• La répression fait 13 morts la plupart dans la ville de Homs où 200.000 personnes auraient défilé contre le régime BEYROUTH (Reuters) — Des centaines de milliers de Syriens sont descendus hier dans les rues de plusieurs villes du pays pour s'opposer au président Bachar Al Assad, rapportent des militants pro-démocratie. Selon eux, la répression de ces manifestations a fait 13 morts, la plupart dans la ville de Homs, où 200.000 personnes auraient défilé contre le régime. Cette mobilisation massive est intervenue au lendemain du dépôt par la Russie au Conseil de sécurité de l'ONU d'un projet de résolution évoquant le «recours disproportionné à la force par les autorités syriennes», une évolution notable dans le vocabulaire employé par Moscou sur ce sujet. La France a dit prendre «comme un développement positif la décision russe de reconnaître que la profonde dégradation de la situation en Syrie appelle une résolution du Conseil de sécurité», a déclaré Bernard Valero, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. «Elle est prête à travailler avec tous ses partenaires mais souligne que le texte russe comporte des éléments qui ne sont pas acceptables en l'état», a-t-il ajouté, faisant allusion au fait que la répression menée par le régime et la résistance populaire sont mises sur le même plan. Les Nations unies estiment que 5.000 Syriens ont péri en neuf mois de répression des manifestations. Les violences d'hier ont eu lieu après les prières de la mi-journée dans la ville de Deïr Al Zour, dans l'Est, et à Homs, un foyer de l'opposition. Des images diffusées par la chaîne de télévision Al Djazira montrent à Homs un échafaud factice sur lequel ont été pendues cinq effigies, dont l'une représente Bachar Al Assad. Le nombre de manifestants n'a pu être vérifié, les autorités syriennes ayant expulsé du pays la plupart des journalistes indépendants. S'il est exact, il représenterait l'une des plus fortes mobilisations de ces dernières semaines. La violence exercée par Damas à l'encontre des manifestants a poussé les puissances occidentales ainsi que la Ligue arabe à isoler et à sanctionner la Syrie. Hier, la Turquie a indiqué que Damas perdrait plus de 100 millions de dollars par an en raison de la décision d'Ankara de contourner le territoire syrien pour ses exportations à destination du Moyen-Orient et du Golfe. Le ministre turc de l'Economie a déclaré avoir achevé les négociations destinées à exporter par voie maritime des biens à destination de l'Egypte à partir de janvier, et via d'autres pays que la Syrie pour les biens à destination du Golfe. Les gouvernements arabes ont annulé une réunion prévue aujourd'hui de leurs ministres des Affaires étrangères, lors de laquelle devait être évoquée la question de la réponse à apporter à la répression syrienne, rapporte l'agence de presse égyptienne Mena. Au siège de la Ligue arabe au Caire, on n'a pas donné de raison à cette annulation. Une autre réunion, de plus bas niveau, doit avoir lieu aujourd'hui au Qatar, a-t-on ajouté. Les ministres des Affaires étrangères du Qatar, de l'Egypte, du Soudan, d'Oman et d'Algérie doivent y assister.