants affluant dans ce joli rendez-vous de la lecture et de l'éveil à la culture dans un cadre scolaire. Le Salon qui se tient depuis plus de 25 ans dans ce département beaucoup moins huppé que d'autres, situé au nord-est de l'agglomération parisienne et comptant une importante population issue de l'immigration, s'habille à travers sa 27e édition des couleurs du cirque (thème de l'édition 2011). Et se met à la page des nouveaux supports de la lecture. S'ajoutent ainsi aujourd'hui aux albums, romans ados, livres d'art, documentaires, des animations numériques, des applications et des tablettes... « Un évènement, s'il ne se renouvelle pas, décline rapidement », explique Sylvie Vassallo, directrice du Salon depuis dix ans. La visite à cette vitrine de la production éditoriale jeunesse avec ses diverses palettes, BD, mangas, contes, romans, poésie, montre à quel point ce secteur semble se porter comme un charme en France. Là où l'édition pour adultes hésite, s'appuyant sur un marketing utilisé à outrance, celle destinée aux enfants reste un laboratoire et un vivier de talents. Une édition digne avec des propositions tranchantes qui correspondent à ce que les enfants vivent. Une littérature passerelle Comme à chaque fois, le Salon rend hommage à un pays en y invitant sa créativité littéraire, ses auteurs et ses illustrateurs. Le Mexique était à l'honneur cette année. Son stand aux couleurs des arts populaires très vivaces de ce pays d'Amérique latine n'a cessé d'attirer des groupes d'enfants hauts comme trois pommes, accompagnés de leurs maîtres et maîtresses. Avec son petit espace faisant face au Mexique, la Tunisie a bénéficié cette année d'un emplacement stratégique. A la mesure des évènements qu'elle a su susciter dans le monde depuis le mois de janvier dernier. Le stand tunisien géré par l'Union des éditeurs tunisiens avec le soutien de l'Institut français, le ministère de la Culture tunisien et l'ambassade de Tunisie à Paris s'inscrit dans cette logique de présenter une littérature passerelle entre deux cultures, entre deux langues, celle de Molière et celle d'Al Moutanabbi. Une vingtaine de maisons y ont pris part parmi lesquelles les Editions des Samsara, Celi Editions, Iris Editions, Sahar, Mohamed Ali Editions, Dar Sildar, Arabesque Editions, Chams Editions, Kounouz Editions, Kitabi... «Jamais nous n'avons organisé auparavant au cours de cette manifestation d'animations, ni d'ateliers de lecture. Les écoles françaises ont d'autre part été informées plusieurs mois à l'avance du thème général de notre stand : ‘‘La Révolution dans les yeux des enfants''», affirme Ahlem Boufaied, éditrice et représentante de l'Union pour le Salon. Sujet choisi en complicité avec la médiatrice culturelle Eya Joo également coordinatrice du stand tunisien, qui a voulu continuer sur la même thématique entamée par les éditeurs tunisiens lors du dernier Salon du livre de Paris (mois de mars dernier). Entre-temps, deux très jolis livres jeunesse sur la révolution ont été publiés l'un en Tunisie, La Plume du Révolutionnaire (Celi Editions) et l'autre en France, Raconte-moi la Révolution (Editions des Samsara). Des enfants et des adolescents, âgés entre 3 et 16 ans, ont largement fréquenté ce petit coin de Tunisie, participant à des ateliers de peinture où ils ont envoyé à travers leurs dessins des messages de solidarité et d'amitié aux enfants tunisiens. Aida Allani, auteur de La Plume du Révolutionnaire a animé des séances de lecture de son livre «La Plume du Révolutionnaire» : «Mon bouquin a interpellé les petits français qui ont eu un écho de ce qui s'est passé chez nous à travers les médias. Beaucoup de ceux qui ont afflué dans notre stand sont d'origine maghrébine. Ils m'ont semblé profondément concernés par les évènements du mois de janvier. Certains m'ont même demandé de leur apprendre comment écrire le mot liberté en arabe sur leurs graphismes». Une sélection de ces dessins sera bientôt présentée au Centre d'art vivant du Belvédère. L'exposition sera enrichie des œuvres des enfants tunisiens inspirés du même thème. Grâce au Salon, des passerelles artistiques semblent s'établir déjà entre les petits des deux rives de la Méditerranée...