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«Pourquoi me suis-je tu ? La peur, mon ami !»
Du 7 novembre 87 au 14 janvier 2011… avant, il y avait Bourguiba… Hédi Baccouche et la traversée… du siècle
Publié dans Le Temps le 02 - 02 - 2011

«Oui, j'ai fait le 7 novembre avec Ben Ali. Le manifeste, c'est moi qui l'ai écrit… Mais, très vite, les faucons l'on révélé sous son vrai jour : une espèce de Docteur Jeckyl et Mister Heyde»
«Je suis comme beaucoup de personnalités politiques consulté par les responsables actuels de l'Etat. Je suis pour un pluralisme avec la reconnaissance d'Ennahdha. Et je suis pour un régime parlementaire ».
«Je suis pour la reconnaissance d'Ennahdha et de toutes les sensibilités politiques»
Recueillis par Raouf Khalsi - Silence coupable ou silence strident ? Durant 21 ans, Hédi Baccouche dont tout un chacun savait qu'il était « l'architecte du 7 novembre » remonte, tel un submersible à la surface. Serait-il l'architecte de ce gouvernement transitoire ? Les gens en parlent. Les politiques ne se projettent pas. « Architecte du 7 novembre », c'est un fait. Architecte de la configuration politique actuelle, ce serait trop lui donner…
Même si, au fond, c'est là le trait dominant du « Jurassik Park ».
Il explique
«Oui je le revendique : c'est bien moi qui ai écrit le manifeste du 7 novembre (relents léninistes qui réapparaissent ?) et je l'ai écrit de A à Z. Et de surcroît, nous avons mis 15 jours à préparer ce qu'on a appelé par la suite « Le coup d'Etat blanc » : Ben Ali, Habib Ammar et moi-même ».
Question : Tous ceux qui ont travaillé avec Bourguiba – à vos heures – n'osaient pas s'attaquer au père : le Pathos, en somme. Vous, on vous prête des rancoeurs contre lui.
Hédi Baccouche : Vous faîtes allusion à mon incarcération à l'époque Bourguiba. Non aucune rancœur. Moi aussi je subissais le syndrome du Pathos, mais étant de gauche (et Bourguiba l'était d'ailleurs). Je croyais en le projet socialiste de Ben Salah. Mais en même temps, né dans la ferveur émancipatrice, conquérante, révolutionnaire et avant-gardiste du Destour, je souffrais de ce que mon parti - et ma raison d'être - fût squatté, érigé en castes pour écraser la vie politique et les institutions toutes entières.
-Et c'est donc pour cela que vous auriez travesti le PSD en RCD et démantelé le parti pour le reconstruire selon votre idéologie…
Hédi Baccouche : En 87, les choses s'égrenaient. Il fallait d'abord libérer les symboles (Habib Achour), faire en sorte que l'UGTT se reconstruise, permettre à Ben Salah de regagner le pays, faire éviter la peine capitale à Rached Ghannouchi, réfléchir à un pacte national et à un gouvernement qui ne fût pas monolithique avec la participation d'hommes comme Dali Jezi, Mohamed Charfi, Saâdeddine Zmerli. C'était aussi une époque de ferveur il faut le reconnaître et les promesses étaient là, palpables. Et pour répondre à cette question de PSD. Sachez que l'application n'est pas venue de moi et qu'au contraire j'ai résisté pour qu'on garde la lettre « D » qui renvie à « Démocratique » et qui peut renvoyer aussi à « Destourien ».
-Mais alors qu'est-ce qu'il y a de changé ?
Les Faucons
Hédi Baccouche a pour lui le témoignage de l'Histoire. Après 22 mois comme premier ministre de Ben Ali, il était viré.
« Connaissez-vous cette histoire de Docteur Jeckyl et Mister Hyde ? Il y avait en fait deux Ben Ali. J'ai vu se mouvoir à travers lui une espèce de métamorphose kafkaïenne. Et, étant réellement inculte politiquement, il cachait mal une sorte de frilosité. J'ai vite fait de réaliser qu'il me redoutait en s'appuyant sur des conseillers qui n'ont de but que l'argent et le pouvoir. Et ce fut une espèce de chasse des sorcières avec le limogeage des véritables patriotes ».
3 seuls contacts en 21 ans
Et revoilà Hédi Baccouche en plein milieu du désert. Une nouvelle traversée du désert à laquelle s'ajoutait une récurrence, trait dominant du régime Ben Ali : la peur.
-Mais pourquoi vous êtes-vous tu tout ce temps et pourquoi ne parlez-vous que maintenant ?
Hédi Baccouche : « La peur mon ami… la peur !»
Exagère-t-il ? C'est encore les magmas de la gauche qui le rattrapent. Pour autant cette peur dont il parle reconduisait des réminiscences staliniennes. Ben Ali serait Staline et, lui, Trotsky ?
« La peur, je le confirme, ajoute Hédi Baccouche. Et sachez qu'en 21 ans je n'ai eu que trois contacts avec Ben Ali.
1/La première fois, je devais me rendre en France pour une conférence au parti socialiste. J'ai dû lui demander son autorisation. Je ne savais pas si je pouvais quitter le territoire.
2/La deuxième, il m'a chargé d'aller féliciter Bouteflika en son nom. Il avait été en l'occurrence conseillé par Béchir Ben Yahmed, qui connaissait mes relations en Algérie.
3/La troisième fois c'est lui qui m'a appelé pour me dire qu'on a voulu l'induire en erreur sur mon compte, et qu'on a monté une cabale contre moi, accréditant l'idée auprès de Ben Ali de présumées accointances avec Ahmed Manaï, et d'un complot avec les Islamistes. Ils voulaient m'impliquer ! Et il s'en est excusés ».
Pas de chasse aux sorcières
Et nous voilà 21 ans après- Hédi Baccouche donne l'impression d'avoir déjà traversé le siècle. Son regard pétille à l'évocation de cette révolution.
Nous lui posons cette question : « Est-il vrai qu'on vous consulte régulièrement depuis la chute de Ben Ali ? »
Hédi Baccouche : «Oui. Comme beaucoup d'autres, j'ai servi et je sers d'intermédiaire averti entre les uns et les autres. A l'instant où nous parlons (dimanche vers 12h) M. Rached Ghannouchi est là.
Je suis pour la reconnaissance d'Ennahdha si l'on veut installer définitivement la démocratie et le pluralisme, il faut que tous les courants, tous les partis et toutes les sensibilités participent au processus. Car il ne faut pas oublier que cette Révolution, c'est le peuple qui l'a faite et qu'elle se fonde sur la dignité, les droits de l'homme, la démocratie et la joie de vivre.
-Oui mais ne pensez-vous pas que ce gouvernement transitoire est dépassé par les événements, dès lors que la sécurité tarde à revenir ?
Hédi Baccouche : Ce gouvernement a fait les bons choix. M. Mohamed Ghannouchi est un homme doté de bon sens et d'amour pour la patrie. Cela dit, ce ne serait pas bon de diaboliser les forces de l'ordre qui ont toujours été loyaux. Il ne faut pas non plus douter du sens républicain de l'armée nationale. J'ai espoir, j'ai même la conviction que ce peuple puisera au fond de lui-même la capacité de se surpasser et de faire en sorte que cette Révolution, déjà accoucheuse d'Histoire, devienne aussi accoucheuse d'un modèle et d'un régime avant-gardistes ».
-Seriez-vous pour un régime parlementaire ?
Hédi Baccouche : « Montesquieu n'a pas dit par hasard que « tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser (…) Il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. Un régime parlementaire couperait court avec les velléités d'absolutisme présidentialiste ».
-Une dernière question : « Comment avez-vous fait, depuis Bourguiba pour être toujours là… Même quand vous étiez absent ? ».
-Hédi Baccouche : « C'est la force de l'engagement, la conviction que la Tunisie est le berceau de la civilisation méditerranéenne ; le répondant que j'ai autant avec les élites qu'avec les gens du peuple. Maintenant, il faut laisser les commissions travailler et il faut que la Démocratie s'installe et pour toujours ! ».
Deux heures de temps avec Hédi Baccouche. Il aura traversé le siècle. Lui seul sait s'il a toujours placé son fauteuil dans le sens de l'Histoire. En tous les cas c'est un insurgé à sa manière : le syndrome du Pathos avec Bourguiba, et puis l'effet Pygmalion avec Ben Ali Quel mythe lui inspire cette Révolution ?


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