La création d'une zone de libre-échange dans le monde arabe était un projet d'envergure discuté par les experts et les ministres depuis des années déjà. Avec la révolution qui a touché nombre de pays arabes la donne a changé. Les citoyens se demandent si ce projet serait maintenu ou annulé. Une zone de libre-échange permet aux marchandises de circuler librement sans droits douaniers qui sont démantelés. Ainsi, les entreprises gagnent en compétitivité, notamment au niveau des prix de vente. La Tunisie a conclu des accords de création de cette zone avec des pays arabes de façon individuelle, et ce, dans le cadre de ce grand projet arabe. Par ailleurs, notre pays a conclu un accord d'association avec l'Union européenne —qui est notre principal partenaire avec plus de 80% des échanges— et a prévu la création d'une zone de libre-échange déjà opérationnelle dans le secteur de l'industrie manufacturière. Cette zone devrait concerner à terme tous les secteurs d'activité y compris ceux des services et des produits agricoles. Faire face aux firmes multinationales Avant l'entrée en fonction de ladite zone, un délai de grâce est fixé pour chaque secteur afin qu'il puisse assurer sa mise à niveau (renouvellement des moyens de production, redéploiement de l'effectif et amélioration du taux d'encadrement, certification et introduction de nouvelles méthodes de gestion optimales...) et devenir plus compétitif. L'objectif étant de bien outiller l'entreprise afin qu'elle puisse faire face aux autres firmes multinationales et aux entreprises étrangères qui opèrent sur le marché européen et disposent de grandes potentialités de production. Le principe est de se passer des quotas ou des régimes préférentiels —jadis appliqués pour les économies naissantes— et de donner l'occasion aux entreprises de s'imposer en comptant sur leurs propres ressources pour gagner des parts de marché et de se positionner sur le marché européen qui présente encore plusieurs opportunités. Dans le cadre de cet accord d'association, l'Union européenne a prêté main-forte aux entreprises tunisiennes à la faveur du programme de mise à niveau des entreprises industrielles, du programme de qualité et celui du coaching. Sur une période fixée, les droits douaniers ont connu un démantèlement progressif pour laisser la place à la concurrence loyale au niveau des entreprises même si cela a causé un manque à gagner important pour l'Etat. Celui-ci percevait, en effet, une taxe sur chaque produit importé sous forme de droit douanier. Certains équipements et produits qui n'entrent pas encore dans la zone de libre-échange continuent encore, bien entendu, à être soumis aux droits de douane. La tendance mondiale est, toutefois, pour la création de zones de libre-échange qui ont leurs effets positifs —pour les entreprises exportatrices notamment— et leurs impacts négatifs sur les recettes de l'Etat. L'entreprise tunisienne est, certes, appelée à exporter vers les quatre coins du monde et à conquérir de nouveaux marchés parfois lointains et avec lesquels nous ne sommes pas liés avec des accords de libre-échange. Dans ce cas, les prix de vente sont calculés en fonction des coûts de production, du transport et des droits douaniers, ce qui diminue la compétitivité à moins que le produit dispose d'une forte valeur ajoutée. Le chef d'entreprise prend l'initiative, dans plusieurs cas, de prospecter les marchés et ne se limite pas uniquement aux zones de libre-échange. Cependant, au cours de la période passée, des cas de corruption ont été enregistrés dans ce domaine, ce qui a causé un manque à gagner à l'Etat. En effet, certaines personnes et entreprises bien placées n'hésitaient pas à importer des produits et des équipements n'entrant pas dans le cadre des accords de libre-échange, et ne payaient pas les droits de douane. L'objectif était d'acheter au moindre coût. Avec le nouveau gouvernement, de telles pratiques n'auraient plus de droit de cité. Les autorités publiques, au plus haut niveau, ont promis, en effet, de faire preuve de rigueur, de fermeté et de transparence pour dégager de nouvelles ressources grâce aux droits douaniers. La question que se pose nombre d'hommes d'affaires est de savoir quel sera l'avenir des zones de libre-échange au cours des années à venir. Leur généralisation pour les pays arabes et africains constitue-t-elle une bonne option? Ce qui est sûr, c'est qu'il faut établir la stabilité économique et politique dans tous les pays arabes, après les révolutions, pour pouvoir installer une zone arabe de libre-échange qui entre dans la complémentarité des pays et vise à satisfaire les besoins des consommateurs et des entreprises sans porter atteinte aux équilibres financiers de l'Etat.