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Ne touche pas à ma liberté...
«Pour la protection des libertés» — Manifestation des démocrates centristes et progressistes hier à Tunis
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 01 - 2012

Entre démocrates progressistes et islamistes conservateurs, le combat d'idées va crescendo. Si les premiers reprochent au gouvernement de la Troïka un certain laxisme quant au traitement des questions nationales les plus urgentes et quant à la lutte contre la violation des libertés, les seconds associent les premiers à des chasseurs en rivière pourpre et à des fauteurs de troubles cherchant à servir leurs intérêts personnels aux dépens de l'intérêt supérieur de la patrie et du peuple tunisien. Ce face-à-face opposant les deux parties s'est à nouveau illustré, hier, à l'avenue Mohamed V pour se poursuivre, par la suite, dans d'autres artères de la ville.
Lieu : place des droits de l'Homme à l'avenue Mohamed V, temps : hier, midi pile. Des hommes, des femmes, des jeunes et des moins jeunes, toutes catégories confondues, entonnent à gorge déployée l'hymne national sur fond de chansons engagées émanant de deux enceintes acoustiques installées dans la cabine arrière d'une grande camionnette. Sur la banderole couvrant la partie basse de ce véhicule, on peut lire « Pour la défense des libertés ». Les débats engagés ici et là sont à la fois multiples et divers, mais versent tous dans le même sens, à savoir la préservation des libertés. Croisée dans la foule, Mme Abdelkefi, enseignante universitaire, pense que l'oppression des libertés individuelles est un danger qui guette la révolution tunisienne : «Je suis là pour manifester contre toute éventualité de retour à la dictature. Je crains de voir s'installer la violence, les passe-droits et l'utilisation de la religion à des fins politiques. Cela ne peut que m'inquiéter. Moi qui suis universitaire je peux vous dire que devant ce que devient l'université comme champ politique, où à la place du savoir comme symbole, on met un drapeau noir qui appelle au meurtre, à la haine des journalistes, des artistes et de tout ce en quoi on croit, ma crainte d'un avenir incertain est de plus en plus grandissante». Un avis partagé par Mme Gasmi, enseignante universitaire de linguistique : «La société tunisienne traverse une période critique. L'obscurantisme est la pire des menaces dont les conséquences lourdes affecteront jusqu'à l'appauvrissement intellectuel et mental les générations futures. Il faut qu'on se mobilise tous pour la préservation de nos acquis culturels et civilisationnels». A ces paroles d'universitaires mobilisés contre «toute sorte d'arrivisme qui ne fait que contrecarrer la marche du pays vers plus d'ouverture, de tolérance et de modernité», s'ajoute celle de cette jeune contestataire qui a choisi, en se présentant, de dire tout simplement : «Je suis une citoyenne tunisienne. On est en train de décliner par rapport à l'objectif essentiel de la révolution populaire du 14 janvier qu'est l'instauration d'une République démocratique. Quand on utilise la religion pour diviser la population, incitant à la haine, cela ne peut que nous affaiblir. Nos priorités sont l'emploi, le développement équitable entre les régions, l'essor de La Tunisie et le bien-être des Tunisiens. Arrêtons de détourner l'intérêt public vers d'autres débats stériles par le biais de l'instrumentalisation et des paroles emphatiques». Sur ces mots chargés de sens, on quitte notre interlocutrice, pour accompagner la marche d'une foule devenue massive après avoir été de l'ordre de quelques centaines, vers l'avenue Habib Bourguiba.
De tyrannie en tyrannie
Envahi par les manifestants, le boulevard Mohamed-V, devenu inaccessible aux véhicules, a l'allure d'un carnaval. Sur les pancartes brandies, on lit entre autres : «Non à la violence, la liberté est un droit», «La liberté d'expression est une ligne rouge», «Non à la dictature au nom de l'Islam», «Les enseignants de la faculté de La Manouba se mobilisent pour la défense des libertés académiques et de la dignité de l'enseignant», «La Tunisie est à nous tous, le dialogue est la solution», «Les droits de l'Homme notre point de départ et la République notre objectif», «Le peuple veut un Etat civil» et «Ma liberté est mon essence». Des slogans scandés sans relâche par des manifestants relevant de plusieurs sensibilités politiques et de différentes structures de la société civile. Lesquelles sensibilités politiques et parties civiles se montrent insatisfaites du chemin parcouru par le gouvernement en place. Une insatisfaction qui, comme l'observe Mme Maya Jribi, secrétaire générale du Parti démocratique progressiste (PDP), puise ses sources dans la consécration de la pensée unique : «Nous nous mobilisons aujourd'hui pour défendre la liberté d'expression, le respect des libertés individuelles et collectives et la cohabitation pacifique de toutes les franges et classes sociales. Le progrès du pays est tributaire du travail et de l'engagement de toutes les forces vives. A commencer par les médias qui sont de plus en plus harcelés par ce discours culpabilisant. Contrairement à ce que pensent certains, la pluralité et la diversité créent notre richesse. Nous nous attendons à ce que le gouvernement prenne en main les choses pour agir comme il se doit face aux défis qui s'imposent. Il nous est à la fois désolant et intrigant de voir le président de l'Assemblée constituante attester d'une telle indifférence face à cet appel à la violence et à la haine à l'égard des protestataires, lancé, dernièrement, par un constituant appartenant à la majorité. Nous savons tous que les sit-in et les manifestations ont des retombées néfastes sur l'économie nationale. Toutefois, la violence ne peut en aucun cas résoudre les problèmes. Cela nécessite une politique avisée et une vision prospective».
Des propos approuvés par le penseur Youssef Siddiq, croisé à l'avenue de Paris : «Être ce qu'on est est une grandeur. Il faut préserver notre typicité de société modérée et solidaire. Je crains toute sorte d'extrémisme qui débouchera sur une guerre civile. La mouvance islamiste « Ennahda » n'arrive pas à maîtriser et à encadrer ses affiliés. Je peux partager avec eux certains principes. Toutefois, cela ne m'empêche d'admettre que la plupart de son public se veut apolitique, frôlant souvent l'ignorance des vrais préceptes de la religion islamique. Ennahda doit travailler ses bases et former ses adhérents conformément aux exigences d'un Islam modéré privilégiant la fraternité, l'ouverture, la démocratie et la tolérance. Il faut dire dans ce sens que le « RCD » avait des écoles où l'on préparait et l'on formait cadres et adhérents. Cela pour dire que tout est question d'initiation».
Inopportune précipitation
Aux revendications et slogans des démocrates centristes et progressistes s'opposent ceux des islamistes et partisans d'Ennahda. Sur les banderoles et les pancartes qu'ils arborent, on peut lire entre autres : «l'Islam prime sur tout», «Démocrates d'aujourd'hui, anciens alliés du président déchu», «Evitez l'anarchie, respectez la légalité», «Enracinés, enracinés dans notre environnement arabo-musulman», «Le peuple a élu Ennahda». Ces hommes et femmes révoltés contre « la provocation et le non-respect de la légalité », pensent que le gouvernement n'a pas eu suffisamment de temps pour travailler et que tout a été fait afin de le perturber et de brouiller ses repères. C'est ce que confirme ce jeune homme qualifiant d'illégitime la marche contestataire d'hier : «Cela fait presque trois semaines que le gouvernement est là. Dans toutes les régions de la planète, on évalue le travail d'un gouvernement fraichement mis en place après 100 jours. Or, chez-nous ce n'est point le cas. On cherche à renverser un gouvernement élu démocratiquement après quelques semaines. Cela est à l'évidence honteux et ne peut en aucun cas servir l'image du pays sur le double plan régional et international. Ceux qui répètent des phrases sans queue ni tête, dans le style : « Non aux Etats-Unis d'Amérique, non au Qatar », ignorent, à coup sûr, l'actualité économique du pays. Comment osent-ils avoir une conduite pareille alors que le pays a besoin d'aide pour dépasser la crise économique et sociale dont il souffre ? Laissez le gouvernement travailler, sinon la barque se noiera et nous serons tous perdants. Armez-vous de patience et de patriotisme et vous allez voir que l'on est sur le bon chemin. C'est le message que j'adresse à mes frères et concitoyens tunisiens». Une attitude partagée par ce quinquagénaire barbu, occupant le macadam gauche de l'avenue Habib Bourguiba, juste en face du ministère de l'Intérieur. En pesant ses mots, l'homme laisse entendre que le bouillonnement et le combat d'idées entre les deux parties est un bon signe : «C'est un signe positif. Le fait de voir toutes les sensibilités politiques, idéologiques et religieuses défiler ensemble est un témoignage vivant que la démocratie est en train de mûrir sous notre ciel. A chacun sa propre vision des choses. Au-delà de tout et en fin de compte nous demeurons tous frères, fils de la même patrie et sensibles au malheur et au bonheur de tout Tunisien où qu'il soit». N'est-ce pas à méditer ?


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