Le rideau est tombé sur le Grand Prix du Maghreb disputé dimanche 18 décembre sur l'hippodrome de Casablanca. L'heure est aux bilans.....Les cinq épreuves au programme (trois pour les pur sang arabes et deux pour les pur sang anglais) ont été remportées par des chevaux marocains. 5 sur 5 ! Le grand Chlem... Malgré cette lourde défaite, il y a, à mon sens, des motifs de satisfaction. Tout d'abord, la relance de cette compétition intermaghrébine à maintes fois reportée pour des raisons politiques. Les responsables des quatre sociétés de courses maghrébines réunis pour l'occasion ont confirmé leur intérêt pour cette prestigieuse manifestation et ont promis que le calendrier sera dorénavant respecté. Nous en prenons acte...Le Grand Prix du Maghreb est une compétition absolument nécessaire pour valoriser les efforts accomplis en matière d'élevage et de courses. Cette confrontation entre les meilleurs chevaux marocains, libyens, tunisiens et espérons le dans un proche avenir avec des chevaux algériens, devrait inciter nos propriétaires et éleveurs à davantage d'efforts et d'investissements pour faire bonne figure. C'est une émulation également pour les responsables des sociétés de courses maghrébines pour améliorer leurs infrastructures et l'organisation de leurs courses dans le sens le plus large du terme. Nos courses vivent en vase clos, refermées sur elles mêmes. La participation au Grand Prix du Maghreb est donc une belle opportunité de s'ouvrir sur l'étranger, d'apprendre à voyager et de découvrir des conditions et un environnement différents. De la même manière que notre football ou notre handball, au niveau des clubs, ont sensiblement évolué grâce aux participations aux compétitions africaines (malgré les énormes difficultés rencontrées lors des déplacements en Afrique !), nos courses accompliront certainement un saut qualitatif avec ces confrontations maghrébines qui pourraient également servir de tremplin pour d'autres épreuves internationales. A cet effet, il convient de rendre hommage aux propriétaires tunisiens qui ont déplacé leurs chevaux, avec parfois des chances peu évidentes de figurer à l'arrivée, dans le seul but de voir notre drapeau flotter dans le ciel de Casablanca. Le déplacement par cheval leur est revenu à 6.000 D. avec 1.000 D. de frais annexes. Ils auraient pu attendre tranquillement les «Grand Prix» de fin d'année à Kassar-Said....Donc leur courage et leur sens du dévouement méritent d'être cités. A retenir également de cette édition 2011 du Grand Prix du Maghreb, l'étroite collaboration entre le P.M.U. tunisien avec son homologue marocain qui a permis pour la première fois, aux turfistes tunisiens de jouer sur les cinq épreuves au programme avec leur retransmission en direct à la télévision sur l'hippodrome de Kassar-Said. L'essai a connu un vif succès. L'opération pourrait se répéter à l'occasion des grandes épreuves organisées au Maroc ou en Tunisie. Mr M'naouar Ben Hissi président de l'Agence Tunisienne de Solidarité s'est longuement entretenu avec M. Faycal Cherik directeur à la Société des Courses Hippiques et du Paris Mutuel en Algérie pour une future collaboration entre les deux institutions. Nos amis algériens qui manquent de support de jeu, (les paris sur les courses de France ont été suspendus en Algérie depuis une trentaine d'années) seraient intéressés d'inclure nos courses dans leur programme. Rappelons qu'une expérience avait été tentée avec succès dans les années 80, mais elle a dû être abandonnée au bout de quelques mois suite à l'absence d'un texte législatif autorisant le jeu sur des courses à l'étranger. Aux dernières nouvelles, des démarches administratives ont été entamées avec le secrétariat de l'UMA dont le siège est à Alger et le projet pourrait se concrétiser dans un avenir assez proche. Sur le plan sportif, ce n'était tout de même pas la « bérézina » ! Nous sommes deuxième et troisième avec Tyn et Amir Al Badia dans l'épreuve phare, le Grand Prix de l'Union du Maghreb Arabe (100.000 $ - 2.000 m) pour pur sang arabes de 4 ans et plus. Chez les 3 ans de pur sang arabe, Brahim a terminé troisième, Boutadi cinquième et Bint Fatma sixième le Prix du Maghreb des 3 ans de pur sang arabe (60.000 $ - 1. 750 m). Dans le Prix du Maghreb pour femelles de pur sang arabe de 4 ans et plus (60.000 $ - 1.750 m) nos deux représentantes Bint El Asayl et Akermiya se sont sans doute un peu gênées en se disputant le commandement durant une bonne partie du parcours. Elles ont terminé au sixième et septième rang. Côté pur sang anglais, nous avons brillé par notre absence dans le Grand Prix du Maghreb des chevaux de pur sang anglais nés et élevés au Maghreb (80.000 $ - 2.000 m). C'est la suite logique d'une politique d'abandon de l'élevage de cette race depuis une dizaine d'années. Avec 35 naissances en moyenne, une vingtaine de produits qui parviennent à Kassar-Said, une dizaine tout au plus qui participent de façon effective aux courses et sans compter les ventes massives et régulières de chevaux de pur sang anglais en Libye, on ne pouvait espérer aller concurrencer les Marocains sur leur terre. L'entraîneur qui dispose d'un bon cheval n'avait aucun intérêt à prendre des risques. En toute logique, il préfère réserver son pensionnaire pour les grandes épreuves classiques locales où ses gains sont quasiment assurés. Fort heureusement, nous avons constaté ces trois dernières années un sursaut de quelques éleveurs avec l' importation de plusieurs dizaines de poulinières pleines ( à la faveur de la crise économique qui sévit en Europe), ce qui augure d'une relance des courses réservées à cette catégorie. Dans l'épreuve ouverte aux importés, (60.000 $ - 2.100 m) nos représentants Slam Warrior, Sinologie et Lui Seul n'ont pu faire face aux chevaux marocains nettement supérieurs. Là aussi, une réflexion s'impose. A la requête des propriétaires et des éleveurs, la Société des Courses a programmé depuis trois ans une série de courses pour des chevaux importés dans le but d'agrémenter le spectacle et d'attirer de nouveaux propriétaires et davantage de public – et de recycler les femelles importées dans l'élevage. L'intention était bonne et une cinquantaine de chevaux ont été importés de France, évidemment leurs performances étaient des plus modestes vu le montant modique des allocations offertes. Les propriétaires sont des gens passionnés mais en même temps des investisseurs qui exigent un minimum de rentabilité. Ces courses ont connu un succès incontestable, avec un grand nombre de partants (vingt partants même le jour d'un Grand Prix), des arrivées disputées et spectaculaires, la participation de plusieurs propriétaires libyens (et un début d' internationalisation de nos courses !)....Mais les infatigables «détracteurs» de Kassar-Said n'ont pas tardé à demander, puis à exiger la suppression de ces courses pour «importés». Il faut savoir ce que l'on veut ! On n'incite pas les gens à investir et à importer des chevaux, puis l'année d'après demander la suppression du programme annoncé. Malheureusement on navigue toujours à vue et on ne peut espérer ainsi aller loin...Par ailleurs ces courses sont ouvertes aux nés et élevés avec une décharge de 5 kg, mais aucun produit tunisien n'y a été engagé. Un bel exemple nous est venu du Maroc, où un né et élevé Mayar a réussi à battre à deux reprises et en l'espace de quinze jours les « importés ». C'était le cas chez nous, avec plusieurs nés et élevés de valeur comme les Bralon, Isabelle, Lady Ann, Flamenco, Italo..... Le Grand Prix du Maghreb se tiendra l'année prochaine chez nous. Nous devons donc nous préparer sérieusement (et de façon professionnelle) pour ce grand événement, à tous les niveaux : organisation, couverture médiatique et en particulier préparation des chevaux qui porteront nos couleurs nationales. Trêve de palabres, au travail messieurs !