La Zambie a gardé le cap, malgré les obstacles, malgré les coups du sort. Corps et âmes dévoués à leur «mission» : écrire à Libreville une nouvelle page de l'histoire de leur pays, plus joyeuse celle-ci. Dix-neuf ans après le décès de plusieurs de leurs prédécesseurs en sélection nationale, les joueurs de la Zambie ont réussi l'exploit de venir à bout de la Côte d'Ivoire en finale de la CAN. Ils ont surmonté la blessure de l'un de leurs cadres, Musanda, dès les premières minutes. Ils ont poussé un «ouf» de soulagement lorsque le penalty de Drogba s'est envolé loin au-dessus du cadre (70e). Et n'ont pas abdiqué lorsque la chance semblait leur tourner le dos après le tir de C. Kalongo, repoussé par le poteau au début de la prolongation (95e). Vainqueur de la Côte d'Ivoire, la Zambie a ainsi honoré la mémoire de sa sélection décimée par un crash aérien en 1993. Avec les tripes et le cœur Du suspense, un vainqueur inédit, et un clin d'œil au destin, c'est ce qu'a offert cette finale de la Coupe d'Afrique des nations 2012, coorganisée par la Guinée équatoriale et le Gabon. Sous les yeux de Pelé, Michel Platini ou encore de Samuel Eto'o, la Zambie, après deux finales perdues (1974 et 1994), est entrée dans l'histoire du football africain. Avec fracas, par la porte de derrière. Au terme d'une finale plutôt pauvre sur le plan technique (0-0 à la fin du temps réglementaire, premier score vierge du tournoi), ponctuée par une séance de tirs au but intense (8-7), les Chipolopolos du Français Hervé Renard, qui succèdent à l'Egypte au palmarès, ont décroché leur première couronne continentale et privé la Côte d'Ivoire d'un sacre attendu depuis 1992. Près de dix-neuf ans après le tragique accident d'avion qui coûta la vie à trente personnes, dont dix-huit joueurs de la sélection zambienne, les «Boulets de cuivre» ont essuyé la plupart des larmes de leurs compatriotes, comme le souhaitait Emmanuel Mayuka avant la finale. Ce dimanche, les disparus du crash aérien du 27 avril 1993 au large de Libreville ont reçu le plus beau des hommages. Le plus symbolique aussi. Face aux favoris ivoiriens, qui ont terminé la compétition sans encaisser le moindre but, les Zambiens ont construit leur succès avec détermination, solidarité et une farouche volonté. Ce triomphe, Christopher Katongo et ses équipiers sont allés le chercher avec leurs tripes et leur cœur. Dans son but, Kennedy Mweene s'est montré irréprochable, repoussant la tentative de Kolo Touré lors de la séance des tirs au but après avoir bénéficié d'un peu de réussite lorsque Didier Drogba envoya son penalty dans les nuages gabonais (70e). La star ivoirienne, qui avait déjà échoué dans cet exercice contre la Guinée équatoriale en quart mais qui a assumé ses responsabilités en transformant son tir au but, est peut-être passée à côté de la dernière opportunité de remporter la CAN. Sur cette rencontre, le capitaine des Eléphants et ses partenaires, qui s'étaient déjà inclinés d'une manière similaire face à l'Egypte en 2006, ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes. La Côte d'Ivoire de François Zahoui, bridée par la pression, ne s'est tout simplement pas donnée les moyens de triompher. Tout le contraire des Zambiens qui ont su écrire leur histoire, dessiner leur destin et rallier les suffrages des puristes de tous bords...