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Quelle agriculture demain pour la Tunisie ?
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 02 - 2012


Par Amor CHERMITI*
Il est admis que l'agriculture constitue la composante principale de l'économie tunisienne et a été considérée comme un secteur stratégique dans tous les plans de développement depuis l'indépendance. Cependant, jusqu'à nos jours, l'agriculteur tunisien affronte de nombreuses contraintes, dont notamment celles liées à la productivité et à la rentabilité. Ainsi, dans un monde en perpétuelles mutations et dans des conditions de marchés sans frontières, on se demande si notre agriculture peut être compétitive ? Notre agriculture est-elle capable de satisfaire les besoins de tous les Tunisiens et ceux des générations futures ? Face à ces défis, les structures actuelles (administration, recherche et développement, profession, société civile, etc.) ont-elles évoluées pour être de plus en plus efficaces et affronter les défis actuels et avenir ?
Répondre à ces questions, n'est pas chose aisée ; mais nous essaierons d'apporter quelques éléments de réflexion et définir l'agriculture de demain pour la Tunisie, dans un contexte mondial changeant. Nous rappelons, à cet effet, que durant l'année 2008, un groupe de réflexion composé d'ingénieurs chercheurs et d'enseignants, de responsables et d'agriculteurs ayant une grande expérience, a été créé au ministère de l'Agriculture et des débats importants ont eu lieu et ce, durant plus de 6 mois ; mais on se demande si à cette époque les idées et les propositions avancées ont eu une suite ! De même, il est à rappeler que les nombreuses études réalisées et les stratégies développées depuis des années convergent vers les mêmes conclusions : faibles productivité et rentabilité, traduisant que la marge d'amélioration demeure importante dans le secteur, et que des possibilités de mise en place de projets innovateurs pour le renforcement de l'emploi existent.
Parmi les défis qu'il faut affronter, nous signalons la consommation des produits agricoles de plus en plus importante, la compétitivité entre les produits nationaux et ceux provenant du marché extérieur et la limitation des ressources naturelles (superficies agricoles et ressources en eau notamment), dans un environnement où les conditions pédoclimatiques sont de plus en plus déterminantes. Ainsi, on se demande comment affronter de tels défis et quelles solutions proposer ?
A notre avis, nous devons produire plus et autrement en assurant la durabilité des systèmes de production, disposer de produits compétitifs sur le marché national et international tout en assurant la santé humaine et le respect de l'environnement.
Par ailleurs, il est connu que l'avenir de tous les secteurs économiques ne peut être assuré que par la maîtrise de la science et de la technologie, d'où le rôle de la recherche scientifique. Ainsi, on peut confirmer que l'agriculture ne peut avoir d'avenir sans le renforcement de la recherche agronomique. D'ailleurs, depuis le début de la colonisation française à la fin du 19e siècle, un système d'enseignement supérieur (création de l'Ecat : école coloniale d'agriculture de Tunisie, actuel Inat) et de recherche agricole (création des jardins d'essais, actuel Inrat) a été mis en place en Tunisie, non pas pour le développement de l'agriculture nationale; mais pour former des ingénieurs capables d'exploiter les terres tunisiennes, plus fertiles en cette période, pour assurer l'exportation de leurs productions vers leur pays d'origine. L'objectif à cette époque était d'améliorer la production du blé dur et de l'exporter vers la France à travers la maîtrise des techniques de production et la valorisation des résultats de la recherche (études des ressources génétiques et leur adaptation régionale en fonction des types de sol et du climat). La mise en place de moyens financiers, humains et matériels pour développer ce système a été la clé de réussite de l'époque coloniale (période avant l'indépendance). A la suite de l'indépendance, et durant les deux premiers plans de développement, les mêmes préoccupations ont été considérées au cours de la période 1956-1961 et on assistait au cours de la période 1962-1969 à la tunisification, à la diversification et à l'augmentation de la production agricole, d'où une assistance internationale assez importante (FAO, Pnud, etc.) et un renforcement des moyens humains à travers la formation et le recrutement des ingénieurs chercheurs et de personnel d'appui (techniciens et ouvriers), en plus de la création de stations de recherche dans les régions. Nous notons, par ailleurs, qu'au cours de cette époque, les préoccupations et les ambitions personnelles étaient placées en seconde position : l'intérêt national était placé en premier lieu ; c'était l'époque de la conscience professionnelle et du vrai patriotisme. Les structures de formation, de recherche et de vulgarisation étaient placées sous la même tutelle, coopéraient étroitement avec les structures de développement et dotées d'un système souple de gestion administrative et financière permettant la réalisation des actions de recherche pour le développement dans les temps, et en conséquence valoriser les résultats de la recherche au niveau de l'exploitation agricole. Les passerelles entre les structures de l'enseignement supérieur agricole et celles de la recherche agronomique plein temps étaient souples, puisqu'elles étaient placées sous la même tutelle (Derv : direction de l'enseignement, de la recherche et de la vulgarisation). Les structures de développement, et plus particulièrement les offices, que nous considérons comme étant des écoles (Office des céréales, Office de mise en valeur de la vallée de la Medjerda, Office de Nebhana, Office de l'élevage et des pâturages, Office de développement de la Tunisie centrale) et les groupements interprofessionnels (Giaf, ....) étaient un véritable support à la recherche agronomique; à travers le financement des programmes de recherche pour le développement et la mise à la disposition des ingénieurs chercheurs de parcelles d'expérimentation et de démonstration dans des conditions réelles de l'exploitation agricole. Les divisions techniques et les stations d'appui relevant des offices jouaient le rôle de véritables courroies de transmission entre le chercheur et l'agriculteur. Aujourd'hui, ni les instituts de recherche ne disposent de réelles stations de recherche, ni les organismes de développement ne disposent de stations d'appui ou de divisions techniques. Peut-on alors dire que les choses ont évolué depuis cette époque ? La diversification des structures d'enseignement supérieur et de recherche, de formation professionnelle et de vulgarisation agricole rend-elle le système plus efficace ?
Investir dans la recherche agronomique
Il est à noter que le système actuel de recherche agricole en Tunisie dispose au niveau régional de pôles de recherche et de développement, de stations de recherche dans un état très vétuste et de centres régionaux de recherche indépendants des instituts de recherche dont les sièges centraux se trouvent à Tunis, à Sfax et à Médenine. A ma connaissance, notre système actuel de recherche agronomique plein temps n'a d'équivalent dans aucun pays du monde ! D'ailleurs, dans les pays plus développés, les systèmes de recherche agronomique (système francophone ou anglo-saxon) sont plus efficaces en regroupant les structures régionales et centrales à travers des projets nationaux de recherche. Les réflexions profondes sur les structures et les programmes de recherche, entamées par le Conseil consultatif international pour la recherche agricole (Cgiar) depuis 2007, lors de la tenue de son assemblée générale à Pékin, pour un rôle plus efficace, plus dynamique et évolutif des centres internationaux de recherche constituent le meilleur exemple. En effet, l'investissement dans la recherche scientifique est un investissement rentable, comme le confirment de nombreux économistes dans le monde, d'où l'intérêt accordé dans les pays développés à la recherche scientifique en général et à la recherche agronomique en particulier.
Quant aux autres structures de développement au niveau central et régional, certes le travail réalisé depuis des décennies est très important; et l'ingénieur agronome a joué un rôle important ; même si durant les trois dernières décennies, il a été orienté vers un travail administratif que technique et ceci est indépendant de sa sincère volonté. Sommes-nous arrivés à transformer le rôle technique de l'ingénieur en administrateur ? Certes, l'ingénieur est le plus souvent capable d'assurer plusieurs rôles compte tenu de sa formation polyvalente; mais il peut être plus efficace dans les aspects scientifiques et techniques, et les décisions administratives et/ou politiques ne peuvent se baser que sur des résultats techniques. On aurait ainsi souhaité que l'ingénieur tunisien, et en particulier l'ingénieur agronome, soit associé à des débats relatifs aux secteurs stratégiques pour l'économie tunisienne tels que l'agriculture qui connaît des problèmes depuis de nombreuses années.
Parmi les autres questions posées à l'agriculture tunisienne, n'est-il pas plus efficace de regrouper certaines structures ou continuer vers la diversification ? Quelles relations devrait-il y avoir entre les structures régionales et centrales ? A notre avis, la restructuration de certains secteurs clés pour notre agriculture s'impose. Parmi les suggestions, dont certaines ont été d'ailleurs présentées à maintes reprises bien avant le 14 janvier, et à une époque où il n'était pas facile de dire les choses telles qu'elles sont, nous avançons ce qui suit :
L'intégration de la fonction de vulgarisation dans les programmes de recherche pour le développement et, en conséquence, la fusion entre l'Institution de la recherche et de l'enseignement supérieur agricoles (Iresa) et l'Agence de la formation et de la vulgarisation agricoles (Avfa).
La révision du système régional de recherche agronomique à travers le regroupement des structures de recherche régionales actuelles (stations, pôles, centres) en centres régionaux de recherche agronomique relevant des instituts de recherche. La Tunisie ne dispose pas de beaucoup de moyens humains, matériels et financiers pour avoir autant de structures.
La réalisation des programmes régionaux de recherche (PRR) dans le cadre de projets nationaux prioritaires (PNP). En conséquence, une réflexion profonde sur les programmes actuels de recherche s'impose en fédérant davantage les moyens, les équipes et les actions de recherche.
Le renforcement du rôle technique des Offices (OC, OEP, Odesypano, Odco, ODS), à travers la mise en place de divisions techniques et de stations d'appui à la recherche pour le développement.
Le transfert des groupements actuels vers la profession ou leur transformation en instituts techniques relevant du ministère de l'Agriculture, en adoptant l'approche filière et non sectorielle. Une telle démarche permet de regrouper certaines structures, et en conséquence fédérer les moyens matériels et humains.
Certes, il s'agit de quelques réflexions parmi tant d'autres, pour un débat plus approfondi, en vue d'une meilleure projection de l'agriculture vers un avenir meilleur capable d'assurer, aujourd'hui et demain, la souveraineté alimentaire de notre pays. La mise en place d'une commission nationale de réflexion sur la restructuration de l'agriculture serait d'un grand intérêt pour le pays. Il est à noter que l'exploitation des nombreuses études et réflexions stratégiques antérieures développées par de nombreuses personnalités honnêtes et patriotes : administrateurs, chercheurs, ingénieurs et agriculteurs, permet sans aucun doute de gagner beaucoup de temps et de proposer des solutions à certains des problèmes posés dans de nombreuses régions, pourtant disposant d'un potentiel économique important.
L'agriculture de demain doit être capable d'assurer, d'une manière durable, les besoins de tous les Tunisiens, de promouvoir l'exportation vers les marchés extérieurs et de préserver les ressources naturelles pour les générations futures.
*(Directeur de recherche agricole)


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