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Quelle politique culturelle voulons-nous ?
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 02 - 2012

J'ai suivi, avec un grand intérêt, les déclarations de M. Mehdi Mabrouk, notre nouveau ministre de la Culture, sur la chaîne Tounsia. Sans entrer dans les détails, à propos de la nouvelle politique culturelle qu'il voudrait mener à bien — il a fait référence autant à Malraux et Jack Lang qu'à Frédéric Mitterrand—, je voudrais savoir comment il va s'y prendre?
Et je veux dire par là s'il aura les mains libres , les coudées franches, enfin une certaine autonomie d'action, par rapport à la ligne de conduite du nouveau gouvernement, issu, pour beaucoup, du mouvement Ennahdha ! Cela me paraît plutôt contradictoire, puisque, déjà, avec le précédent ministre, son collègue, M. Azedine Beschaouch, il y a eu quelques heurts et même périls en la demeure à propos de certains secteurs culturels et artistiques, comme le livre, le cinéma, les arts plastiques, la musique, secteurs devenus sensibles et à l'égard desquels le mouvement salafiste a créé des problèmes dangereux liés à la notion d'«interdit figuratif», de bonnes mœurs, etc.
Refonder une nouvelle politique culturelle n'est pas une mince affaire, et le nouveau ministre de tutelle l'a bien spécifié. Il voudrait, cependant, agir à sa manière «personnelle», comptant tout de même sur l'apport des «créateurs» (un terme proscrit par Ennahdha et surtout les salafistes) et des principaux protagonistes spécialisés dans lesdits secteurs.
J'ai senti, personnellement, que M. Mehdi Mabrouk est très proche de la thèse «laïque» pour arriver à une telle fin.
Mais cette situation inédite, à laquelle il veut aboutir en matière de développement culturel et artistique, en toute liberté et franchise, ne va-t-elle pas interpeller le politique dont la fonction est justement de faire le contraire. C'est-à-dire d'honnir le culte de la personnalité (créateurs, artistes) pour un culte plutôt religieux fondé sur la notion d'Umma.
Et comme l'air est devenu moins respirable en Tunisie depuis quelques mois, les valeurs culturelles et artistiques étant de plus en plus bafouées, je pense que le discours «positif» énoncé par Monsieur le ministre tient plutôt de la témérité et du courage que d'une ligne de conduite gouvernementale basée sur la notion d'identité et d'un retour au passé qui ne tienne compte que des seules valeurs arabo-musulmanes.
Je relis dans la Revue des deux mondes (mai 2007) les propos de Xavier Patier, à propos, justement, de la refondation de la politique culturelle en France, et qui, à bien des égards, peut être appliquée d'une certaine manière à la Tunisie, étant donné l'ère de la mondialisation que nous vivons tous. Voici ce qu'il écrit : «Les gens, autrefois, étaient d'abord de leur pays. Ils sont plutôt de leur génération, désormais». Ce qui est vrai pour nous Tunisiens. Et il ajoute : «Vous étiez naguère d'abord français. Vous êtes, à présent, quadragénaire. Vous pouvez bien être sénégalais ou canadien, habiter Shanghai ou Strasbourg, et même être chrétien ou musulman, ce sont les mêmes musiques que vous écoutez, les mêmes attitudes qui provoquent votre approbation ou votre révolte, les mêmes scènes qui suscitent votre émotion».
Nous sommes, donc, tous engagés dans des situations identiques et «la mondialisation (on l'a vu à propos de notre révolution) a fait mieux : au même moment sur des ordinateurs de même marque, des jeunes du monde entier réagissent ensemble aux mêmes images». C'est cette situation inédite qui doit donc interpeller nos politiques. Et il ne s'agit nullement de refonder, comme ça, une nouvelle politique des Beaux-Arts, de la musique ou du cinéma, des Belles-lettres ou de notre passé archéologique ou autres, mais de «nous imprégner de l'air que nous respirons». Or, cet air, nous l'avons déjà dit, est de plus en plus irrespirable! On est plutôt en train de culpabiliser les artistes et les créateurs. C'est comme le souligne encore Xavier Patier, «une culpabilisation communautaire». Nous n'avons, Monsieur le ministre, jamais respiré cet air-là. Même au plus fort de l'ancienne dictature. Alors, bonne chance pour aller de l'avant et surtout d'oser, au nom de la libre expression!
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Mon collègue, Khaled Tébourbi, nous a déjà donné un résumé succinct à ce sujet et dans le domaine musical dont c'est la spécialité.


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