Par Azedine NEFFATI * Trois Premiers ministres en quelques mois, fait unique dans le monde, mais toujours les mêmes erreurs et un dilettantisme flagrant. Trois Premiers ministres frileux, n'agissant que par petites touches et surtout beaucoup de phraséologie. Récapitulons le premier en date, en l'occurrence, Mohamed Ghannouchi fut conforté à l'issue d'un mini coup d'Etat, et après quelques balbutiements forts compréhensibles, dans son poste de Premier ministre. La barque du gouvernement, frêle esquif, fut le jouet et la proie de diverses tendances politiques. Monsieur Mohamed Ghannouchi ne put se démettre de l'emprise étouffante des caciques du RCD toujours au pouvoir (véritable cour des miracles) qui ne rêvaient que de reprendre le pouvoir et par là tuer dans l'œuf la Révolution. Malmené par les différents courants politiques dont le principal catalyseur et détonateur fut le RCD et ses milices, Monsieur Ghannouchi, après avoir ouvert la boîte de Pandore en jetant sur la scène politique tous les opposants, toutes tendances politiques confondues, créant par là un marasme politique incroyable. Tiraillé par ses anciennes tendances politiques, conspué par le peuple, il fut contraint de présenter sagement sa démission. On fit appel à un dinosaure (terme affectueux) de l'ancienne école, en l'occurrence M. Béji Caïd Essebsi. Rompu aux arcanes de la vie politique, il put, après de brefs tâtonnements, stabiliser un tant soit peu les soubresauts désordonnés et hystériques des différents partis (qui n'ont à aucun moment contribué à la révolte qui s'est muée par la suite en Révolution, car dire révolution, cela sous-entend et implique des têtes pensantes et un plan préétabli). Dire que c'est une Révolution est inadéquat. Certains chefs de file, et peut-être est-ce tant mieux (ils ont fermé la porte aux brebis galeuses, la mafia du RCD) se sont empressés de combler le vide politique, en s'intronisant candidats potentiels à la magistrature suprême de l'Etat. M. El Béji est tombé dans le même piège que son prédécesseur, c'est-à-dire sous la dictature de la rue. Bref, M. Béji, malgré tout, réussit à mener à bon port sa barque et à nous doter d'un pouvoir législatif, après des élections plus ou moins transparentes, d'un président de la République puis d'un Premier ministre. Mais là où cela choque, un frange et pas des moindres (issue du Parti Aridha, c'est-à-dire le RCD, dont le responsable n'est autre que M. Hamdi), s'est infiltrée au sein de cette institution. Bonjour les dégâts. Les chefs de file, en l'occurrence M. Chebbi, M. Brahim, à la tête de leurs partisans élus au sein de cette Assemblée et ajoutant M. Hama du Pcot, ainsi que les partisans de M. Hamdi, font des pieds et des mains pour vouer à l'échec et torpiller toute tentative de compromis, d'entente et de reconstruction. Bon diriez-vous, c'est cela la démocratie, mais rien qu'à voir les élus de ces partis, hurler, gigoter, l'air mauvais, au bord de l'indécence, on se demande où nous allons. Grèves sauvages, sit-in improvisés, autoroutes et routes barrées, des foyers de tension s'allumant un peu partout surtout au centre et au sud (fief de l'Aridha). Destructions des infrastructures économiques, administratives, sociales et culturelles, ces criminels veulent que les troubles s'étendent aux grandes villes du pays. Où étaient-ils ces Messieurs au temps de Ben Ali le criminel. Ne commettez pas la même erreur, M. Jebali, agissez s'il vous plaît et de toute urgence. A l'opposé de vos prédécesseurs, vous avez toute une structure légale à vos côtés, notre police fait convenablement son travail aux côtés de la Garde nationale et de notre chère Armée. Vous avez été élu démocratiquement, vous et Monsieur le président de la République, vous n'avez pas le droit d'être aussi passifs. Notre pays va à la dérive et on ne gouverne pas un pays avec de bonnes intentions. Savez-vous que l'enfer est pavé de bonnes intentions ? Vous dites connaître ces criminels ? Faites le nécessaire. Dans d'autres pays, l'état d'urgence aurait été déjà proclamé. Réorganisez et assainissez les structures administratives, nommez de nouveaux responsables au sein des autorités régionales, car les trois quarts ne sont que des Rcdeistes. Réactivez le contrôle des prix, la police municipale, je sais que c'est un travail colossal qui ne se fait pas du jour au lendemain, mais je vous prie d'agir, tranchez dans le vif. Vous voulez démontrer au monde entier que vous êtes démocrate, que vous ne voulez pas être traité de tyran ou de dictateur ? Mais si vous agissez fermement, ces ennemis de la Nation ne sont que quelques centaines tout au plus, disséminés à travers le pays, personne ne vous traitera de tyran, car vous n'agirez que pour le bien de notre pays. Vous êtes conscient que le peuple souffre Monsieur Jebali. La révolution tunisienne n'est l'œuvre de personne, elle est l'œuvre du peuple qui l'a payé par le sang de ses enfants et ce peuple est en train de payer, au prix fort la facture. Ce peuple souffre de la cherté de la vie, de l'insécurité, de ces pénuries quotidiennes de produits de première nécessité (lait, gaz, produits pharmaceutiques etc…) de ces tables rondes inutiles de retour sur le petit écran, de ces grèves sauvages, de ces sit-in improvisés à tout bout de champ pour des demandes ahurissantes, le peuple en a assez de ces promesses, de ces atermoiements, de ces envolées lyriques, qui n'ont aucun sens, sauf peut être pour gagner du temps. Jusqu'à quand ? Des hordes de quelques centaines de renégats, épaulés par vous savez qui, puisque vous le dites, entravent la marche du pays vers des horizons plus que prometteurs. Même les aides que nous offrent des pays frères et amis, sont décriées. Soyez sûr, Monsieur le Premier ministre, que même si vous leur faisiez des ponts en or, et que vous créeriez des centaines de milliers d'emplois en quelques jours, ils ne cesseront pas leurs œuvres de destruction. Leur seul but est de semer la gabegie, la zizanie et de faire tomber votre gouvernement. Que voulez-vous, ce sont de mauvais perdants. L'amertume et le désarroi se lisent clairement sur leur visage. Ils sont capables d'aller jusqu'au bout de leurs intentions pour satisfaire leur amour propre et leur égo. Quel égocentrisme juvénile ! Je vous demande instamment d'agir et de toute urgence, de prendre les dispositions nécessaires afin d'endiguer leurs manigances. J'espère, un prochain jour, les voir jugés pour haute trahison. Ne croyez pas Monsieur le Premier ministre que si je me permets de vous adresser cet article, ce n'est pas en tant que laudateur, je n'ai besoin de rien et tout ce que j'ai me suffit amplement grâce à Dieu, mais que voulez vous, je suis repris par mon péché mignon, la franchise et j'ai peur pour mon pays. Il faut que je déballe tout ce que j'ai sur le cœur, sinon, bonjour les insomnies. Cette franchise m'a valu au temps de Bourguiba, six mois de taule, heureusement assorties de sursis, pour insulte à l'encontre d'un policier, accusation montée de toutes pièces et exclu du PSD. Sous B. Ali, durant les 3 ans que j'ai passés au RCD (1987 à 2000), je fus l'objet de divers tracas allant de la confiscation de mon passeport, à la convocation bi-mensuelle au poste de police de mon quartier pour signer des engagements, et au contrôle de mes écrits par l'ATI. D'ailleurs je ne suis devenu membre de l'Union des écrivains tunisiens qu'en avril 2011, et ce n'est qu'à cette date que mes livres ont eu accès en Tunisie, et c'est grâce à la Révolution. *(Ecrivain romancier)