• Les taux de couverture des besoins nationaux par la production intérieure sont de près de 48% pour les céréales, de 100% pour les produits de l'élevage et de 88% pour les huiles • La perte annuelle de sols, par dégradation de leur fertilité, due à leur exploitation, avoisine les 20.000 ha • La structure de l'investissement agricole est dominée par les aménagements hydrauliques qui représentent près de 40% de l'effort global La dernière vague de froid, les pluies torrentielles et les inondations dans certaines régions, notamment au Nord-Ouest, sont certes des fluctuations climatiques extrêmes sans précédent. Au début, on s'est réjoui, puisque, à l'accoutumée, cela annonce la couleur d'une bonne saison agricole. Mais, avec l'intensification des intempéries, tout le monde retient son souffle. Pourrait-on espérer une belle performance du secteur agricole? En effet, assurer la sécurité alimentaire nationale et contribuer davantage à la croissance économique du pays sont les principaux objectifs du secteur primaire. Selon les prévisions du plan 2010-2014, le secteur aura à réaliser des taux de croissance relativement importants et soutenus, autour de 3,5% l'an. Toutefois, compte tenu des profonds changements économiques, techniques et climatiques, cet objectif s'avère très ambitieux, voire irréalisable. Déjà, les réalisations du secteur primaire ont très souvent été marquées par de maintes fluctuations. D'ailleurs, l'incertitude est une constante du secteur. Ainsi, au-delà des aléas climatiques, le secteur mérite une révision globale des systèmes, des institutions et du cadre juridique en vue de lui permettre d'être au diapason de ces mutations. Dans ce cadre, une étude intitulée : «L'Agriculture tunisienne : performances et menaces de non-durabilité» a été publiée par l'IACE. C'est ainsi qu'on apprend qu'au cours des dix dernières années, la contribution du secteur primaire dans le PIB a varié entre un minimum de 10,9% et un maximum de 13,8%. Cette contribution semble baisser à partir de 2005. En revanche, ce qui est encourageant, c'est de relever que le secteur s'est progressivement transformé en un secteur plus ouvert aux marchés extérieurs. D'après l'étude, «La contribution de l'agriculture aux exportations globales est en augmentation, notamment depuis 2004», ces performances sont limitées par le fait que la Tunisie reste concernée par la sécurité alimentaire, l'amélioration des revenus des producteurs et par l'équilibre de la balance commerciale. A ce titre, des niveaux de sécurité alimentaire respectables ont pu être réalisés. En effet, les taux de couverture des besoins nationaux par la production intérieure sont de près de 48% pour les céréales, de 100% pour les produits de l'élevage et de 88% pour les huiles. Fragilités des domaines agricoles Les performances du secteur sont le résultat de plusieurs efforts consentis par toutes les parties prenantes du secteur, à savoir les autorités et les institutions publiques et les agriculteurs. Cependant, le secteur primaire souffre de plusieurs faiblesses structurelles. Etudes à l'appui, les experts mentionnent que la structure de l'investissement agricole est dominée par les aménagements hydrauliques qui représentent près de 40% d'effort global. L'acquisition de matériel agricole occupe la deuxième place, bien loin derrière l'hydraulique, soit seulement 10% de l'enveloppe globale. Au niveau des terres agricoles, le constat est préoccupant. La perte annuelle de sols, par dégradation de leur fertilité, due à leur exploitation, avoisine les 20.000ha. Cet indicateur démontre la fragilité des domaines agricoles, la rareté des ressources hydriques et l'inadéquation des techniques agricoles utilisées. «Les dotations en terres agricoles sont évaluées à près de neuf millions d'hectares. La surface agricole utile en représente près de la moitié, soit de 4,5 à 5 millions d'ha. Les superficies mises en culture annuellement avoisinent en moyenne les 3,5 millions d'ha», souligne un expert. Dans ces espaces, force est de constater que des unités de production modernes et bien intégrées au marché, en particulier aux marchés d'exportation pour certaines, coexistent avec des systèmes de production restés, sous le poids de leurs contraintes de structures, traditionnels sur le plan des techniques adoptées et peu intégrés au marché. On assiste à une diversité des systèmes de production, mais aussi des stratégies de revenus adoptées par les agriculteurs. Mais ces progrès techniques sont de nature à aggraver la dépendance vis-à-vis de l'étranger. Les semences sélectionnées de cultures maraîchères, de produits de traitement, de vaches de races pures, ces avancées technologiques, combien nécessaires, se sont traduites par une dépendance accrue à d'autre produits et matériels spécifiques en provenance de l'extérieur. A l'instar des autres secteurs, l'agriculture a subi les effets de l'augmentation des prix des produits énergétiques. «En Tunisie, on assiste à un léger ralentissement de la consommation énergétique, notamment par le secteur agricole», avance l'étude. En effet, des tentatives de maîtrise de l'utilisation de ce facteur sont aussi conduites, à travers notamment une amélioration de l'efficacité des usages et une recherche de sources alternatives : énergies solaire et éolienne.