Aucun joueur n'a évolué sur sa vraie valeur, tous les repères ont été absents, on ne pouvait pas inquiéter le Botswana avec autant d'approximation et de démotivation. Lassant ! Le scénario et l'évolution du match d'hier à Gaborone nous rappellent parfaitement un autre scénario non moins plaisant, celui de Mozambique-Tunisie qui nous a coûté une place au Mondial sud-africain. C'est en tout cas un air de déjà-vu. Umberto Coelho et Bertrand Marchand, on n'avait pas l'impression hier que quelque chose a changé en sélection. C'est un match catastrophique (le mot est sévère, mais c'est la vérité) où nous avons vu la même impuissance et la même médiocrité dans tous les aspects du jeu qu'à Maputo. On a beau comprendre la fatigue et le moral touché des joueurs de l'Espérance, la charge du voyage coupé par trois escales, l'absence (qui s'est bien vue) de Jemaâ, Allagui et Chermiti, mais peut-on accepter que l'équipe de Tunisie en arrive là ? Nous n'étions même pas capables de sortir la balle proprement de notre zone à la fin du match et nous avons opté pour des passes en largeur qui ont fait le bonheur de l'adversaire. Peut-on accepter que des joueurs qui connaissent bien l'Afrique et qui sont super bien payés en sélection jouent avec une nonchalance pareille et avec un «arrogant» pied levé ? Oui, il y avait un adversaire bien placé derrière, il y avait aussi une incroyable défaillance du milieu de terrain, mais il y avait aussi une médiocrité dans la production du jeu et énormément de gâchis techniques de la part des joueurs. Le premier mouvement valide et digne de la valeur et de l'historique de la sélection a eu lieu à la 30', la première occasion très nette de scorer, elle, a eu lieu à la 80'. Jamais on n'aurait imaginé que Marchand et ses joueurs éprouveraient autant de difficultés à poser le jeu et à arriver aux seize mètres du Botswana. Il y avait une chose qui ne tournait pas rond en cette équipe de Tunisie assez découverte derrière, mais surtout à court de rythme en attaque et incapable de jouer en transition (son registre préféré) ou, à défaut, d'exploiter les couloirs. Dhaouadi (encore une petite prestation en sélection), Ben Khalfallah (actif au début puis trop individuel) et surtout Darragi (très décevant et aussi transparent que face au TP Mazembe) n'étaient pas tous prêts pour débloquer cette situation. On attendait un exploit, un geste technique, un imprévisible échange pour marquer. En vain, nous étions impressionnants dans la possession de la balle devant Mathlouthi et à renvoyer n'importe comment la balle avec une largeur qui a fait le bonheur des locaux. Les temps ont changé, une équipe aussi inconnue que le Botswana nous bat deux fois sans que l'on puisse lui marquer un but, nous espérons maintenant terminer à la deuxième place et passer par le rachat à la CAN 2012. Heureusement que le Togo a été gracié, sinon notre victoire sur lui n'aurait eu aucun sens, et le Botswana irait seul à la CAN. Ce qui s'est passé hier à Gaborone montre que Marchand, son staff et les joueurs, et par-delà le bureau fédéral doivent des comptes à l'opinion sportive. Analyser le jeu ? Mais y en avait-il ? L'équipe de Tunisie a confirmé sa décadence entamée il y trois ans, depuis une certaine défaite contre le Burkina Faso à Radès. Depuis, personne ne veut l'admettre : finie cette race de joueurs grands par leurs qualités techniques et par leur personnalité. Aujourd'hui, l'équipe de Tunisie doit être estimée à sa juste valeur, une valeur actuelle moyenne sur le marché. Beaucoup à faire, notamment au niveau sérieux, encadrement (la mauvaise organisation du voyage y est pour quelque chose) et la constance. Défense Mathlouthi a paru peu sobre et incertain dans ses interventions. Il a une responsabilité dans le but encaissé. Quant à l'axe Souissi-Saïdi, il a alterné le bon et le moins bon, mais grosso modo, il n'a pas offert de belles garanties de sécurité. Jemal a prouvé que le poste d'arrière gauche ne lui sied guère, alors que Boussaïdi a perdu énormément de ses possibilités. Ce n'est plus le latéral qui peut donner un coup de main à l'attaque. Beaucoup de retard de la défense sur le porteur de balle, avec une douceur dans les duels. L'action du but nous montre à quel point notre défense a été docile et gentille. On attendait vraiment mieux, heureusement que les attaquants botswanais n'étaient pas bien inspirés. Milieu de terrain C'était le maillon faible de la sélection hier. En jouant avec deux milieux défensifs, Traoui et Korbi, un relayeur, Ben Yahia (même poste que Mahjoub lui a donné) et deux ailiers, Dhaouadi et Ben Khalfallah, il fallait beaucoup de mouvement, des passes courtes et des départs dans le dos des défenseurs botswanais vu qu'il y a un seul attaquant de pointe. Rien de cela, Dhaouadi et Ben Khalfallah n'ont pas été servis dans de bonnes conditions, et cela est dû à la mauvaise relance de Korbi et Ben Yahia. Même la rentrée de Darragi n'a rien apporté, l'homme était complètement déboussolé et mal inspiré. Nos joueurs se sont contentés de passes en largeur et ils ont rarement cherché l'adversaire droit au but pour créer le danger. Résultat, des actions téléphonées et beaucoup de contres dangereux. Seul Mouihbi a apporté un peu de jeu linéaire et un danger, mais ce n'était pas suffisant, il raté la balle du match. Le milieu tunisien n'a pas assuré le minimum requis dans un match aussi important. Attaque Rien à signaler pour Akaïchi qui a raté une occasion facile au début du match et qui a couru des kilomètres sans résultat. Il n'a pas la facilité de Jemaâ, ses amis ne lui ont pas facilité la besogne, il était perdu au centre de la défense adverse. Et si nous avions joué avec deux attaquants, Mouihbi et Akaïchi ou Khelifa ensemble, pour créer des espaces pour les milieux ? Au moins, on aurait essayé quelque chose au lieu de cette impuissance à trouver la solution lisible d'un Marchand qui perd pour la deuxième fois en 5 matches .