Le ministère de l'Education semble s'être lancé dans une course contre la montre. Il a monté, à cet effet, neuf commissions chargées d'étudier les grands dossiers stratégiques pour une énième consultation sur le secteur de l'enseignement. La particularité, cette fois, c'est que les données ne sont plus les mêmes et que nous sommes en présence, peut-être, d'une volonté plus forte et plus sincère. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? L'espoir est permis en attendant que de nouveaux responsables soient en charge des affaires et prennent les choses en main. Déjà, nous avons les grandes lignes proposées aux débats. Elles ont trait à tous les aspects de la vie scolaire, elles vont du temps scolaire à l'orientation en passant par les manuels, les cours particuliers ou de soutien ainsi qu'aux programmes et autres évaluation et contrôle continu *. Apparemment, rien n'a été laissé au hasard. Et ce qui retient l'attention en premier touche aux examens nationaux. Sur ce volet, des suggestions sont déjà à l'étude. Il s'agirait de garder trois examens : la sixième, la neuvième et le bac. Pour les deux premiers, ce sont des échéances anciennes qui font partie du patrimoine, bien que la sixième ait été malmenée depuis une décennie. Elle n'était plus un examen national. Dans la nouvelle réforme, elle pourrait le redevenir. A cela, plusieurs arguments. Depuis des décennies, cette épreuve était inscrite sur le calendrier national de l'évaluation du cycle primaire. Elle permettait, dans l'ancien système, de passer au secondaire. C'était donc un diplôme indispensable. Avec la création du diplôme de la 9e, il y a eu une sorte de double emploi. L'évaluation en sixième est, alors, devenue une simple épreuve régionale sans aucune utilité sinon d'offrir pour ceux qui le désirent, une place dans un collège pilote. Psychologiquement parlant, c'est le passage de la sixième à la septième qui représente pour l'écolier une vraie rupture entre deux cycles et non la neuvième. D'où l'importance de marquer cet événement dans l'esprit de l'élève. Or, le passage de la neuvième à la première année secondaire n'est qu'une simple formalité. Le maintien du diplôme de 9e est devenu quasiment absurde, dans la mesure où il n'est obligatoire que pour ceux qui veulent être admis dans un lycée pilote. On l'a tous remarqué, les candidats qui se présentent à cet examen national sont hétéroclites. Comme il est facultatif pour la plupart, il rassemble tous ceux qui ont perdu espoir de réussir grâce à leur moyenne obtenue en cours d'année ou d'autres qui sont sûrs de réussir mais qui viennent en badauds pour passer du temps et parfois pour gêner ceux qui sont là pour des raisons sérieuses. La teneur des épreuves et les coefficients ne sont pas les mêmes. Il est facile d'obtenir sa moyenne en raison de la réduction substantielle des coefficients par rapport à ce qui existe en cours d'année et en raison aussi du nombre de matières inscrites au programme. Ce flottement a fait passer le nombre de participants de plus de 150.000 à la fin des années 1998 à moins de 40.000 actuellement. Deux examens suffisent Tous ces facteurs montrent qu'il est plus logique d'abandonner le diplôme de la 9e pour ne maintenir que celui de la sixième. Quant à la façon de choisir les élèves à inscrire dans les établissements pilotes il existe beaucoup d'options crédibles et qui ne permettent pas aux intrus de fausser chaque fois le jeu et de gonfler artificiellement les effectifs. C'est à ce moment que l'étape primaire pourra être considérée comme une étape évaluative. Le niveau des élèves qui passeront en 7e de base (qui pourrait, pourquoi pas, redevenir première année secondaire) auront une confirmation de niveau. Le maintien de la 9e avec la restauration de son régime obligatoire ne s'expliquerait pas. Elle servirait peut-être à alimenter le budget du ministère (droit d'inscription pour des dizaines de milliers de candidats). C'est le bac qui reste intouchable. Comme aurait dû l'être la sixième. Intouchable, pas vraiment. Puisqu'on parle de revoir la question des 25 %. Présentée comme une bouée de sauvetage, cette bonification était un cadeau empoisonné au système éducatif. Elle a ouvert la porte à la progression de la médiocrité. Nos élèves ne sont en rien responsables. Au contraire, ils sont victimes de ce traquenard. Car lorsqu'en 2001 on a introduit ce taux, c'était pour des raisons politiques, comme l'ont souligné, récemment, les responsables du ministère. Sous couvert d'offrir une planche de salut aux malchanceux, cette mesure a contribué à aggraver la baisse du niveau de nos bacheliers. De plus, cette bonification ne profite pas à tout le monde. En bénéficient ceux qui sont médiocres ou tout simplement moyens. Les méritants, eux, ne peuvent compter que sur eux-mêmes. C'est là une injustice. Convaincre les futurs bacheliers de la suppression de ce soi-disant avantage demandera beaucoup de tact et d'habileté. Les commissions chargées d'étudier ce volet auront du pain sur la planche. La tâche ne sera pas facile, d'autant que les débats seront chauds avec l'idée de créer des syndicats d'élèves. Mais quelles que soient les issues, l'enjeu est très important et les avis doivent prendre en compte l'intérêt de nos jeunes et la crédibilité des diplômes tunisiens. Amor CHRAIET Les commissions : Examen et contrôle continu, temps scolaire, vie scolaire, orientation scolaire, cours particuliers, de soutien et de rattrapage, programmes et livres scolaires, formation, intégration des TIC dans l'enseignement, restructuration et gestion des administrations.