• Le classement de la Tunisie dans le domaine de la corruption est passé de la 59e place en 2010 à la 73e place en 2011 • Le programme d'action de la FMOI/GIACC en Tunisie, mené avec l'appui du ministère des Affaires étrangères du Royaume des Pays-Bas, concerne le renforcement des capacités des associations sur le thème « Ethique et leadership associatif » Au niveau mondial, le secteur de l'infrastructure de base occupe la deuxième place en matière de corruption. C'est ce qu'a déclaré hier matin M. Kamel Ayadi, représentant régional du Global Infrastructure Anti-corruption Centre (GIACC) et ancien président de la Fédération mondiale des organisations d'ingénieurs (FMOI), lors d'une conférence de presse tenue hier. La première place dans le domaine de la corruption est occupée par l'armée, dans la mesure où les gouvernements ne sont pas tenus de rendre des comptes lors de leurs achats des équipements militaires dans le cadre du secret d'Etat. Le cadre de cette manifestation est la célébration de la journée mondiale de lutte contre la corruption, le 9 décembre de chaque année, et le dernier rapport de la GIACC qui classifie les pays selon l'indice de perception de la transparence et de la corruption. Le classement de la Tunisie dans ce domaine est passé de la 59e place à la 73e. Il faut du temps après la transition démocratique pour que la Tunisie élimine radicalement la corruption. D'après un graphique présenté à cette occasion, la corruption peut connaître deux tendance : soit diminuer et disparaître après avoir mis en place des mécanismes préventifs, soit augmenter et se maintenir à un niveau donné. L'orateur a cité dans ce cadre plusieurs pays qui sont pourtant connus pour la démocratie et la liberté de la presse mais qui connaissent encore la corruption, comme c'est le cas, à titre d'exemple, de l'Italie. L'étau se resserre sur la corruption En Tunisie, plusieurs indicateurs ont été revus à la baisse après la révolution comme la croissance qui était annuellement aux alentours de 5% et qui ne sera que de 0% voire moins au cours de cette année. L'orateur a émis le vœu qu'au cours des années à venir la situation économique s'améliore et que la corruption soit éliminée pour un meilleur classement au niveau mondial. «Il faut passer de l'aspect correctif et informatif qui est important à l'aspect préventif », souligne M. Ayadi ajoutant que «la Tunisie dispose déjà des mécanismes de contrôle qui ont été détournés de leur mission lors du régime déchu. Ceux-ci doivent être gardés en les activant afin qu'ils s'acquittent convenablement de leur mission». Les mécanismes de lutte contre la corruption ont été intégrés dans plusieurs institutions, y compris la Banque Mondiale, qui est prête à radier tout partenaire reconnu corrompu et il n'aura pas de possibilité de collaborer avec aucun autre bailleur de fonds. En fait, un système comportant des nouvelles normes anti-corruption a été mis en place à l'intention des entreprises, des gouvernements et des institutions. Chaque entreprise peut demander à intégrer ces normes pour travailler sur des bases transparentes et anti-corruption. «Notre travail consiste à renforcer les capacités, selon l'orateur. Et nous sommes prêts à offrir notre aide à tous ceux qui en font la demande». Pas moins de 119 mécanismes de lutte contre ce phénomène peuvent être mis en place dans les divers secteurs. En Tunisie où la journée mondiale de lutte contre la corruption n'a pas été bien célébrée, le débat est engagé avec les parties concernées en vue de définir un système tunisien de normes. Dans le cadre de la norme ISO 26000 relative à la responsabilité sociétale de l'entreprise un paragraphe traite d'ailleurs de la corruption. En tout cas, grâce aux efforts des différentes parties au niveau mondial, l'étau se resserre sur la corruption dont le volume est estimé à 1 milliard de dollars. Elle représente 20% du PIB de l'Afrique. On se base sur l'indice de perception et non sur des données empiriques pour mesurer l'évolution et l'étendue de la corruption, et ce, en se référant à diverses sources en plus de l'analyse des experts. «La perception, c'est la réalité mais elle a des points faibles», fait remarquer M. Ayadi. En fait, l'indice en question se base sur des données et des analyses obtenues auprès de 3 à 17 sources différentes et 13 institutions – dont la Banque mondiale et la Banque africaine de développement – L'indice varie de 0 à 10. Le pays ne sera pas classé si au moins trois sources ne sont pas disponibles. L'indice de 2011 a tenu compte de données collectées de décembre 2009 à septembre 2011 pour classer 83 Etats. Nombre de pays se classent dans les premières places dans le domaine de la corruption comme la Nouvelle-Zélande et Singapour, mais on trouve aussi les pays scandinaves. Dans certains pays, la démocratie et la liberté de la presse sont bien consacrées mais il y a absence de mécanismes appropriés pour contrecarrer ce phénomène. Le cas de la Tunisie mérite qu'on s'y attarde, surtout que son classement a chuté de la 33e place à la 7e. La situation a commencé à empirer quand le clan présidentiel a commencer à faire main-basse sur toutes les ressources et les biens du pays. En 2009, l'Algérie occupait pourtant la 111e place , le Maroc la 89e place, l'Egypte la 111e place et la Tunisie la 65e place, puis la 59e place une année plus tard. En acceptant d'intégrer les normes anti-corruption, le chef d'entreprise doit s'engager à instaurer la transparence totale. Dans certains pays, les employés n'ont pas le droit de recevoir des cadeaux contre les services rendus. Si un employé se voit offrir un stylo, il doit en informer tout le monde. Toute la société doit, en réalité, développer la culture de l'anti-corruption pour assainir le pays de ce phénomène. Une éthique doit régir tous les secteurs et tous les métiers. «Elle doit être également prévue dans l'enseignement supérieur », recommande l'orateur. Le programme d'action de la FMOI/GIACC en Tunisie – avec l'appui du ministère des Affaires étrangères du Royaume des Pays-Bas – concerne le renforcement des capacités des associations sur le thème « Ethique et leadership associatif ». L'objectif est d'accompagner, d'encadrer et d'assister les associations agissant dans les domaines de la corruption, de l'éthique et du développement. Il s'agit aussi de renforcer leur rôle en matière d'éducation et de nouvelle culture d'intégrité sans omettre leur rôle d'intermédiation. Des sessions de formation, de coaching et des séminaires seront organisés à cet effet.