• Des études restées dans les tiroirs sous l'ancien régime Après la révolution, libéré de toute entrave, l'Observatoire national de la jeunesse (ONJ) a changé de stratégie. Le centre de recherche, qui avait pour mission, entre autres, de réaliser des études sur la situation des jeunes en Tunisie, pourra dorénavant choisir librement les thèmes de recherche et travailler avec davantage d'objectivité et de neutralité. Sous le régime déchu, le choix des sujets répondait à un double objectif: montrer vainement d'une part à l'opinion internationale que le pays s'intéressait aux préoccupations des jeunes et que, d'autre part, aucun thème sur les jeunes n'était occulté et qu'ils étaient tous réalisés dans la transparence totale. Toutefois, même si des thèmes tabous sous le régime Ben Ali à l'instar de la participation des jeunes à la vie politique ont figuré dans le programme de la consultation nationale qui a ciblé des milliers de jeunes, certaines questions n'ont pas été posées afin d'éviter des réponses qui pourraient « déranger le régime en place ». «Les études qui ont été réalisées de 1995 à 2010 étaient ciblées, explique Mohamed Jouini, directeur de l'Observatoire national. C'étaient des études qui arrangeaient le gouvernement en place. Sinon pour des thèmes comme la participation politique des jeunes, le type de question qui était adressé aux jeunes, c'est : avez-vous participé à des élections législatives, municipales ?Mais on ne leur demandait jamais en cas de réponse négative pour quelle raison ils ne votaient pas. Par ailleurs, même si de prime abord, le gouvernement donnait l'impression de s'intéresser à cette question de participation qui a constitué un des axes de la consultation nationale publiée en 2005, certains thèmes étaient occultés comme la démocratie, la transparence politique, la corruption...». Des études, à l'instar de celle sur les étudiants tunisiens à l'étranger réalisée en mars 2009, n'ont jamais été publiées à cause des conclusions dérangeantes qui y figurent. La majorité des jeunes Tunisiens étudiant en France questionnés avaient, en effet, affirmé ne pas vouloir retourner au pays après leurs études... Il ne s'agit pas de la seule étude restée dans le tiroir. Une étude sur le comportement des jeunes sur la route n'a jamais été publiée non plus. Mais on ne saura jamais si c'est pour des raisons politiques ou par manque de moyens que cette étude n'a pas été diffusée . Cinq forums de discussion L'Observatoire n'a pas chômé au cours de cette année et a organisé cinq forums de discussion sur les thèmes suivants : la violence dans les stades, les jeunes et les conduites à risque, les jeunes et les réseaux sociaux, les expectations des jeunes de la Constituante et les jeunes et la culture de la paix, et ce, avec la collaboration de la société civile. Par ailleurs, l'ONJ prévoit, durant le mois de mai, d'organiser un colloque sur le thème «Les jeunes, la société civile et le développement». Des experts venant de pays arabes, des chercheurs ainsi que des jeunes débattront de la question « jeunes et développement » et réfléchiront à la mise en place d'un large réseau de recherche sur ce thème. « L'Observatoire a changé de stratégie, poursuit M. Jouini. En tant qu'établissmenent public à caractère scientifique, il s'agit d'un centre de recherche qui a pour mission d'établir une carte de la situation de la jeunesse en Tunisie. Notre mission sera de définir les paramètres et les indicateurs qui reflètent l'état des lieux et d'établir des stratégies d'intervention destinées à apporter des solutions aux problèmes de la jeunesse en Tunisie ». D'un autre côté, l'ONJ a déjà établi des partenariats avec le Fonds japonais de développement social (JSDF) et la Banque mondiale pour développer des projets visant à améliorer la situation de jeunes vivant dans des conditions vulnérables. Ce fonds vient d'accorder à l'Observatoire un don de quatre millions de dinars pour financer des programmes de création d'emploi, de stages de formation... au profit de trois mille jeunes originaires de Sidi Bouzid et de Kasserine. Des subventions seront accordées à des jeunes au chômage afin de monter des projets agricoles et non agricoles dans leur région. Une partie de ce fonds servira à financer des programmes de formation et de stage au profit de 600 jeunes. Enfin, des subventions seront également octroyées pour faciliter le démarrage financier des programmes d'auto-emploi et de création de micro-entreprises afin de pallier le problème du chômage des jeunes dans certaines zones fortement touchées par la pauvreté et la crise économique.