Par Abdelhamid GMATI En suivant un peu, et de loin, la campagne présidentielle en France, on en apprend de belles...et des pas mûres. Bien sûr, cela ne nous concerne pas (apparemment), mais tout journaliste, qui se respecte, se doit de s'informer. Ici et ailleurs. C'est ainsi qu'on apprend que le président candidat, Nicolas Sarkozy, s'en est pris à «la puissance des corps intermédiaires» qui empêchent les réformes et «confisquent la parole des Français». Cette déclaration a suscité une réaction d'une ancienne ministre qui a estimé que «la violence qui remplace les idées, les propositions, est-ce que c'est acceptable?». Et elle ajoute: «Ce qui m'a choquée, c'est cette violence contre les corps intermédiaires, c'est-à-dire les syndicats, les associations. Je trouve ça extrêmement grave. C'est comme ça qu'a commencé la montée des fascismes en Europe dans les années 30, c'est par l'attaque contre les partis politiques et contre tous les corps intermédiaires». «Le procédé qui consiste à stigmatiser les syndicats, les associations, tout ce qui fait les contre-pouvoirs — parce que c'est de cela qu'il s'agit — est extrêmement dangereux. Une démocratie fonctionne avec des pouvoirs et des contre-pouvoirs». «Sur le plan démocratique, c'est une dérive dangereuse». L'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a pris ses distances avec les critiques émises par Nicolas Sarkozy sur les corps intermédiaires. «Ne désignons pas les corps intermédiaires comme des boucs émissaires. Une société a aussi besoin d'une charpente (...) et les corps intermédiaires y contribuent». Bertrand Delanoë, maire PS de Paris, affirme: «Il (le président Sarkozy) n'a pas le droit, comme ça, de continuer à diviser les Français, manipuler les faits, et surtout à rejeter une grande partie des Français en disant que ceux qui ne pensent pas comme lui n'aiment pas la France». A priori, cela ne nous concerne pas: la France, 5e puissance mondiale, considérée comme «patrie des droits de l'Homme», pays démocratique depuis des centenaires, n'a rien à voir avec nous, Tunisiens indépendants, arabo-musulmans, révolutionnaires, avides de libertés. Et pourtant... Le chef du gouvernement provisoire Hamadi Jebali a fait porter «à certaines parties politiques et sociales», sans les nommer, la responsabilité d'entraver l'action du gouvernement en semant le trouble et en encourageant les revendications sociales. Lors d'une rencontre, samedi 18 février à la résidence du consul général de Tunisie à Jeddah, en présence des membres de la communauté tunisienne dans la région ouest du Royaume d'Arabie Saoudite, où il a entamé une visite officielle, M. Jebali a souligné que ces parties ont clairement annoncé leur projet «de faire tomber le gouvernement dans un délai de 90 jours». «Ces parties ne visent pas seulement la Troïka au pouvoir mais cherchent aussi à faire échouer le processus de transition que connaît le pays», a estimé M. Jebali, mettant en garde contre la poursuite de tels agissements qui risquent de mener, s'ils venaient à se poursuivre, «à la fermeture de nouvelles usines à forte employabilité». M. Hamadi Jebali a accusé la presse, en particulier la presse publique, de ne pas refléter la réalité du pays, donnant une image à travers la télévision et la presse d'une Tunisie à genoux, au bord de l'effondrement, où rien n'a été réalisé. Tous ceux qui se trouvent au pouvoir pensent qu'ils sont «légitimes». Soit. Mais il existe une majorité de Tunisiens qui n'ont rien à voir avec les Nahdhaouis, leur projet, leurs «amitiés» suspectes. On se dit alors que ce qui a été évoqué plus haut concernant la France s'applique à nous, c'est-à-dire que nous avons des gens qui pratiquent un discours de dénonciation des contre-pouvoirs. A considérer tout cela, on se dit que l'extrémisme est en marche. L'obscurantisme aussi. Et chose terrible : «On ne doit pas vivre dans le même pays»!